Résultats d’essais

Traitements de semences : une protection toujours d’actualité

Sur céréales à paille, les traitements de semences restent incontournables contre les maladies charbonneuses (carie du blé, charbon nu de l'orge) et très précieux face aux bioagresseurs contre lesquels d’autres méthodes de lutte sont inexistantes, à efficacité partielle ou difficiles à mettre en œuvre.

Les traitements de semences restent incontournables

La gamme des TS céréales offre une protection contre diverses maladies des semences ou du sol et contre les ravageurs du sol. Ces traitements, souvent incontournables dans les situations à risque, sont à utiliser à bon escient.

Le choix de ce type de protection s’appuie notamment sur la qualité sanitaire des semences, l'historique parcellaire et la date de semis. Ces critères déterminent les risques d’infections et/ou de nuisibilité des bioagresseurs.

Rester vigilant et combatif face à la carie et au charbon nu

La carie commune du blé reste présente sur le territoire en raison du fort pouvoir de propagation des spores. Un seul épi carié contient des millions de spores qui, disséminées lors du battage, viennent contaminer la récolte, les futures semences, le sol ainsi que le matériel agricole. Cette maladie reste discrète en fréquence, mais peut générer des dégâts et soucis majeurs pour les parcelles et agriculteurs concernés.

La lutte chimique contre la carie repose uniquement sur la protection fongicide des semences. Plusieurs traitements sont très efficaces face à une contamination des semences et du sol. Citons par exemple Vibrance Gold, Celest Power, Rubin Plus (nouvelle spécialité de BASF), Redigo ou encore Rancona 15 ME.

En agriculture biologique, face à la contamination des semences, deux spécialités sont autorisées : Copseed et Cerall. Copseed, à base de sulfate de cuivre tribasique, présente une efficacité plus régulière que Cerall. Celle-ci n’est cependant pas totale. De même, le vinaigre est une substance de base autorisée pour lutter contre la carie portée par les semences. Son efficacité est indéniable mais non totale, cette protection est inadaptée dans le cas d’un sol contaminé.

Le Procédé ThermoSem (Thermoseed Global, Suède) est un système breveté de désinfection de semences par un traitement à l'air chaud et humide (Forsberg, 2001). Ce procédé offre une alternative intéressante à la désinfection chimique des semences vis-à-vis de la carie, mais elle ne permet pas de s’affranchir de cette maladie si la contamination vient du sol.

Figure 1 : Evaluation comparée (en % d'épis cariés) de traitements de semences fongicides vis-à-vis de la carie commune, selon deux sources de contamination

Sur orge, la présence de charbon nu est toujours signalée sur le territoire, bien que cette maladie ne se transmette que par la semence et que des protections à forte efficacité soient disponibles en traitement de semences. La contamination des semences n’est pas visible car c’est l’embryon qui est infecté. Qu’elle soit avérée (via une analyse sanitaire) ou suspectée (semences provenant d’un champ - ou situé à proximité d’un champ - ayant porté des épis charbonnés), le recours à un traitement très efficace est recommandé. 

Dans les essais 2022 et 2023 conduits par ARVALIS (3 essais -départements 21-56-91) et par la FNAMS (4 essais- départements 10-18-49), il est confirmé la très bonne efficacité de Celest Orge Net avec l’apport de 3 g/q de tébuconazole. On y note également une très bonne efficacité des autres traitements de semences contenant du tébuconazole : Vibrance Gold et Rubin Plus. Ces 2 autres traitements montrent une bonne efficacité mais avec un contrôle incomplet de la maladie. Si l’analyse statistique ne permet de mettre en évidence des différences statistiques significatives entre l‘ensemble de ces traitements, nous recommandons d’être prudent quant à l’usage des produits avec une efficacité non totale surtout dans les filières de production de semences, ceci, pour éradiquer la maladie et éviter la diffusion de résistances identifiées dans les parcelles de production.

Notons toutefois que Celest Orge Net (figure 2) est la seule modalité permettant, dans les 7 essais, un contrôle quasi-total de la contamination.

A noter que la résistance du charbon nu aux SDHI, identifiée à la fin des années 80, est toujours présente sur le territoire. Elle peut être sélectionnée par des traitements dont l’efficacité n’est pas totale (cf. Note commune INRAE / ANSES / ARVALIS). Par prudence, les traitements Celest Orge Net ou Raxil Star sont recommandés en filière de production de semences pour éradiquer la maladie et éviter la diffusion des résistances actuellement identifiées.

