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Rhône-Alpes

Lutte contre la pyrale et la sésamie : broyer et enfouir les résidus de maïs dès l’automne

La campagne maïs 2025 a été caractérisée par des vols importants de pyrales et sésamies, bien qu’imperceptibles dans certaines situations. Après la récolte, il reste encore de nombreuses larves dans les tiges et collets restés sur place. Ces résidus nécessitent une gestion soignée, passant par un broyage fin suivi d’un enfouissement superficiel, ou « mulching ». Objectif : anticiper le risque pyrales/sésamies pour le maïs 2026, par la réduction du niveau de populations larvaires avant l’hiver.

Larve de sésamie dans une tige de maïs

Bilan des piégeages de foreurs 2025

Les suivis par piège à phéromone réalisés dans le cadre du BSV ne sont pas des indicateurs directs d’abondance des populations de pyrales et de sésamies, mais permettent d’identifier trois vols de pyrales en 2025 sur les secteurs les plus chauds de la région (Drôme et graviers de la plaine de l’Ain, plaine de Lyon et Vallée du Rhône). Le second vol se dessine moins bien dans les courbes de piégeage et est plus diffus que le premier et le troisième. Dans les secteurs plus frais de Dombes, Bresse et Forez, le vol a été diffus durant l’été.

Evolution pluriannuelle des captures des pyrales par secteur
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En ce qui concerne les sésamies, trois vols sont identifiables dans la Drôme, et dans les graviers de la plaine de l’Ain, plaine de Lyon et Vallée du Rhône. Les captures dans les secteurs plus frais de Dombes, Bresse et Forez sont de plus en plus fréquentes, le ravageur semble s’y installer progressivement.

Evolution pluriannuelle des captures des sésamies par secteur
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En l’absence de suivi de présence de larves dans les tiges avant récolte, dans le réseau BSV Rhône-Alpes, il est difficile de conclure sur leur abondance ; cependant, des observations sur quelques parcelles font état de présence parfois importante. De plus, le taux de multiplication d’une génération à l’autre est souvent élevé. Les parcelles semées tardivement ou avec des variétés tardives sont souvent les plus attractives lors des vols de seconde génération (car encore « vertes ») et peuvent concentrer plus de pontes.

Des dégâts souvent non identifiés

Pyrales comme sésamies creusent des galeries dans les tiges de maïs, ce qui affaiblit les plantes et provoque une baisse du poids de mille grains, pouvant passer inaperçue. Les dégâts de pyrales sont souvent associés à des casses de tiges, ce qui peut conduire à conclure à l’absence de dégâts sur une parcelle sans casse de tige. Cette conclusion un peu trop rapide ne se vérifie pas toujours, les variétés de maïs récentes ayant globalement des tiges plus solides, des dégâts de pyrale peuvent plus facilement passer inaperçus, sans casse. Des chutes d’épis avant récolte sont également possibles en cas de présence de larves dans les pédoncules. La perte de rendement est évaluée à environ 4 % du potentiel de rendement par larve par plante présente avant récolte (compter sur trente plantes) pour la pyrale. La nuisibilité de la sésamie peut être encore plus importante, avec, en plus, une possible perte de pieds en début de cycle.

Larve de pyrale du maïs.
Larve de pyrale du maïs. Reconnaissable à sa ligne longitudinale foncée sur le dos et ses ponctuations noires réparties sur chaque segment de part et d'autre de la ligne médiane.

La présence de galeries de larves de foreurs augmente par ailleurs le risque de dégradation de la qualité sanitaire du maïs. En effet, les blessures sur tiges et épis deviennent des portes d’entrée pour les champignons de type Fusarium comme graminearum et verticilloïdes en cause dans la production de mycotoxines, respectivement déoxinivalénol (DON) et fumonisines. La gestion des larves de foreurs, dès à présent, représente donc un enjeu pour garantir la qualité sanitaire de la récolte de maïs 2026.

La gestion des résidus de maïs : première étape pour lutter contre les foreurs et assurer la qualité sanitaire 2026

La lutte contre la pyrale et la sésamie des maïs 2026 commence dès maintenant, avec une bonne gestion des résidus à l’automne. Les résidus du maïs, cannes et pivots, constituent un support de conservation pour les larves des insectes foreurs, qui peuvent y passer l’hiver protégés du gel et des intempéries et donner lieu à l’émergence de papillons l’année suivante. La gestion de ces résidus a pour objectif de réduire les populations de ravageurs en exposant les larves au froid durant l’hiver, aux mycoses, aux bactéries, aux virus et aux oiseaux.

Larve de sésamie dans une tige de maïs.
Larve de sésamie dans une tige de maïs. On la reconnait à sa couleur rose pâle à beige, avec un unique point noir de chaque côté des segments.

Pour accélérer la dégradation des résidus, un mulching aussitôt après la récolte du maïs est recommandé. En effet, les larves migrent en quelques jours vers le collet où elles sont mieux protégées et plus difficiles à détruire. Cependant, si une intervention est possible avant l’hiver, même éloignée de la récolte, elle sera bénéfique. Le broyage sous bec est souvent insuffisant même s’il n’est pas sans effet. Un simple broyage réalisé immédiatement après la récolte détruit 50 à 70 % des larves. Lorsque ce broyage est suivi d’un travail superficiel du sol, l’efficacité est de 75 à 85 %. Avec un dessouchage du collet, l’efficacité passe à 95 % (tableau 1). L’efficacité est meilleure si la mesure est mise en œuvre à l’échelle de la petite région agricole.

Tableau 1 : Réduction des populations de sésamies selon la technique de gestion des résidus employée

Tableau 1 : Réduction des populations de sésamies selon la technique de gestion des résidus employée
Synthèse de six essais réalisés sur sésamie entre 1993 et 1995 dans les Landes, en Haute-Garonne et dans l’Aude

Les résidus de maïs sont également le support de maladies, notamment celles qui se conservent sous forme de spores et qui pourront être transmises à la culture suivante. Le broyage fin et l’enfouissement des résidus permettent d’accélérer leur décomposition et de réduire considérablement la pression sanitaire sur la culture suivante. Les maladies concernées sont les fusarioses, responsables de la production de mycotoxines, mais aussi l’helminthosporiose et la rouille du maïs. Si la culture suivante est un blé, le risque de fusarioses et de développement de mycotoxines est également fortement réduit.

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