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Auxiliaires des cultures - Comment favoriser l’abondance des syrphes et des carabes dans les milieux agricoles ?

Carabes et syrphes sont les auxiliaires les plus étudiés en agriculture en raison de leur fort potentiel de régulation des ravageurs des grandes cultures. Des modèles prédictifs ont mis en évidence les facteurs qui favorisent leur abondance et leur activité.

Les facteurs et pratiques favorables à la biodiversité des parcelles

Les régulations biologiques fournies par les insectes auxiliaires sont l’un des piliers de la protection intégrée des cultures. Les carabes et les syrphes sont d’importants prédateurs de bioagresseurs présents dans les grandes cultures, et plus particulièrement des pucerons et des limaces.

ARVALIS a travaillé avec un institut slovène, le Jožef Stefan Institute, sur la définition de modèles de prévision des populations de ces auxiliaires. Le projet, baptisé Biodiv, s'est appuyé sur les données d’observation recueillies depuis 2009 sur la station expérimentale de Boigneville (91). Ces modèles identifient les principaux paramètres influençant l’abondance des espèces étudiées, parmi lesquels les pratiques agricoles, la situation géographique ou le contexte environnemental des parcelles.

Syrphes : une abondance favorisée par la présence de milieux semi-naturels

Les syrphes sont des auxiliaires volants dont les larves s’attaquent notamment aux pucerons des grandes cultures. Quant aux adultes, grands amateurs de pollen et de nectar, ils contribuent à la pollinisation.
Ces insectes sont très sensibles aux différents éléments composant le milieu agricole, et leur activité en dépend. La présence de haies, arbres, bandes enherbées constitue un habitat semi-naturel favorable à leur développement. Des milieux boisés, avec une température ambiante basse et une humidité constante, les attirent.

Autre facteur favorable : la présence de plus d’une dizaine d’espèces de syrphes dans un périmètre de 500 mètres est synonyme d’abondance. Une importante interaction inter-espèces favoriserait donc le nombre de syrphes.

En revanche, la présence de cultures de printemps et de luzerne ne semble pas leur être favorable. Les fleurs de Fabaceae dont certaines légumineuses fourragères comme les trèfles ou la luzerne, ne sont en effet, pas accessibles aux syrphes mâles.

Comme pour de nombreux insectes, le cumul de températures joue également un rôle : un pic d’abondance de syrphes est observé lorsque les sommes de températures sont comprises entre 660 et 760°C-jours, ce qui correspond approximativement au mois de juin. Cependant, un seuil maximal de température semble exister, puisqu’à partir de cette période et jusqu’au mois de juillet, leur abondance décroît. Des précipitations régulières et un sol de texture argilolimoneuse semblent également des facteurs favorables à leur abondance.

Carabes : une abondance sensible au travail du sol

En France, près de 1200 espèces de carabes sont recensées. Les larves, dépourvues d’ailes, grandissent sans changer de forme au cours des différentes mues et nichent principalement dans le sol. Elles se nourrissent d’œufs d’insectes et de gastéropodes, de jeunes limaces et d’escargots, ainsi que d’autres insectes tels que les taupins et les cicadelles. Les larves de carabes sont considérées comme plus efficaces que les adultes dans la régulation des organismes nuisibles. Un seul carabe, dont la larve est strictement phytophage, est un considéré comme ravageur des cultures : le zabre (Zabrus tenebrioides).

Pour l’espèce de carabe majoritairement capturée sur Boigneville, Poecilus cupreus, son abondance semble bien plus dépendante des pratiques agricoles que du paysage. Ce carabe, principalement présent au milieu des parcelles et non en bordure, n’est pas sensible au travail du sol, contrairement à d’autres espèces de carabe. De fait, il est moins fréquent dans les parcelles conduites en technique culturale simplifiée qu’en conduites impliquant davantage de travail du sol (agriculture biologique, raisonnée ou intégrée). Un travail du sol très superficiel permet de limiter les perturbations et ainsi maintenir la présence d’espèces de carabes plus diversifiées et équilibrées. Il instaure de ce fait une plus forte compétition inter-espèces pour les habitats et les ressources, limitant l’abondance de Poecilus cupreus. A l’opposé, en parcelles labourées, toutes les espèces sensibles aux perturbations dues au travail du sol (et elles sont nombreuses) ne se développent pas. P. cupreus dispose alors de toute la place et toutes les ressources nécessaires pour se développer, son abondance est élevée.

L’abondance de ce carabe est également influencée par la profondeur du sol et la disponibilité en eau. Un sol profond pourvu d’une bonne rétention en eau est plus propice à l’activité de cette espèce : les larves ont la possibilité de se réfugier en profondeur, ainsi le travail du sol et les autres opérations en parcelles ont un impact moindre sur leurs populations.


Dans la perspective de proposer des modèles de régulation potentielle des ravageurs, un travail identique serait également à conduire en intégrant des données sur les ravageurs dans les modèles prédictifs.

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