Céréales : pourquoi des teneurs en protéines peu élevées cette année ?
Les récoltes de céréales ont démarré tôt et avancent à vive allure cette année à la faveur de la météo favorable aux moissons. Du côté des rendements, c’est plutôt une bonne surprise au global, malgré une forte hétérogénéité de résultats en lien avec les sols, l’excès d’eau hivernal et les pluies orageuses très irrégulièrement réparties ce printemps. Du côté de la qualité, si les poids spécifiques (PS) sont au rendez-vous, la protéine en revanche est parfois un peu juste. Quelques éléments d’analyse pour expliquer ces résultats.

Hormis les secteurs très affectés par la sécheresse printanières (72, est 53), le rendement des céréales est souvent supérieur à celui espéré en sortie d’hiver. Le nombre d’épis un peu faible (retard des semis, excès d’eau hivernal) a largement été compensé par la fertilité des épis avec un nombre de grains élevé.
Les conditions échaudantes de la fin juin sont arrivées sur la fin du remplissage des grains : les orges et les blés précoces ont ainsi largement esquivé, les parcelles plus tardives en revanche ont davantage subi, avec des pénalités sur le poids des grains.
Des ressources azotées à ajuster aux bons potentiels
Lorsque les rendements sont bons à très bons, il convient de vérifier l’adéquation avec la dose d’azote apportée. Lorsque cette dernière était cohérente avec le rendement, la protéine est correcte. Mais, dans bon nombre de situations, la fertilisation a été trop juste, notamment lors du dernier apport, au regard du potentiel, ce qui explique des teneurs en protéines basses.
Par ailleurs, la crainte de ne pas avoir la pluie suffisante a également conduit à la prudence, avec une tendance depuis quelques années à apporter plus tôt l’engrais azoté. Les doses apportées en fin de montaison sont parfois insuffisantes pour la double optimisation rendement et protéine.
L’excès d’eau hivernal a été très préjudiciable dans les limons hydromorphes
Dans les sols les plus sensibles, les rendements sont une nouvelle fois pénalisés par une mauvaise implantation et surtout par les pluies excédentaires du mois de janvier qui ont fortement impacté le tallage et l’enracinement. Dans ces parcelles, la protéine se révèle souvent correcte, en l’absence de dilution par le rendement.
Certaines parcelles hydromorphes peuvent toutefois contre performer sur les deux tableaux – rendement et protéines :
- lorsque la dose d’azote prévue à fin montaison a été fortement réduite voire supprimée ;
- et/ou lorsque le dernier apport n’a pas été bien valorisé faute de pluie suffisante ;
- en cas de problème sanitaire – notamment le piétin échaudage.
Dans ces sols fragiles, l’enracinement limité des cultures a réduit la capacité à explorer les ressources en minéraux du sol. Les sols sains en revanche ne sont pas ou peu affectés par ces conditions hivernales.
Des pluies orageuses inégalement réparties au printemps
Malgré les faibles précipitations du printemps, les apports azotés courant montaison ont pu bénéficier, dans la grande majorité des cas, de pluies suffisantes pour leur bonne assimilation dans les 15 jours qui ont suivi les apports. Comme souvent dans la région, ce sont surtout les apports de mars qui ont pâti de l’absence de pluie, retardant leur assimilation. Les épisodes pluvieux autour du 20 avril et du 10 mai ont été déterminants pour assurer la bonne valorisation des derniers apports (tableau 1).
Ce sont essentiellement les apports de début montaison qui ont été pénalisés par le sec.
Les faibles pluies du printemps ont surtout pénalisé le potentiel de rendement dans les sols les plus superficiels, avec un déficit hydrique installé dès la mi-montaison. Les conséquences de ce déficit ont été fort heureusement atténuées par l’absence d’excès thermique jusqu’à la fin mai.
La sécheresse et l’échaudage en fin de cycle ont pénalisé les rendements mais n’expliquent pas les faibles teneurs en protéines
Contrairement au carbone, l’azote qui constitue la protéine du grain provient essentiellement des stocks accumulés dans les dernières feuilles : l’azote du grain provient à 80 % de stocks remobilisés et à 20 % d’absorption de l’azote du sol en fin de cycle. Ainsi, l’azote absorbé par la plante jusqu’à la floraison est fortement corrélé à l’azote stocké dans les grains.
Cette année, le volant d’absorption tardive a été potentiellement réduit sous l’effet du sec, en particulier dans les secteurs les moins arrosés en mai-juin. Toutefois, ce poste de ressources ne pèse que pour 20 % dans l’élaboration du stock d’azote du grain, c’est surtout la capacité à stocker de l’azote dans les dernières feuilles qui compte.
Quant au carbone, stocké sous forme d’amidon dans le grain, il provient à 80 % de l’activité de photosynthèse au cours du remplissage.
Le maintien de surface verte le plus longtemps possible après la floraison est donc essentiel pour assurer un bon remplissage des grains. Parmi les facteurs favorables cette année on peut noter, la discrétion des maladies foliaires. Le principal facteur pénalisant est la sécheresse installée depuis la mi-mai et la forte demande climatique (P-ETP très déficitaires) depuis la mi-juin. On observe cette année une prime à la précocité sur le rendement. Les céréales les plus avancées ayant esquivé en grande partie l’échaudage thermique de juin (cartes).
Cartes 1 & 2 : Nombre de jours échaudants (Tmax > 30°C) au cours du remplissage des grains de céréales en 2025

Les céréales tardives sont les plus impactées en 2025.
Élaboration de la teneur en protéine et remplissage des grains, analyse de la campagne 2025 en résumé :

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