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Pour une conduite économe et performante des céréales - Fertilisation PK : dans quels cas faire l'impasse ?

Suite à la mauvaise récolte 2016, ARVALIS – Institut du végétal propose une série de fiches pour identifier les postes d’économies possibles sur la conduite des céréales et leurs enjeux sur le rendement. Parmi les premiers postes de charges opérationnelles qui peuvent a priori être réévalués, la fertilisation PK est souvent considérée comme ayant peu d’impact immédiat sur le rendement.

Fertilisation PK : des impasses sont possibles

Si la fertilisation PK est un poste sur lequel des économies sont possibles, l’impasse dans une parcelle à faible teneur peut se traduire par une perte significative de rendement, en particulier si la culture en place est exigeante.

Des impasses sont possibles mais il faut les raisonner

Dans les systèmes céréaliers sans élevage, c’est en général le phosphore qui peut être limitant car les récoltes de grains exportent essentiellement cet élément. Le potassium, contenu principalement dans les pailles, retourne au sol si ces dernières ne sont pas exportées. Il est alors disponible pour la culture suivante.

Dans les systèmes d’élevage, les apports de produits organiques sécurisent la disponibilité de ces éléments sauf pour le potassium dans les parcelles où les pailles sont régulièrement exportées sans compensation suffisante par des apports.

Pour évaluer le risque à réaliser des impasses il faut passer l’ensemble de ses parcelles au crible de la méthode Comifer et pour cela, il faut bien sûr disposer d’analyses de sol.

Cette méthode utilise quatre critères pour déterminer la dose de P2O5 ou de K2O nécessaire :

  • L’exigence de la culture (tableau 1) : à titre d’exemple, le colza, la betterave sont des cultures très exigeantes en phosphore et le blé de blé est moyennement exigeant. La pomme de terre et la betterave sont très exigeantes en potassium et le colza moyennement.
  • La teneur du sol pour l’élément considéré (issue de l’analyse de sol).
  • Le passé récent de fertilisation.
  • La restitution des résidus (pour K).


En prenant en compte l’exigence de la culture et le type de sol, la teneur en P2O5 et K2O dans le sol révélée par l’analyse se positionne par rapport à une « teneur impasse » au-dessus de laquelle une impasse est possible, et à une « teneur renforcée » en-deçà de laquelle un apport plus conséquent peut être nécessaire pour assurer une alimentation satisfaisante de la culture.

À titre exceptionnel, réaliser une impasse

De manière exceptionnelle, dans le contexte économique actuel (difficultés de trésorerie et prix bas des céréales), il est possible de réaliser des impasses dans une plus large gamme de situations que celles proposées par la méthode Comifer :

  • Si la teneur du sol est supérieure à T. impasse : les impasses sont le plus souvent conseillées (cultures peu ou moyennement exigeantes). Pour les cultures très exigeantes, l’enjeu rendement d’une impasse reste faible.
  • Si la teneur du sol est entre T. renforcée et T. impasse : il existe un risque pour le rendement, mais pas très élevé, avec un enjeu de l’ordre de 5 % à mettre en regard du coût de l’engrais.
  • Si la teneur du sol est inférieure à T. renforcée : les risques de pertes de rendement sont élevés, en fréquence et en niveau de rendement, à partir de 10 % de perte de rendement.

Les points à surveiller

Si un apport d’engrais a été réalisé sur la culture précédente, le risque d’une perte de rendement suite à une impasse en sol peu pourvu diminue fortement, d’autant plus que la dose était élevée, que l’apport a été réalisé au printemps et que le sol a un faible pouvoir fixateur (tout type de sol sauf les argilo-calcaires sur calcaire dur pour le phosphore).

La majorité du potassium absorbé par une plante se retrouve présent dans les tiges et les feuilles sous une forme très soluble. La restitution des résidus de récolte du précédent équivaut donc à un apport important de K2O. Un blé de 80 q/ha restitue plus de 100 kg K2O/ha par les pailles et chaumes. L’impasse sur la fertilisation potassique est donc plus risquée lorsque les pailles du précédent ont été exportées.

Enfin, l’alimentation en P et K des plantes est aussi fortement conditionnée par la qualité du système racinaire. Une bonne structure du sol et un système racinaire performant permettront à la culture une bonne utilisation des réserves du sol et donc de se passer plus facilement d’un apport.

Exceptionnellement baisser la dose en dessous du conseil

Le rôle de l’engrais est surtout d’apporter des éléments très disponibles en début de végétation pour favoriser l’enracinement et donner ainsi accès à la culture aux réserves du sol. Ce n’est donc pas la dose le plus important, mais la forme et la date d’apport.

Si la forme est soluble et l’apport bien positionné, la dose peut être réduite jusqu’à la limite de 40-50 kg/ha, sauf pour les sols très peu pourvus qui n’ont pas reçu d’apport depuis plusieurs années et pour les apports de K2O sur betteraves et pomme de terre. Cette souplesse est permise par le fait que la méthode Comifer poursuit un double objectif dans la dose préconisée : éviter les carences une année donnée et contribuer au maintien des teneurs à l’analyse de sol à un niveau situé autour du T. impasse. Dans un contexte difficile, ce 2e objectif peut être mis en retrait temporairement.

L’exigence de la culture

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