Attention : certains traitements autorisés sur orge - comme Celest Net, Celest Gold Net ou Difend Extra - n’ont aucune efficacité sur ce pathogène !

Figure 2 : Evaluation de différents traitements vis-à-vis du charbon nu sur ORGE – Essais ARVALIS + Partenariat FNAMS (Brain-sur-l’Authion - 49, 2022-2023)
fig 2

Fusarioses : des traitements qui ont fait leurs preuves

La présence de différents champignons, Fusarium graminearum, Microdochium spp., sur - et surtout dans - les semences, peut entraîner des manques à la levée et des fontes de semis préjudiciables au peuplement et au rendement. A noter que le blé dur y est plus sensible que le blé tendre. Il est recommandé de trier soigneusement les semences (après avoir séparé les lots particulièrement contaminés) et d’appliquer en complément un traitement de semences adapté. Différentes spécialités fongicides combattent efficacement ces pathogènes. Les essais d’évaluations conduits par ARVALIS avec différents traitements fongicides sur semences à contamination naturelle élevée mettent en évidence des gains significatifs de peuplement et de rendement par rapport au témoin non traité. Sur ces essais, le gain moyen varie selon les traitements de 4 à 10 q/ha sur blé tendre, et de 11 à 18 q/ha sur blé dur (figures 3 et 4).

Figures 3 et 4 : Efficacité des traitements de semences vis-à-vis des contaminations par les fusarioses sur blé tendre et sur blé dur (campagnes 2016 à 2020)


Piétin échaudage : combiner les moyens de lutte

La lutte contre le champignon du sol responsable du piétin échaudage s’appuie sur différentes techniques agronomiques(1) et le traitement de semences à base de silthiofam. La spécialité, Latitude XL (Certis), qui conduit au même apport de silthiofam que son prédécesseur Latitude, a confirmé un même contrôle partiel des symptômes sur racines avec un gain significatif de rendement en blé sur blé.

En effet, une synthèse pluriannuelle a été réalisée par N’Ganza YEO, élève ingénieur de l’Ecole Supérieure d’Agriculture d’Angers, lors de son stage chez ARVALIS durant l’été 2023. Les résultats obtenus lors de 5 essais sur blé tendre (2011-2018-2019-2022 et 2023, en Bretagne (Bignan 56 & Ploërmel 56), ont confirmé une efficacité partielle de Latitude XL, permettant un gain significatif de rendement (+13,2 q/ha soit +29 % de plus que le témoin). En parallèle on observe aussi un gain de significatif taux de levée de plantes de +8 % par rapport au témoin et une diminution des symptômes de la maladie au niveau des racines de près de 25 points comparé au témoin (figure 5).

Il est important de ne pas laisser s’installer le piétin échaudage en s’appuyant notamment sur la rotation des cultures avec des plantes non sensibles ou non amplificatrices, la destruction des graminées adventices et en évitant les semis trop précoces.

Figure 5 : Essais de lutte contre le piétin échaudage sur blé tendre - synthèse 2011-2018-2019-2022 et 2023
Essais de lutte contre le piétin échaudage sur blé tendre : synthèse 2018-2019 et 2022

Deux pyréthrinoïdes contre des ravageurs du sol

Les substances actives disponibles pour lutter contre les ravageurs du sol sont des pyréthrinoïdes. Elles ne pénètrent pas dans la plante, leur action a lieu dans le sol. Les TS insecticides s’appuient ainsi sur deux molécules : la téfluthrine à 20 g/q (Attack, Austral Plus Net, Thrintoba) ou la cyperméthrine à 60 g/q (Langis/Signal).

Elles permettent de contenir les attaques de taupins avec une efficacité moyenne de l’ordre de 50 % à l’automne. Leur efficacité reste plus partielle vis-à-vis des attaques tardives au printemps. En l’absence de lutte en végétation disponible, la surveillance des parcelles reste nécessaire pour engager une protection, notamment contre les dégâts de larves de taupins dont le risque est pluriannuel.

Contre la mouche grise, présente essentiellement dans le Nord et le Centre, ces traitements présentent une efficacité comparable et partielle (50 %). Ils sont à accompagner de mesures agronomiques adaptées sur les parcelles à risque.

Contre le zabre des céréales, seuls les traitements de semences à base de téfluthrine sont autorisés. Ils apportent une protection significative, complémentaire aux mesures agronomiques préventives qui entravent l’installation du ravageur. 

Figure 6 : Efficacité (en %) des traitements de semences insecticides vis-à-vis des ravageurs du sol (essais 2006 à 2013)

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