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Pulvérisation ciblée : des investissements compensés par les économies d’herbicides 

Malgré des économies d’herbicides à la clé, la pulvérisation ciblée est-elle rentable au vu du coût du matériel ? Des simulations réalisées à l’aide du logiciel SYSTERRE© sur deux fermes-types apportent des éléments de réponse.

rampe pulvé

La première ferme-type (100 ha, 1 UTH) est caractéristique de la vallée de l’Adour : 60 ha de maïs sont traités par pulvérisation ciblée en postlevée. La deuxième (130 ha, 0,8 UTH) est typique de la Meuse : la pulvérisation ciblée est ici utilisée pour contrôler les rumex d’une prairie de 80 ha.

Pour chaque ferme, le désherbage classique, appliqué en plein sur la totalité de la surface, a été comparé à une pulvérisation ciblée avec les mêmes produits amenant à traiter 85 % de la surface (dans le cas de fortes infestations), 50 % ou 15 %.

Une marge nette améliorée pour des applications minimalistes

La comparaison des scénarios (tableau 1) montre que, pour la ferme de l’Adour, l’achat du système de pulvérisation ciblée (84 000 € HT), en plus de l’achat de l’automoteur (173 000 € HT), augmente les charges de mécanisation : l’indice de valeur à neuf (IVAN) passe de 4771 à 4864 €/ha. Quand la pulvérisation ciblée est activée, le temps de travail augmente aussi légèrement car le débit de chantier de l’automoteur diminue, sa vitesse passant de 15 à 12 km/h pour un bon fonctionnement des capteurs. En revanche, les charges herbicides diminuent : elles passent de 65 à 58 €/ha pour 50 % de surface traitée, voire 54 € pour 15 %. Au final, Quand la pulvérisation ciblée traite 85 % de la surface totale, la marge nette diminue de 4 €/ha par rapport à un désherbage en plein. Mais cette marge se maintient dès que la surface traitée passe à 50 % de la surface totale, et elle augmente de 6 €/ha quand la pulvérisation ciblée permet de ne traiter que 15 % de la surface totale.

Tableau 1 : Evaluation multicritères de la mise en place de la pulvérisation ciblée en temps réel pour désherber 60 ha de maïs dans une ferme-type du Sud-Ouest (100 ha, 1 UTH, avec irrigation) – récolte 2020
L’automoteur de 36 m (173 000 €) et le capteur de détection des chardons (84 000 €) sont achetés avec un taux de propriété de 11 %.
Evaluation multicritères de la mise en place de la pulvérisation ciblée en temps réel pour désherber 60 ha de maïs dans une ferme-type du Sud-Ouest

Les couleurs traduisent l’évolution relative de l’indicateur par rapport à la situation initiale : vert, indicateur amélioré ; rouge, indicateur dégradé ; orange et jaune, situations intermédiaires.

Dans la ferme de Lorraine, l’adoption de cette technologie pour désherber la prairie (sans rien changer pour le reste de la rotation) a des impacts similaires (tableau 2). Mais si la pulvérisation ciblée est aussi pratiquée en postlevée du maïs fourrage de la rotation, la marge nette augmente légèrement dès que la surface traitée passe à 50 % de la surface totale.

Dans les deux fermes, les indicateurs de consommation d’énergie et d’émissions de gaz à effet de serre sont peu modifiés par le passage à la pulvérisation ciblée puisqu’elle ne concerne qu’une partie des surfaces agricoles traitées.

Tableau 2 : Evaluation multicritères de la mise en place de la pulvérisation ciblée en temps réel pour désherber 80 ha de prairies dans une ferme-type de Lorraine (130 ha, 0,8 UTH) – récolte 2020
L’automoteur de 36 m (173 000 €) et le capteur de détection des rumex (84 000 €) sont achetés avec un taux de propriété de 13 %.
Evaluation multicritères de la mise en place de la pulvérisation ciblée en temps réel pour désherber 80 ha de prairies dans une ferme-type de Lorraine

Les couleurs traduisent l’évolution relative de l’indicateur par rapport à la situation initiale : vert, indicateur amélioré ; rouge, indicateur dégradé ; orange et jaune, situations intermédiaires.

Optimiser le mode de propriété pour amortir le matériel

La rentabilité économique d’un tel système dépend donc de trois éléments :

  • Le pourcentage de surface d’adventices détectées et donc de surface à traiter. Plus ce pourcentage est faible, plus la réduction des charges herbicides aura un impact sur la marge nette. De même, l’IFT est directement dépendant de ce pourcentage.
  • Le mode de propriété : entreprise de travaux agricoles, achat en copropriété... Il permet d’ajuster les charges mécaniques tout en maintenant une adéquation avec les surfaces traitées par l’automoteur pour intervenir en conditions optimales d’efficacité des produits. Dans la ferme-type du Sud-Ouest, l’automoteur et le capteur sont en propriété à hauteur de 11 % par exploitation. Dans la ferme de Lorraine, ce chiffre monte à 13 %.
  • Le nombre d'hectares traités par an avec la pulvérisation ciblée. 2200 ha est un pivot dans notre cas. Cette surface dépend du nombre de cultures et de traitements réalisables sur la ferme, tout en tenant compte d’une limite d’utilisation par rapport à la main-d’œuvre disponible et l’utilisation sur les autres exploitations si l’outil est partagé.

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