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Pommes de terre : comment assurer le séchage des récoltes effectuées en conditions humides ?

Après les pluies régulières et importantes de ces dernières semaines, les derniers arrachages de pommes de terre ont besoin d’un séchage performant pour préserver l’intégrité et la qualité des tubercules.

Stockage de pommes de terre de fécule dans un bâtiment

Des récoltes retardées impactées par les pluies avec un besoin de séchage

La campagne 2023 a souvent commencé au nord de la Seine par des plantations tardives. En cause : des conditions de sol rendues humides par des orages printaniers, parfois violents. Localement, des prises en masse de buttes ont pu être observées début mai sur les parcelles plantées courant avril. Ce retard s’est souvent répercuté, pour les variétés les plus tardives destinées à la transformation industrielle, sur l’arrachage afin de bénéficier d’un rendement suffisant et d'une qualité satisfaisante (calibres, teneur en matière sèche et en sucres réducteurs). Ces arrachages tardifs ont eu fort à souffrir des pluies fréquentes et conséquentes tombées à partir de mi-octobre. Les pommes de terre mises en tas à partir de cette date ou restant à récolter ont ainsi des besoins de séchage importants pour dessécher la terre adhérente présente autour des tubercules, mais aussi déshydrater quelques tubercules parfois défectueux en cours de pourrissement.

D’après Météo-France, l'Hexagone a enregistré un cumul moyen de 237,3 mm de pluie entre le 18 octobre et le 16 novembre. Un total jamais atteint sur trente jours consécutifs, toutes saisons confondues. Et c’est par ailleurs peu dire que la région Hauts-de-France, principal bassin de production de pommes de terre, y a largement participé.

Le séchage : une première étape cruciale

Les tubercules de pomme de terre sont composés d’environ 80 % d’eau en moyenne. Ils sont particulièrement sensibles à la pourriture si l'humidité les enveloppe durant plusieurs jours, favorisant le développement d’agents pathogènes (champignons et bactéries). Les tubercules pourris peuvent à leur tour libérer un substrat aqueux susceptible de contaminer leurs voisins dans le tas… De quoi provoquer une réaction en chaîne potentiellement dramatique. Aussi est-il nécessaire d’extraire du tas le plus rapidement possible cette humidité excédentaire dès la mise en stockage. Pour cela, il convient d'utiliser un équipement de ventilation performant mis en œuvre de manière appropriée.

Une ventilation adaptée à débit élevé

Pour que l’air se répartisse au mieux dans le tas, les ventilateurs doivent être de type basse pression et être connectés à un réseau de gaines de section décroissante du ventilateur vers l’extrémité du tas dans le cas d’un stockage en vrac. Ces gaines doivent être suffisamment proches pour garantir une distribution homogène de l’air soufflé dans le tas. Dans le cas le plus courant de gaines hors-sol, celles-ci doivent être distantes entre elles d’au plus 4 m entre axes pour des hauteurs de tas de 3,5 à 4,5 m. Pour un séchage rapide, la capacité de ventilation doit être élevée : 100 m3/h par m3 de tubercules stockés en vrac et 60 m3/h par m3 pour un stockage en palox. Une attention particulière doit aussi être apportée à la planitude du tas pour assurer l’homogénéité de répartition de l’air ventilé et éviter les passages préférentiels.

Une ventilation de séchage bien gérée pour assurer son efficience

Pour être sûr que chaque heure ventilée portera, il est impératif de ventiler dès lors que l'air extérieur est plus froid que le tas. S’il est plus chaud et humide, son introduction dans le tas risque de provoquer de la condensation à la surface des tubercules. Ainsi, ventiler 24 heures sur 24 en période automnale est très risqué. A condition qu’il soit plus froid, l’air extérieur peut cependant être utilisé même s’il est très humide (pluie, brouillard) car il aura encore la capacité de se réchauffer au contact des tubercules en captant une partie de l’humidité présente à leur surface. Disposer de sondes de mesure de températures de tas fiables et justes est donc primordial. 

Lorsque l’amplitude thermique jour/nuit est faible, il est préférable d’opter pour un différentiel minimal de température entre le tas et l’air extérieur (entre 0,5 et 1°C) pour déclencher la mise en marche des ventilateurs. Si les températures nocturnes baissent, on pourra accroître ce différentiel à 2°C pour gagner en efficience de séchage. Il est cependant préférable de ne pas ventiler avec de l’air trop froid de façon à ne pas abaisser trop vite la température du tas : il s’agit en effet de garder des heures disponibles pour ventiler et faciliter la cicatrisation des tubercules qui demande de les maintenir une quinzaine de jours à 12°C.

S’adapter aux manques de disponibilités d’air extérieur froid si les tubercules sont récoltés froids

Lorsque le tas est froid et humide et que la climatologie est trop douce, les recommandations précédentes peuvent parfois être difficilement applicables. Alors comment sécher dans cette situation ? La mise en œuvre d’un générateur à air chaud, au gaz ou au fioul avec élimination des gaz brûlés, peut apporter une solution appréciable. Ce générateur est alors mis en fonction durant la journée pour diffuser la chaleur dans l’ambiance du bâtiment qui reste fermé ; tandis que les ventilateurs sont mis en marche en circuit fermé (recyclage) en veillant à ne pas avoir un écart de plus de 7°C entre l’ambiance du bâtiment et la température du tas. Cela contribue à sécher le tas tandis que celui-ci remonte progressivement en température en cours de journée. La nuit venue, le générateur à air chaud est arrêté et on réinitie le processus de ventilation froide évoqué précédemment, pour poursuivre le séchage du tas tout en le refroidissant à nouveau pour éviter tout réchauffement excessif. Cette alternance de (ré)chauffage en cours de journée et de refroidissement nocturne est à répéter autant que nécessaire pour parvenir au complet séchage du tas. Celui-ci peut être considéré comme achevé lorsque les tubercules situés à 25/30 cm du haut de tas sont secs.

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