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Semis de lin fibre de printemps : faire attention au ressuyage des parcelles et aux températures

Les conditions pédo-climatiques sont primordiales lors des semis de lin fibre de printemps. En effet, le sol doit être ressuyé pour la préparation du lit de semences et suffisamment réchauffé pour optimiser la levée des plantes.

Préparation de sol avant les semis de lin fibre de printemps en 2024

Un hiver humide

L’hiver 2023-2024 se caractérise par une forte pluviométrie sur l’ensemble du bassin linier, notamment dans le Nord-Pas-de-Calais et dans le Finistère. Le lin étant très sensible au défaut de structure, il convient d’éviter de semer dans les parcelles ayant été récoltées en conditions humides (maïs, pomme de terre, betterave, légumes, etc.). De même, les travaux de préparation du sol et de semis doivent être réalisés lorsque le sol est ressuyé.

    Carte 1 : Cumul de pluie (mm) entre le 1er octobre 2023 et 10 mars 2024

    Carte 1 : Cumul de pluie (mm) entre le 1er octobre 2023 et 10 mars 2024

    Carte 2 : Ecart de pluviométrie (mm) sur la période du 1er octobre 2023 et 10 mars 2024 par rapport à la médiane des 20 dernières années

    Carte 2 :  Ecart de pluviométrie (mm) sur la période du 1er octobre 2023 et 10 mars 2024 par rapport à la médiane des 20 dernières années

    Des conditions de semis à ne pas négliger

    Le travail du sol pour assurer un meilleur enracinement

    La préparation du sol représente une étape essentielle de la conduite de la culture. Le lin présente une racine pivot pouvant descendre jusqu’à 1 mètre de profondeur. Un bon enracinement conditionne la capacité de la plante à puiser l’eau et les nutriments nécessaires à son développement.

    • Pour limiter le tassement du sol, il est recommandé de limiter le nombre de passages. L’utilisation d’un combiné de semis est alors préférable.
    • Un lit de semence de 3 à 5 cm de profondeur suffit pour permettre une bonne implantation.
    • Pour éviter de créer des zones de lissage pénalisant l’enracinement, la reprise du labour doit être réalisée sur un sol réessuyé sur une profondeur de 40 cm (humidité < 18 %). Aucune pluie ne doit être annoncée dans les 48 heures suivant cette étape.

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    On estime qu'un lin implanté sur une zone tassée peut perdre 50 % de son rendement.

    Assurer une levée rapide et homogène

    Les semences représentent un poste de dépense important pour les liniculteurs. Sa réussite est d’autant plus importante qu’une mauvaise implantation peut entraîner une double levée et créer des complications techniques pénalisant la rentabilité de la culture. Les conditions optimales de semis sont les suivantes :

    • Le lin doit être semé dans un sol réchauffé (température supérieure à 10°C). La culture se développant à partir de 5°C, des températures atmosphériques douces favoriseront une levée rapide.
    • La graine de lin disposant de peu de réserves : elle doit être semée à une profondeur comprise entre 1 et 2 cm. Semer en vitesse réduite (6 km/h) favorise une levée homogène.
    • Après le semis, les terres doivent blanchir pendant au moins 48 heures afin de favoriser la cohésion du sol en surface et limiter le risque de battance en cas de forte pluies. Il est alors nécessaire d’évaluer les risques de précipitations.

    Viser un peuplement de 1500 à 1600 plantes viables/m²

    Le lin compense mal une hétérogénéité : la régularité du peuplement prime alors sur la densité. Le liniculteur doit viser un peuplement de 1500 à 1600 plantes viables/m². Une densité trop importante génère des lins petits et sensibles aux bioagresseurs. Le nombre de graines semées varie selon la date de semis et du type de sol :

    • Les semis en sols difficiles : avec une forte teneur en argile, une préparation grossière, il est conseillé d’augmenter la dose de semences de l’ordre de 20 % afin de palier des éventuels problèmes de levée. 
    • Les semis précoces : bien souvent, ces semis sont réalisés dans des sols encore froids, mal ressuyés et avec des préparations de sol grossières. Il convient par conséquent de majorer la densité de semis d’environ 10 %.
    • Les semis plus tardifs : ils sont favorables à une bonne germination des plantes car les conditions sont meilleures. Il n’est généralement pas nécessaire d’augmenter la dose de semences.

    Tableau 1 : Valeurs indicatives des doses de semences en fonction du poids de mille graines (PMG)

    Tableau 1 : Valeurs indicatives des doses de semences en fonction du poids de mille graines (PMG)

    Anticiper les problèmes de bio-agresseurs

    Le semis, un premier levier de lutte contre les altises

    La préparation du sol et la date de semis influencent le risque altises. Il est alors recommandé :

    • D’assurer une levée rapide des lins pour réduire la période de sensibilité du lin vis-à-vis des altises.
    • De limiter la présence de résidus et de mottes dans la parcelle.

    Limiter la présence d’adventices

    L’impact des adventices sur le lin est double : concurrence pour la lumière, l’eau et les éléments nutritifs puis dépréciation de la qualité de récolte (pollution des nappes, complexification des travaux de récolte, etc.). Bien que les meilleurs leviers soient à mettre en place à l’échelle de la rotation, il convient d’anticiper le risque au moment du semis à travers :

    • De la mise en place de faux-semis.
    • Dans les parcelles à risque graminées, de l’application d’un herbicide de prélevée à base de triallate (Avadex 480 – 3 l/ha). Attention, la fin de commercialisation est fixée au 29 mars 2024.
    • Dans les parcelles à risque dicotylédones, de l’application d’un herbicide de postlevée à base de mésotrione (Decano – 2 l/ha ou Callisto – 1,5 l/ha ou Calliprime Xtra – 0,31 l/ha).

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