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Les rendez-vous du lin en vidéos - La protection intégrée entre résultats opérationnels et perspectives de recherche

Oïdium, verticilliose, adventices et altises sont quelques-uns des bioagresseurs les plus problématiques sur lin fibre. Tour d’horizon des solutions, tant à court terme que prospectives pour protéger le lin dans un contexte de diminution de l’usage de produits phytosanitaires.

« La diminution des produits phytosanitaires est inévitable, qu’elle soit subie ou désirée » entame Nathalie Verjux, responsable du service de protection intégrée des cultures chez ARVALIS. Selon elle, 300 produits doivent être réévalués à l’échelle européenne dans les trois années à venir, dont 25 à 33 % ne passeraient pas les tests, de plus en plus sévères.

Fort heureusement, le monde agricole en général et ARVALIS en particulier mènent des travaux depuis longtemps pour trouver des alternatives aux produits de synthèse.

Le biocontrôle très performant contre l’oïdium du lin

L’oïdium est la maladie la plus courante du lin. Benoît Normand (ingénieur protection du lin chez ARVALIS) explique que sans protection, le rendement en lin teillé peut diminuer de moitié. Des travaux récents d’ARVALIS chiffrent des pertes jusqu’à 800 kg de fibres par hectare si la maladie arrive tôt dans le cycle. C’est le cas en 2022.

Difficile à détecter en début de cycle, l’oïdium se caractérise par un mycélium blanc en forme de points, puis d’étoiles sur les feuilles. La maladie commence par les étages du bas et progresse avec la croissance.

Pour la contrer, la spécialité Nissodium (à base de cyflufenamid) est efficace pour les détections précoces, tandis que les produits à base de prothioconazole donnent les meilleurs résultats sur oïdium déclaré. Du côté du biocontrôle, ARVALIS étudie 18 solutions depuis cinq ans. Les performances de la solution Heliosoufre, à base de soufre comme son nom l’indique, sont égales voire supérieures à celles des produits phytosanitaires de synthèse. Heliosoufre ne bénéficie cependant pas d’AMM sur lin. D’autres solutions sont prometteuses.

Enfin des solutions face à la verticilliose

Si l’oïdium est difficile à détecter en début d’attaque, la verticilliose est une maladie encore plus insidieuse. Elle attaque le lin alors qu’il n’a pas encore atteint 10 cm, mais les symptômes ne sont visibles qu’au rouissage. De plus, la perte de qualité des fibres s’ajoute à la diminution du rendement. En effet, la verticilliose rend les fibres cassantes.

Pendant longtemps, aucune solution n’était disponible contre cette maladie : ni variété résistante, ni produit phytosanitaire efficace, ni solution de biocontrôle. ARVALIS et d’autres partenaires se sont unis au sein du projet Pathoflax afin d’y remédier, comme le détaille Romain Valade, responsable du pôle maladies chez ARVALIS.

Le projet a d’abord créé une méthode pour suivre le champignon responsable de la verticilliose dans le sol. Plus de 300 parcelles ont été prélevées en appariant les informations techniques. Il en ressort que la présence de pomme de terre dans la rotation est le principal facteur de risque. Cela s’explique car la pomme de terre est un hôte du champignon, même si les symptômes sont beaucoup moins graves. Le travail continue pour identifier d’autres facteurs de risque. Il existe une différence de sensibilité variétale. Le projet s’attèle aussi à tester des solutions de biocontrôle. Des espoirs se portent du côté des oligosaccharides et des champignons endophytes, qui coloniseraient le lin avant verticilium.

Le désherbage mécanique doit être combiné à d’autres leviers

Lors du salon Lin’Ovation, en juin dernier, Cynthia Torrecillas (ingénieur régionale lin chez ARVALIS) a présenté quatre outils pouvant être utilisés pour désherber mécaniquement le lin : la herse étrille, la houe rotative, la rotoétrille et la bineuse. Grâce à la technologie de guidage, notamment par caméra, le binage n’est plus réservé aux cultures à inter-rangs larges.

Les caractéristiques des outils les destinent plus particulièrement à certains types de sols, notamment selon la présence de croûte de battance et de cailloux. Outre le choix de l’outil, l’efficacité du désherbage mécanique dépend du type d’adventices et de leurs stades, du stade de la culture et des conditions météorologiques avant (pour la portance et la pénétration des dents dans le sol) et après (pour éviter le repiquage des adventices) passage. À noter cependant que même avec les meilleures conditions, le désherbage mécanique ne permet pas de gérer les vivaces.

En ce qui concerne le lin, cultivé à 90 % en bordure maritime, les conditions météorologiques nécessaires sont rarement réunies pour ce type de désherbage. Depuis le début des essais ARVALIS sur le sujet en 2018, il n’a pas été possible de détruire 100 % des plantes grâce au désherbage mécanique. À titre d’exemple, la mercuriale annuelle et le séneçon commun sont détruits aisément, contrairement à la renouée liseron, la morelle noire et, bien sûr, le chiendent. Cynthia Torrecillas préconise donc d’intégrer cette méthode dans une approche globale, combinant alternance des cultures de printemps et d’hiver dans la rotation, faux-semis et recours aux solutions conventionnelles.

Des recherches sur un temps long

Des travaux prospectifs pourraient apporter des solutions, mais à long terme.

Il faut huit à dix ans pour développer une variété. Le levier génétique est long à mettre en place et nécessite donc une bonne anticipation des obtenteurs : « Il ne faut pas se tromper de cible » souligne Nathalie Verjux. L’histoire a montré que les bioagresseurs étaient capables de s’adapter et que mieux valait miser sur une résistance multigènes, moins forte mais plus durable.

Les auxiliaires peuvent être présents naturellement (et favorisés via des aménagements) ou apportés directement dans le cas de la lutte biologique. Si l’exemple des coccinelles contre les pucerons est bien connu, l’expression « flying doctor » correspond à une méthode imaginée récemment : des auxiliaires porteurs d’un produit de biocontrôle, comme un champignon parasitant le ravageur.

Les plantes de services sont semées dans ou à proximité de la parcelle. Elles fournissent un service, comme attirer le ravageur en-dehors de la culture, ou communiquer (par signaux chimiques par exemple) avec le lin pour stimuler ses défenses naturelles. La stimulation des défenses naturelles peut également s’imaginer en appliquant directement le signal chimique. Il s’agit d’une catégorie de solution de biocontrôle.

L’immunité végétale peut être dynamisée par la communication entre plantes, mais également grâce au microbiote.

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