Biodiversité agricole : quelles bêtes pour quels services ?
La biodiversité s’est récemment imposée parmi les enjeux agricoles, à la manière du carbone il y a quelques années. Que peut-on en attendre et quelles sont ses limites ?
Pollinisation, régulation naturelle et soutien de la production via l’activité biologique des sols1, voilà les trois grands services que la biodiversité rend à l’agriculture.
La pollinisation, d’abord, est assurée par des insectes : surtout des hyménoptères (abeilles, guêpes, bourdons) et ensuite des mouches, des papillons, des coléoptères et hémiptères. Ce service représente environ 2 milliards d’euros par an en France. Il est surtout fourni aux arbres fruitiers, légumes et oléoprotéagineux.
Une faune très diversifiée participe à la régulation naturelle
Ensuite, le service de régulation naturelle des insectes ravageurs a été très étudié et leurs ennemis naturels sont divers : vertébrés (chauves-souris, oiseaux insectivores) ; micro-organismes (champignons) ou encore invertébrés (arachnides et insectes). Côté invertébrés on peut distinguer trois grandes catégories de prédateurs :
- les prédateurs généralistes, comme les carabes, staphylins, araignées et opilions ;
- les prédateurs spécialistes au régime alimentaire spécifique, au moins pour une partie de leur cycle biologique, comme les syrphes ou les coccinelles ;
- les parasitoïdes qui réalisent une partie de leur cycle biologique à l’intérieur d’un hôte, le tuant au cours de leur développement (« momies » de pucerons par exemple).
Généralistes et spécialistes ont chacun leurs avantages et inconvénients vis-à-vis de la régulation et contribuent en général collectivement à supprimer quelques dizaines de pourcents des populations de ravageurs.
Figure 1 : Les invertébrés à l’œuvre dans la régulation naturelle des bioagresseurs des cultures
Quelques dizaines de pourcents, c’est également le niveau de réduction du stock semencier assuré par les carabes, rongeurs et oiseaux granivores (perdrix, alouettes…). Enfin la régulation naturelle des vertébrés ravageurs est généralement faible, voire nulle pour des bêtes comme les sangliers qui ont peu voire pas d’ennemi naturel.
Lire aussi : « Ce qu'il faut savoir sur la régulation naturelle des pucerons »
Tout un écosystème œuvre à la fertilité du sol
Dans le sol, bactéries et champignons contribuent à produire des nutriments directement assimilables par les plantes. Divers organismes s’étagent ensuite entre 0,1 mm et plusieurs millimètres : protistes (par ex. amibes), nématodes, acariens et collemboles, notamment. Ces organismes forment une chaîne alimentaire où les plus petits consomment bactéries et champignons et les plus gros consomment des molécules plus complexes et commencent à dégrader la matière organique. Enfin les vers de terre modifient la structure du sol et contribuent à augmenter la capacité d’infiltration de l’eau dans les sols.
Des services ni anecdotiques, ni miraculeux
Les services fournis par la biodiversité agricole ne sont en général pas anecdotiques. Les leviers testés pour favoriser la biodiversité fonctionnelle (diversification des bords de champs et des paysages, réduction du travail du sol, perchoirs à rapaces) permettent parfois d’améliorer les services rendus. Néanmoins, ceux-ci restent souvent bien en-deçà des niveaux atteints par les interventions humaines (engrais minéraux, phytos, travail du sol). Les recherches doivent se poursuivre pour identifier de nouveaux leviers d’amélioration des services fournis. Mais prenons garde à ne pas placer dans cette biodiversité des espoirs excessifs.
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