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Bourgogne / Franche-Comté

Céréales d'hiver : le bilan de la campagne 2024/2025

Retour sur le déroulement de la campagne céréales d'hiver 2024/2025, des semis à la récolte.

Moisson de l'essai variétés de blé à Noyers dans l'Yonne

En 2024-2025, le cumul des surfaces implantées en orges d’hiver s’établit à 148 300 ha. En Bourgogne, ces orges sont à 80 % à destination de la filière brassicole alors qu’en Franche-Comté, le débouché est réparti pour moitié en orge brassicole et pour l’autre moitié en orge fourragère. Les rendements sont plutôt bons à très bons avec un très bon calibrage mais une teneur en protéines qui peut être limite pour le cahier des charges des brasseurs et malteurs. Les estimations des rendements se situent à 70,4 q/ha, soit + 25 % par rapport à la moyenne sur cinq ans. 

En blé tendre d’hiver, le cumul des surfaces implantées s’établit à 342 000 ha. Les rendements sont également bons, avec de bons poids spécifiques, mais une teneur en protéines qui peut parfois être faible. Les estimations des rendements se situent à 69.8 q/ha, soit +26 % par rapport à la moyenne sur cinq ans (Source : Agreste juillet 2025).

Des semis décalés à cause des pluies 

La pluie s’est de nouveau invité à l’automne retardant les semis après la deuxième moitié d’octobre. La majorité, des semis se fait entre fin octobre et début novembre sur des sols parfois mal ressuyés. Le climat sec et doux de l’automne permet quant à lui des levées rapide et homogène. Les limaces sont bien présentes mais les pucerons et les cicadelles restent discrets. Les températures et pluviométries hivernales s’inscrivent dans la moyenne des dix dernières années. Les biomasses en sortie d’hiver et la date d’occurrence du stade épi 1 cm, majoritairement autour du 20 mars, étaient dans la norme.
 

Des conditions printanières sèches et une accélération des stades 
 

Dès mi-mars, les pluies se sont faites très rares : le printemps 2025 a été marqué par un stress hydrique dans la moitié nord du pays. Ainsi, notre région se positionne dans les trois années sur dix parmi les plus sèches. En comparaison, en termes de stress hydrique, l’année 2025 était proche de 2019, mais pas aussi marquée qu’en 2020 et 2022.

Ces conditions sèches ont retardé la valorisation des apports d’azote à cette période. Ainsi, une compétition pour l’eau et l’azote entre les talles a conduit à la régression de certaines d’entre elles. Les comptages de densités d’épis à épiaison ont en effet montré des régressions de talles, avec une densité d’épis inférieure de 15 % à 25 % par rapport à la moyenne 20 ans.

A la fin du mois d’avril, les températures cumulées étaient supérieures à la médiane sur vingt ans de cette période. Cette chaleur a fait avancer les stades rapidement. Les orges ont épié très rapidement cette année, avec un stade épiaison survenu fin avril, soit avec une semaine d’avance par rapport à la médiane vingt ans.

En blé tendre, dans nos essais de suivi physiologique, le stade épiaison est arrivé le 13 mai dans les plateaux de l’Yonne (Noyers, 89) et le 11 mai en plaine de Dijon (Izier, 21).

Avec de forts rayonnements, supérieurs aux vingt dernières années pendant plusieurs semaines consécutives, la fertilité épi était bonne, en particulier en plaine. Cela a permis de compenser le manque d’épis/m² et d’aboutir à un nombre de grains/m² était dans la moyenne.

Cela est toutefois à nuancer pour certains secteurs, notamment sur les plateaux, où on peut observer des défauts de fertilité des épis liés probablement à des stress climatiques (épisode de froid, pluies à floraison).  


 

Un remplissage dans de bonnes conditions pour une majorité des situations

 

Pour la majorité des situations, le remplissage des grains a débuté sous des conditions idéales de rayonnement et températures : la taille des enveloppes n’a donc pas été une contrainte.

