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Prairies : réussir un sur-semis de légumineuses

En partenariat avec Semences de France, ARVALIS – Institut du végétal  teste sur sa ferme de Saint-Hilaire-en-Woëvre, dans la Meuse, différentes méthodes de sur-semis de légumineuses en prairies installées. Didier Deleau, ingénieur régional ARVALIS, nous explique les grands principes.

Avec ses 130 ha dont 80 sont consacrés aux prairies, cette ferme est représentative des exploitations de polyculture-élevage du grand quart nord-est de la France. 

En partenariat avec Semences de France, l’institut teste différentes méthodes de sur-semis de légumineuses en prairies installées. L’objectif est d’améliorer à moindre coût la qualité des prairies permanentes ou de pérenniser les prairies temporaires.

Il en ressort que certaines conditions doivent être respectées pour réussir cette technique.

Sur-semer des mélanges de légumineuses

Tout d’abord, il est recommandé de sur-semer un mélange de légumineuses comprenant notamment des espèces à vitesse d’installation rapide pour limiter le salissement de la parcelle. Par ailleurs, un mélange de plusieurs espèces de légumineuses est plus adapté à l’hétérogénéité du sol et offre un meilleur étalement de la production du printemps jusqu’à l’automne. Il limite également la sensibilité de la prairie à la sécheresse estivale. Cette diversité d’espèces est source d’une diversité d’apports en protéines, vitamines, oligo-éléments...

À réaliser en début de printemps ou fin d’été

Ce sur-semis doit intervenir sur un sol suffisament frais avec des températures douces. Selon les régions, deux périodes sont propices à cette technique :

  • au printemps, de mi-mars à la fin avril. Au-delà, la croissance de l’herbe en place est trop importante et concurrencera les plantules. De plus, la sécheresse estivale risque de les détruire.
  • en fin d’été, dès que des conditions humides sont de retour. Dans les régions où le risque de gel précoce existe, le sur-semis doit intervenir durant la deuxième quinzaine d’août et dans tous les cas, avant le 15 septembre. Après cette date, les températures seront trop basses et les légumineuses n’auront pas suffisament de lumière pour s’installer correctement avant l’hiver.

Avant le sur-semis : désherber, raser, herser

En cas de présence de mauvaises herbes, et notamment de vivaces, un désherbage sélectif s’impose. Pour choisir un herbicide adapté à la flore présente, consultez le dépliant « Lutte contre les mauvaises herbes en prairies » édité par ARVALIS – institut du végétal.

Une des clés du sur-semis est l’accès à la lumière de la plantule. Il est donc nécessaire de réaliser cette opération sur une végétation rase, obtenue soit par un pâturage très ras (3 à 4 cm), soit par une fauche de refus. Si les résidus de fauche sont trop importants, leur récolte est nécessaire pour ne pas gêner le bon développement des légumineuses.

Les graines de légumineuses sont de petite taille et exigent un contact étroit graine/sol pour germer. Elles doivent donc être implantées avec un minimum de sol nu, de l’ordre de 10 %. Pour cela, il faut procéder, avant le semis, à un hersage énergique de la prairie avec un passage de herse à dents rigides ou de herse étrille. Ces outils éliminent facilement les plantes comme les pâturins, l’agrostis, les renouées… La herse ameublit également le sol et génère de la terre fine en surface.

Le jour du sur-semis : mettre la bonne dose avec un semoir bien réglé

La dose de légumineuses en sur-semis est identique à celle préconisée lors de l’implantation d’une nouvelle prairie. Il faut veiller à une répartition des graines la plus homogène possible pour limiter le développement des adventices.

Dans le cas de sur-semis avec des graines de différentes tailles, mettre dans le semoir au maximum la quantité nécessaire pour un hectare, pour éviter les phénomènes de sédimentation.

Avec un semoir adapté au semis direct, privilégier les modèles à faible écartement.

Avec un semoir à céréales, les descentes doivent être relevées ou repoussées.

Eviter les semoirs centrifuges ou les semoirs distributeurs d’anti-limaces pour lesquels la régularité de répartition des graines est très aléatoire.

À noter que les semences de légumineuses ont peu de réserve : elles ne doivent pas être semées à plus d’un centimètre de profondeur.

Rappuyer le sol après le semis

Il est nécessaire de bien rappuyer le sol après le semis pour favoriser un bon contact entre les graines et la terre, indispensable à leur germination. On peut utiliser des rouleaux ou, mieux encore, faire piétiner la parcelle par les animaux les jours suivants lorsque c’est possible.

Cette opération permet en outre de consommer la végétation encore présente et de favoriser l’accès à la lumière pour les futures plantules.

L’année qui suit le sur-semis, d’autres pratiques doivent être respectées pour que cette technique soit pleinement valorisée. Tout d’abord, il faut veiller à une exploitation rapide de l’herbe :

  • préférer une fauche précoce sous forme d’ensilage ou d’enrubannage ;
  • dans le cas d’une exploitation sous forme de pâturage, le déprimage et le retour rapide des animaux sur la parcelle sont à privilégier ;
  • supprimer la fertilisation azotée l’année du sur-semis.

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