Comment faire un diagnostic complet du fonctionnement biologique du sol ?
Quand on cherche à évaluer la composante biologique d’un sol, plusieurs critères entrent en jeu. Il peut s’agir de mesurer la quantité, l’activité, la diversité des organismes présents dans le sol, ou encore la qualité des matières organiques qui le composent. Un recueil de fiches pratiques sur 22 indicateurs pertinents pour un diagnostic complet vient d’être publié.
Bien qu’il soit désormais possible d’élargir l’analyse de terre d’une parcelle à sa composante biologique, il n’est pas toujours facile de sélectionner et mobiliser des indicateurs pertinents pour le pilotage des pratiques agricoles. Pour s’y retrouver, les partenaires du RMT Bouclage proposent de balayer les forces et faiblesses de 22 d’entre eux.
Le choix dépendra des objectifs et du budget
Pour organiser un suivi ou un diagnostic du fonctionnement du sol, il est en premier lieu nécessaire de déterminer quelles fonctions attendues d’un sol on cherche à évaluer. En conseil agricole, l’intérêt des analyses sera d’évaluer les fonctions de recyclage des nutriments, de transformation du carbone, d’entretien de la structure du sol et du maintien de la biodiversité.
A l’heure actuelle, il n’existe pas un seul indicateur intégratif à la fois de la quantité, de l’activité et de la diversité des organismes du sol et de la qualité des matières organiques. Il faudra donc faire le choix d’une combinaison d’indicateurs par rapport aux objectifs de chaque étude. Le coût, la logistique, les modalités d’interprétation peuvent également faire partie des facteurs de décision.
Le groupe de travail Bioindicateurs du RMT Bouclage vient de publier un recueil de fiches pratiques sur les principaux indicateurs de fonctionnement biologique utilisable pour les sols agricoles. Au total, ce sont 22 indicateurs qui sont décrits, avec leur avantages, limites et leur lien avec les fonctions du sol (tableau 1).
Tableau 1 : Indicateurs de fonctionnement biologique proposés pour le conseil (source : RMT Bouclage)
Une procédure d’échantillonnage proche des analyses de terre classique
Le mode opératoire de prélèvement de terre pour une analyse organo-biologique est très proche de celui pour une analyse physico-chimique classique. Cependant, la quantification des organismes ou de leur activité implique, pour une partie des indicateurs biologiques, des conditions de prélèvement et d’envoi plus strictes. La différence réside surtout dans la période de prélèvement, le conditionnement et l’envoi car les paramètres biologiques sont sensibles aux conditions de température et d’humidité. Ce prélèvement peut donc être couplé au prélèvement destiné à l’analyse physico-chimique de terre avec quelques précautions.
Lire aussi : « Interpréter une analyse de terre : tout commence par le prélèvement »
La campagne de prélèvement peut s’échelonner de l’automne au printemps (octobre à mai), sur un sol proche de la capacité au champ (ni trop sec, ni trop humide) et avec une température moyenne journalière de l’air comprises entre 8°C et 25°C.
Il faudra également éviter les prélèvements après une perturbation du sol ou un apport de produits résiduaires organiques sur la parcelle. Dans tous les cas, le laboratoire prestataire précise les conditions de prélèvement et la gestion de l’envoi.
Interprétation : une vision globale est nécessaire
La capacité d’un sol à assurer ses fonctions résulte de l'interaction entre ses trois composantes physique, chimique et biologique. Un diagnostic complet du sol doit donc évaluer ces trois aspects.
Ainsi, il sera conseillé pour interpréter les paramètres biologiques de disposer des caractéristiques physico-chimiques de la parcelle (granulométrie, analyse chimique de moins de 5 ans) et d’évaluer l’état structural du sol au moment du prélèvement.
Lire aussi : « Quatre méthodes pour diagnostiquer l'état structural du sol »
Bien que le lien entre de nombreux indicateurs et les fonctions du sol ait été établi de façon qualitative, les références manquent pour définir des valeurs seuils, ou « critiques » pour réaliser un conseil à la suite des analyses. Par ailleurs, il a été démontré que les valeurs obtenues varient en fonction du contexte pédoclimatique. Il convient d’ores et déjà d’être vigilant dans l’interprétation d’une valeur absolue obtenue sur une parcelle. Il est néanmoins possible d’interpréter ces indicateurs, par exemple en suivant l’évolution temporelle d’une parcelle, en positionnant une valeur dans une gamme de variation ou par méthode d’agrégation. Des projets de recherche visent à améliorer ces méthodes d’interprétation pour demain simplifier et approfondir les renseignements délivrés par ces indicateurs.
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