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Champagne-Ardenne

Risque pucerons et cicadelles : surveiller de près les parcelles déjà levées

Soleil et chaleur : les deux ingrédients favorables à l’activité des pucerons et cicadelles ont été réunis ces derniers jours. La vigilance est de mise pour les parcelles de céréales déjà levées, ou en cours. Rappel des principaux leviers pour anticiper au mieux le risque.

Pucerons sur jeunes plantes de céréales levées en Champagne-Ardenne

Les pucerons et les cicadelles vecteurs de virus sur céréales : de quoi parle-t-on ?

Lors de leur arrivée sur une parcelle de blé ou d’orge d’hiver, les pucerons et les cicadelles vont réaliser des piqûres sur les plantes dès leur levée, afin de se nourrir en prélevant leur sève. Les virus portés par ces insectes sont véhiculés à la plante lors de la piqûre : on parle alors de virose.

  • La Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO) est transmise par les pucerons d’automne.
  • Le virus de la maladie des pieds chétifs (nommé WDV) est transmis par les cicadelles de l’espèce Psammotettix alienus.

Les céréales d’hiver sont particulièrement sensibles durant la période qui va de la levée jusqu’au tallage. En l’absence de protection insecticide, les pertes de rendement peuvent aller jusqu’à 60 % en orge d’hiver et 25 % en blé tendre.

Un climat favorable aux activités des pucerons et cicadelles sur les quelques parcelles déjà levées

  • Lorsque les températures sont supérieures à 10-12°C, les activités de vol et de reproduction des pucerons et cicadelles sont favorisées à les conditions observées depuis début octobre (température moyenne journalière de 16°C) leur sont donc davantage favorables. La pluie, si elle se présente, ne perturbe que temporairement leur activité.
  • On ne le dira jamais assez : surtout ne pas semer trop tôt ! Plus les semis sont précoces, plus il y a une probabilité élevée que les stades sensibles des cultures coïncident avec des vols importants de ravageurs. Les premières parcelles déjà levées sont donc à surveiller attentivement avec ces conditions climatiques toujours favorables (en particulier l’après-midi).

Comment observer correctement les pucerons et les cicadelles au champ ?

Dès la levée de la culture, la traque des ravageurs peut commencer ! Les pucerons sont assez facilement visibles sur les feuilles à condition de les observer lors de conditions ensoleillées, durant les heures les plus chaudes de la journée, et de se pencher suffisamment vers les plantes.

Rechercher la présence de pucerons sur des séries de 10 plantes (à répéter sur plusieurs lignes de semis) et réaliser un pourcentage de présence.

Les cicadelles sont plus difficiles à observer car très mobiles. Seule l’espèce Psammotettix alienus est susceptible d’être vectrice du virus des pieds chétifs, il ne faut pas la confondre avec d’autres cicadelles. Il est plus facile de les observer en les piégeant avec des plaques engluées jaunes.

Quand intervenir pour lutter efficacement et quels sont les leviers à disposition ?

Les recommandations d’intervention à l’automne sont les suivantes :

Pour les pucerons vecteurs de la JNO :
- Lorsque 10 % de plantes sont porteuses d’au moins un puceron.
- En complément, la présence de pucerons pendant plus de 10 jours, même inférieure à 10 % de plantes porteuses, peut justifier une intervention. Par le passé, des dégâts ont pu être observés dans cette situation.

Pour les cicadelles vectrices du virus des pieds chétifs :
Leur présence peut être nuisible quand une trentaine d’individus est capturé en une semaine sur une plaque engluée jaune. En complément : l’observation d’individus volants (5 cicadelles) dans 5 endroits différents de la parcelle peut justifier une intervention.

Le déclenchement de l’insecticide ne dépend pas de l’opportunité de réaliser un mélange avec un traitement herbicide : il vaut mieux se baser sur les observations à la parcelle. Les pyréthrinoïdes n’ont pas d’action préventive, ce sont des produits de contact. Cette intervention ne doit donc pas être réalisée trop tôt, au risque que l’intervention ne soit pas du tout efficace. Les résultats d’essais réalisés par ARVALIS indiquent qu’il n’y a généralement peu de perte de rendement lorsque l’application est réalisée une dizaine de jours après la date conseillée. Dans le cas particulier de fortes infestations prolongées, retarder l’application a même été bénéfique dans 3 essais sur 13 (et équivalente à un traitement à la date conseillée, dans 10 essais sur 13) (figure 1). En effet, lorsque l’application est réalisée et que les conditions restent favorables au développement des infestations, l’efficacité de l’insecticide est diminuée, faute de persistance d’action sur les arrivées de pucerons postérieures à l’application. Dans la plupart des situations, une seule application insecticide, bien positionnée, est suffisante, en particulier dans notre région.

Figure 1 : Positionnement de l’insecticide Karaté Zéon (0, 075 l/ha) sur orge d’hiver et gains de rendement – 13 essais 2015 à 2020 – situations à risque JNO
Figure 1 : Positionnement de l’insecticide Karaté Zéon (0, 075 l/ha) sur orge d’hiver et gains de rendement – 13 essais 2015 à 2020 – situations à risque JNO

Vis-à-vis des cicadelles, qui sont très mobiles entre plantes et peuvent rapidement leur transmettre des virus, il convient d’intervenir dès que les recommandations sont atteintes.  L’efficacité du traitement insecticide peut s’avérer partielle, il est donc nécessaire de poursuivre la surveillance pour - si besoin - renouveler l’intervention. Cependant, la nuisibilité est surtout présente en Barrois.

Dans des conditions optimales d’application, la différence d’efficacité entre substances actives de la famille des pyréthrinoïdes (lambda-cyhalothrine, cyperméthrine, tau-fluvalinate, esfenvalérate…) est marginale. En conditions de semis précoces, des essais ARVALIS ont pu montrer une meilleure efficacité pour la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon, Lambdastar, Estamina, etc.) et une persistance d’action plus soutenue. Attention, le recours systématique à une voire plusieurs applications, sans nécessité et en conditions non optimales, peut engendrer plus rapidement l’apparition de résistances. La présence de populations de pucerons vecteurs de la JNO et résistantes à des pyréthrinoïdes n’a pas été mise en évidence en France (un seul puceron détecté), mais c’est le cas dans des pays voisins (Royaume-Uni, Irlande, Allemagne). Le risque doit être pris en considération.

Certaines variétés d’orge d’hiver sont tolérantes à la JNO, ainsi que la variété de blé tendre RGT Tweeteo (résistance partielle). La plante, si contaminée par un virus, pourra parfois extérioriser quelques symptômes mais l’impact sur le rendement sera très faible voire nul. Si un traitement visant les pucerons sur variété tolérante à la JNO n’est pas recommandé dans notre région, il reste cependant nécessaire de surveiller les cicadelles (en Barrois principalement) car les variétés ne sont pas protégées vis-à-vis de la maladie des pieds chétifs. 

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