Ce climat a également été associé à une pression en maladies foliaires faible. En blé, la pression septoriose a été globalement faible, avec toutefois des apparitions de quelques foyers de rouille jaune fin avril (surtout dans l’Yonne et en Haute-Saône), et également une pression rouille brune tardive.

En orge d’hiver, la pression maladie a également été faible, avec cependant de la rouille naine qui a pu être présente localement en début et en cours de cycle, en particulier sur KWS Faro, qui est très sensible. Contrairement à l’année dernière, la ramulariose s’est fait discrète. C’est le charbon nu qui a été fréquemment observé cette année.

Le stress hydrique a impacté la densité épis mais très peu la cinétique de remplissage.

Dans une majorité des situations, le remplissage s’est poursuivi sous des températures correctes.

L’avance de développement des orges d’hiver leur a permis d’éviter le coup de chaud du mois de juin, le stade grain pâteux étant largement atteint à ce moment-là.

Si une majorité des blés ont pu aboutir à une maturité physiologique autour du 20 juin, les situations tardives ont toutefois pu être pénalisées par le stress thermique de la fin du mois de juin / début juillet.

Finalement, dans nos essais de suivi physiologique, les poids de mille grains (PMG) sont dans la moyenne à très bons, en orge et en blé.

Les rendements sont donc meilleurs que ce qui pouvait être pressenti en cours de campagne et supérieurs à la moyenne de ces dix dernières années.


 

De très bon PS mais des taux de protéines parfois faibles et une présence d’ergot 
 

Du côté de la qualité, les poids spécifiques (PS) des blés et de l’orge, ainsi que les calibrages de l’orge sont bons voire très bons : cela corrobore bien la cinétique de remplissage quasi idéale des orges d’hiver sur notre territoire, conjuguée à une pression maladies faible.

C’est la protéine qui peut en revanche faire défaut cette année.  Quelques éléments d’analyse pour expliquer ces résultats :

  • Effet météo : les apports à épi 1 cm (après le 15 mars) et fin montaison ont pu être pénalisés par le sec pour certains secteurs. Le stress hydrique courant montaison a également pu entrainer des carences azotées induites.
  • Effet fractionnement : dans les situations de mauvaise valorisation, le fractionnement de l’apport à épi 1 cm était un moyen de limiter les pertes d’azote. L’anticipation des apports par crainte du sec a pu également être pénalisant.
  • Effet dose : un effet dilution de l’azote marqué dans toutes les parcelles qui n’ont pas été fertilisées à la hauteur du potentiel finalement atteint.

Enfin, la seconde ombre au tableau de la campagne 2024/2025, est une présence d’ergot significative dans les blés (en particulier en zones de plateaux) mais aussi les orges.  Quelles sont les premiers éléments explicatifs ?

  • Cette année, le climat a été globalement peu propice au développement de l’ergot, mais des accidents climatiques ont pu être observés localement. Par exemple, il y a eu des températures minimales inférieures à 4°C et des pluies à floraison importantes (40-75 mm) dans les secteurs de Châtillon-sur-Seine et Til-Châtel (21).
  • L’inoculum d’ergot dans le sol a probablement été important à cause des sclérotes tombés au sol à la moisson 2024, année à forte pression également.
  • L’inoculum dans le sol était d’autant plus important dans les situations en non-travail du sol. En effet, en situation d’infestation d’ergot, il est conseillé d’enfouir le sclérote à plus de 10 cm dans le sol la première année puis de faire un travail superficiel la deuxième année pour ne pas le remonter à la surface. Le sclérote a en effet une viabilité moyenne de deux ans dans le sol (source ARVALIS 2010-2013).
  • Les contaminations peuvent également venir des semences (de ferme ou certifiées) si le tri n’a pas été 100 % efficace.
  • Enfin, bien que le désherbage fût globalement bien maitrisé cette année, la présence de vulpins et de ray-grass qui sont des graminées adventices sensibles à l’ergot est une source de relai et de propagation de l’ergot dans les parcelles de céréales. Ces contaminations par les graminées sauvages sont d’autant plus importantes en bords de champs / bois.

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