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Grille de diagnostic - Discriminer les parcelles de seigle à risque ergot

A l’instar du blé, une grille d’évaluation du risque ergot est désormais disponible pour le seigle.

Une grille pour évaluer le risque ergot dans les parcelles de seigle

ARVALIS a mis au point une grille pour évaluer le risque d’accumulation d’ergot dans les lots de seigle. Cette grille intègre différents facteurs de risque : la présence d’inoculum, la sensibilité des variétés, les pratiques de désherbage des graminées et les conditions météorologiques à deux stades-clés de la culture. L’objectif ? Identifier les parcelles les plus à risque « ergot » sur son exploitation afin de prendre les mesures appropriées.

Parmi les céréales à paille, le seigle est l’espèce la plus sensible à l’ergot. En effet, cette culture allogame passe par un stade floraison à fécondation croisée entre deux plantes, ce qui entraîne une floraison plus longue et plus ouverte comparé aux blés autogames. Les fleurs sont donc plus susceptibles d'être contaminées par l’ergot si l’inoculum est présent dans l’environnement.

Evaluer le niveau de l’inoculum à la parcelle

On considère que le risque d’inoculum est élevé s’il y a eu des attaques d’ergot dans la parcelle par le passé et/ou si les semences sont contaminées (tableau 1).

Tableau 1 : Risque d’inoculum d’ergot selon l’historique parcellaire, le travail du sol et la présence d’ergot dans les semences

Identifier les variétés de seigle les plus sensibles à l’ergot

Il n’existe aucune variété de seigle résistante à l’ergot. On observe en revanche des différences de sensibilité entre variétés. Celles qui ont une floraison plus longue ou plus ouverte rendront plus facile l’accès aux spores de l’ergot, elles sont donc théoriquement plus sensibles à l’ergot. Les variétés dont les fleurs restent fermées fournissent une barrière mécanique à l’entrée des spores, et sont théoriquement moins sensibles à l’ergot.

Dans le cas du seigle, le gène Rfp1 (issu de IRAN IX) augmente fortement la production pollinique, ce qui diminue la période de sensibilité à l’ergot. Les hybrides ne possédant pas ce gène sont les variétés les plus sensibles.

Tenir compte de la météo à deux stades-clés

L’installation de l’ergot sur les épis peut être favorisée par certaines conditions météorologiques survenant à la méiose (stade « dernière feuille étalée »), ou à la floraison (figure 1).

Ainsi, un déficit de rayonnement à la méiose, des températures inférieures à 4°C à la méiose et/ou à la floraison, ou plus de 40 mm de pluies à la floraison peuvent conduire à des accidents de fécondation. Ces accidents peuvent constituer une porte d’entrée aux contaminations par l’ergot.

De fait, si l’une de ces conditions météorologiques se produit à ces stades, le climat sera considéré comme favorable à l’installation de l’ergot sur les épis de seigle.

Figure 1 : Estimer si le climat a été favorable ou défavorable

Estimer le risque « ergot » à la récolte

La grille d’évaluation du risque proposée par ARVALIS attribue à chaque itinéraire une classe de risque d’accumulation d’ergot à la récolte selon quatre niveaux : de A (risque faible) à D (risque très fort).

Tableau 2 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation d’ergot dans les lots de seigle à la récolte

Utilisez le tableau 1 et la figure 1 pour estimer respectivement les risques « Inoculum » et « Climat ».

Des recommandations pratiques par classe de risque

CLASSE A : LE RISQUE « ERGOT » EST MINIMUM

Cette classe de risque présage d’une excellente qualité sanitaire des lots vis-à-vis de la teneur en ergot. Aucune action n’est nécessaire.

CLASSES B ET C : UN RISQUE ERGOT PLUS IMPORTANT

  • Le risque peut être minimisé par une stratégie de désherbage antigraminées efficace tout au long de l’année, pendant deux ans, et par le choix d’une variété de seigle moins sensible à l’ergot.
  • L’inoculum présent dans la parcelle doit être maîtrisé en complément, par un travail du sol profond après la récolte qui devra être suivi d’un travail superficiel l’année suivante, et l’utilisation de semences indemnes de sclérotes.

CLASSE D : LE RISQUE « ERGOT » EST TRÈS FORT

Les situations conduisant à ce niveau de risque doivent faire l’objet d’une gestion spécifique à la récolte et nécessitent de revoir le système de culture post-récolte.

  • L’inoculum présent dans la parcelle doit être maîtrisé après la récolte par un travail du sol profond, qui devra être suivi d’un travail superficiel l’année suivante.
  • Adapter la rotation en évitant de cultiver des céréales à paille pendant deux ans.
  • Assurer en complément un désherbage antigraminées soigné pour éviter que l’ergot ne se réinstalle en culture.
  • La fauche des bords de champ avant la floraison des graminées sauvages durant 2 ans est également recommandée, lorsqu’elle est autorisée, afin de stopper leur fonction de relais de la maladie.
  • Lorsqu’il sera à nouveau possible d’implanter une céréale, utiliser des semences indemnes de sclérotes.
  • Choisir une variété de seigle moins sensible à l’ergot.

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