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Champagne-Ardenne

Vols précoces de pyrales du maïs : c’est le moment de positionner les trichogrammes

Les insectes foreurs, dont la pyrale, ont une incidence directe sur le rendement. La nuisibilité est en moyenne de 7 % par larve (ou galerie) par plante pour le maïs grain, 0,3 t de MS/ha pour 10 % de plantes attaquées en maïs fourrage. Ces pertes sont toutefois variables, dépendant notamment des conditions de stress Ils participent également à la dégradation de la qualité sanitaire, en affaiblissant la plante et en favorisant la contamination par les champignons, notamment ceux de type Fusarium ; via les blessures au niveau des épis.

	 une femme pose des pièges (Trichogrammes) sur des tiges de maïs dans le cadre de la lutte contre les pyrales en 2025 en Champagne-Ardenne

Quel niveau de risque a priori en 2025 ?

Avant de prendre la décision d’intervenir, plusieurs éléments sont à considérer. Tout d’abord, il est important de connaître la pression pyrales dans laquelle la parcelle se trouve. Pour cela, consulter la carte de la pression larvaire établie dans le cadre du BSV Champagne-Ardenne à l’automne 2024 (carte 1).

Carte 1 : Comptages de larves de pyrale dans les parcelles de maïs en 2024

Carte 1 : Comptages de larves de pyrale dans les parcelles de maïs en 2024

La population larvaire à l’automne 2024 est exprimée en nombre moyen de larves par plante. Plus elle est importante, plus le risque de présence de pyrales en 2025 est élevé pour les maïs de la parcelle observée et les parcelles voisines, sans préjuger des méthodes prophylactiques ayant pu être mises en œuvre cet automne/hiver, comme le broyage fin des cannes et des bas de tiges de maïs et/ou le labour. Ce réseau d’observations reste cependant insuffisant pour être totalement représentatif et ne remplace pas les observations de dégâts réalisées dans les parcelles de maïs 2024.

Où en sommes-nous du vol de pyrales ?

Le BSV publié le 18 juin 2025 présente le relevé hebdomadaire de 17 pièges. Cette semaine, on enregistre une forte augmentation du nombre de pièges actifs (12 sur 17 cette semaine, contre 7 sur 15 la semaine dernière). En parallèle, les captures de papillons sont en forte augmentation (90 cette semaine contre 31 la semaine dernière) sur l’ensemble de la région Champagne-Ardenne.

Le vol est précoce cette année et le nombre de papillons piégés est important dès les premières semaines de captures (figure 1).

Figure 1 : Nombre moyen de papillons piégés par piège actif - suivi pluriannuel

Figure 1 : Nombre moyen de papillons piégés par piège actif - suivi pluriannuel
Source BSV Champagne-Ardenne

Quelle stratégie de lutte envisager ?

En cours de campagne, les méthodes de lutte directe sont biologiques ou chimiques mais doivent être positionnées au bon moment pour optimiser leur efficacité.

Les réseaux de surveillance (pièges phéromones et/ou lumineux) sont importants pour suivre la dynamique des vols et positionner au mieux les interventions. Ils ne constituent toutefois pas un indicateur de risque, autrement dit, le nombre d’individus piégés n’est pas corrélé à l’abondance de population présente à proximité des parcelles.

Pour être efficaces, les différents moyens de lutte nécessitent d’être bien positionnés par rapport au cycle des pyrales, en fonction de leurs modes d’action (figure 2).

Figure 2 : Stratégie de lutte contre la pyrale du maïs

Figure 2 : Stratégie de lutte contre la pyrale du maïs

Les trichogrammes sont des micro-hyménoptères dont les femelles vont pondre dans les œufs de pyrale, parasitant spécifiquement ceux-ci. Leur positionnement vise le début du vol de pyrale (début des captures significatives). L’efficacité est généralement satisfaisante. Celle-ci peut être réduite lorsque la parcelle est fortement enherbée, si les conditions climatiques sont fortement variables, si la dose de trichogrammes est trop faible ou si la pression de pyrale est particulière élevée.

Les autres solutions de lutte disponibles (Coragen - chlorantraniliprole, pyréthrinoïdes, Bacillus thurengiensis, spinosad), sont à positionner au pic de vol (ou à défaut d’équipement spécifique, passer au stade limite passage tracteur) pour atteindre les jeunes larves avant qu’elles ne pénètrent à l’intérieur de la plante. A noter que Coragen bénéficie d’un peu plus de souplesse dans le positionnement.

Il n’existe pas de lutte curative après la pénétration de la larve dans la tige.

En résumé
> Evaluer le risque a priori dans les parcelles en consultant la carte d’infestations larvaires de l’automne 2024.
> Suivre les relevés des pièges effectués dans le BSV.
> Déclencher la lutte, si nécessaire, biologique ou chimique au bon moment y compris sur des parcelles de maïs à des stades jeunes. Il n’y a pas de lien entre le stade des maïs et le vol des pyrales.
> Dans notre région, le vol a débuté, il est précoce cette année. La pose des trichogrammes (manuelle ou par drone) peut être effectuée. Les interventions chimiques peuvent être positionnées en cas d’utilisation de Coragen, d’autant plus pour les parcelles semées tôt qui avancent vite en stade (stade limite passage tracteur).

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