Les Essentiels d'ARVALIS - Désherbage des céréales : raisonner la lutte contre les adventices en quelques questions clés
Le points sur les questions-clés du désherbage des céréales à paille.
• Quelle est la flore adventice présente ?
• Quels objectifs de propreté ?
• Quels leviers agronomiques pour désherber et gérer la flore adventice ?
• Quelle est la meilleure période de désherbage ?
• Quel est le produit le mieux adapté à ma flore, à quelle dose ?
• … et sous quelles conditions ?
• Une nouvelle question : est-ce que je suis confronté à des dérives d’efficacité liées à la résistance ?
Quel impact du système de culture ?
La rotation, avec la succession de cultures et d’époques de semis variées, conditionne la levée et la composition de la flore adventice. En effet, chaque culture favorise les adventices dont la période de levée et le cycle de développement sont le plus en phase avec la culture. La durée de l’interculture, le nombre de déchaumages associés au travail du sol et les herbicides utilisés sont également des critères qui influencent fortement la nature et la densité des adventices rencontrées. La stratégie de désherbage à mettre en œuvre dépendra aussi du matériel disponible et de l’organisation des différents chantiers. Il n’existe pas de solutions généralisables à toutes les situations. La parcelle doit être replacée au sein de son exploitation dans un système de cultures.
Quelle est la flore adventice présente ?
La connaissance de la flore en place et de la nuisibilité potentielle des mauvaises herbes est fondamentale pour établir un programme de désherbage à la parcelle. Le raisonnement doit être fait sur l’ensemble de la rotation dans la mesure où des adventices se maîtrisent plus difficilement dans certaines cultures. Il convient alors de limiter leur infestation dans les cultures dans lesquelles leur maîtrise est plus facile même si leur nuisibilité y est faible. Il est par exemple plus aisé d’éliminer les chardons dans les céréales que dans les cultures de dicotylédones comme le pois ou le tournesol. Le gaillet est caractérisé par des levées échelonnées de septembre à mars. Il serait donc illusoire de vouloir assurer la destruction totale du gaillet par un traitement de post levée précoce d’automne. De la même façon, la levée printanière de la folle avoine, couplée à sa forte nuisibilité, oblige bien souvent à réaliser une intervention spécifique tardive.
• Désherbage des céréales : quelle est la nuisibilité des mauvaises herbes ?
• Editions ARVALIS - CETIOM, « Lutte contre les adventices en systèmes céréaliers et oléagineux » - juin 2009.
• http://www.infloweb.fr
Quels objectifs de propreté ?
Le premier objectif à viser est de semer sur un sol propre. Multiples facteurs interviennent notamment au moment de l’interculture. L’itinéraire mis en œuvre à l’interculture doit permettre d’épuiser le stock semencier, de détruire les adventices présentes et d’empêcher la production de graines, d’épuiser, voire de détruire, les vivaces, pas toujours faciles à gérer sur les cultures.
Le deuxième objectif à viser est le 100 % d’efficacité de la stratégie de désherbage en culture. Par exemple, quelques gaillets ou folles avoines par m² suffisent pour faire chuter votre rendement de 5 %. Concernant les effets indirects (nuisibilité indirecte), les chiffres sont tout aussi impressionnants … avec un tel pouvoir multiplicateur, les quelques plantes qui passent au travers d’un programme annihilent les efforts de nettoyage à long terme d’une parcelle.
Un simple calcul permet de monter que, si nous prenons le cas du vulpin (TAD de 75 % environ et production de 500 graines par pied), il est nécessaire d’obtenir 99 % d’efficacité afin de « juste » stabiliser le stock semencier. L’action des leviers agronomiques est donc essentielle afin de limiter le stock semencier et les levées en culture.
• Désherbage des céréales : quelle est la nuisibilité des mauvaises herbes ?
Quels leviers agronomiques pour désherber et gérer la flore adventice ?
Le raisonnement du désherbage ne doit pas se réduire à un choix des produits à la culture et à l’année. En effet, il existe des leviers agronomiques qui doivent faire partie intégrante du raisonnement de désherbage. Ce sont des mesures préventives avec des effets sur la diminution des stocks semenciers des sols par exemple : la rotation des cultures (choix des espèces et de leurs successions), les conditions de semis, l’effet du travail du sol ou des faux-semis réalisés pendant l’interculture…
Enfin, les techniques de désherbage mécanique en cours de culture viennent compléter ces mesures agronomiques. Sur céréales, le désherbage mécanique peut se valoriser sous réserve de situations d’infestations modérées en adventices avec certaines précautions à respecter, sous peine d’être inutile, voire préjudiciable pour le rendement. Il suppose aussi d’utiliser d’autres leviers agronomiques pour abaisser la pression adventices.
Quelle est la meilleure période de désherbage ?
En interculture, les efficacités des interventions mécaniques de désherbage sont aléatoires et étroitement liées aux conditions climatiques et à la pluie. En complément, l’efficacité dépendra aussi du type de matériel utilisé (déchaumeurs à dents ou à disques...) et des adventices visées (vivaces ou annuelles).
En culture, désherber au bon moment, c’est intervenir sur des adventices jeunes, bien identifiées, avant que celles-ci ne concurrencent la culture. Malheureusement, toutes les adventices n’apparaissent pas de façon simultanée; il faut donc être capable d’identifier rapidement les mauvaises herbes et de déterminer la période pendant laquelle s’exercera la nuisibilité. C’est dans le choix de la période de l’intervention que peuvent se réaliser les plus grandes économies ou les pertes les plus importantes. Le choix d’une date de désherbage ou d’un programme de désherbage est étroitement lié à la date de semis de la céréale d’automne et à la nature des adventices présentes.
Quel est le produit le mieux adapté à ma flore, à quelle dose ?
La solution chimique est une solution complémentaire des mesures agronomiques citées précédemment. Le choix de l’herbicide ou des associations d’herbicides dépendent du spectre d’efficacité visé, des conditions d’applications, du stade de l’adventice et du coût. Le choix de la dose n’interviendra qu’en décision finale en fonction du stade des mauvaises herbes notamment. Au-delà de la solution dans la culture, il est nécessaire de raisonner sur la rotation en alternant les modes d’action herbicides, afin de prévenir l’apparition d’adventices résistantes.
• Editions régionales annuelles « Choisir et décider 1 – Variétés et traitements d’automne des céréales ».
• Dépliant « Protection des céréales - lutte contre les adventices ».
… et sous quelles conditions ?
Dans une dynamique de raisonnement des doses et de sécurisation des efficacités, désherber au bon moment, c’est également désherber dans de bonnes conditions climatiques et en optimisant les techniques de pulvérisation. Bien souvent, des échecs de désherbages chimiques sont dus à une utilisation des produits dans de mauvaises conditions climatiques.
Conditions et techniques d’applications constituent donc deux leviers incontournables. La prise en compte du stade d’application, de l’agrométéo (température, hygrométrie avant et après le traitement), du type de sol, mais également de la qualité de pulvérisation (volume/ha, choix des buses, pression), de l’intérêt des adjuvants permettent de prendre les bonnes décisions d’intervention et de réussir son traitement.
Une nouvelle question : est-ce que je suis confronté à des dérives d’efficacité liées à la résistance ?
L’utilisation répétée de certaines familles chimiques conduit au développement de nombreuses résistances chez beaucoup d’espèces d’adventices différentes.
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