Réduire la pression adventice dans les céréales en associant non-perturbation du sol et décalage de la date de semis
La gestion des graminées en céréales à paille constitue plus que jamais un enjeu majeur. La combinaison de plusieurs leviers reste la stratégie à privilégier. Les conditions actuelles sont favorables au travail du sol et à la levée des adventices. Mais pour limiter les levées de graminées dans la culture, il faut stopper le travail du sol 2 à 3 semaines avant semis et ne pas perturber le sol au semis.
Dans les parcelles de céréales à forte pression graminées, un des leviers à actionner est de décaler la date de semis à la première décade de novembre avec une variété adaptée. Pour les parcelles en non labour, un autre levier consiste à ne plus travailler le sol 2 à 3 semaines avant le semis et lors du semis. Attention toutefois, le bon enfouissement des graines doit être maîtrisé afin d’éviter les risques de phytotoxicité des applications d’herbicide racinaire qui suivront les semis.
Perturber le sol avant et au moment du semis impacte les levées dans la culture
La pluviométrie du mois de septembre a contribué au reverdissement des parcelles récoltées cet été. Depuis quelques jours, les conditions sont particulièrement propices aux opérations de travail du sol. Cela étant, en absence de labour, le travail du sol doit être réalisé rapidement pour ne pas favoriser la levée de graminées dans la future céréale. Le regroupement de 4 essais sur blé comparant des modalités avec ou sans perturbation du sol montrent une réduction des levées de graminées dans le blé lorsque le sol n’est pas perturbé avant et au moment du semis (figure 1). A noter que ces essais sont annuels et permettent uniquement de conclure sur l’effet à court terme des faux-semis. Des travaux sont en cours pour étudier leur effet à long terme.
Lire aussi : « Faux-semis : un levier à relativiser pour gérer les adventices dans la culture suivante »
Figure 1 : Levées de ray-grass pendant l’interculture et dans le blé suivant en fonction de la gestion de l’interculture et du semis – 4 essais entre 2007-2008 à Boigneville (91) et 2014-2015 à Crestot (27)
Ne pas perturber le sol lors du semis ou les jours précédents stimule moins les levées de graminées dans le blé. Ce phénomène est d’autant plus marqué que le sol n’a pas été travaillé pendant l’interculture, ce qui maximise le mulch de résidus présents en surface et limite la création de terre fine par les éléments semeurs.
Décaler les semis pour gérer des problématiques de désherbage
La recommandation de retarder les semis n’est pas de généraliser cette pratique à toutes les situations mais à réserver aux parcelles les plus infestées en graminées dont la gestion devient plus que problématique dans la région. De nombreux essais attestent que le décalage de la date de semis réduit drastiquement la pression, mais ne suffit pas toujours à lui seul.
Quel impact sur le rendement ?
ARVALIS a évalué les différents risques climatiques encourus par les céréales et leur évolution au cours des deux dernières décennies en Poitou-Charentes. L’accélération des cycles et l’avancée des stades permettent de préserver les potentiels de rendement sur des périodes plus tardives de semis d’une vingtaine de jours par rapport aux périodes optimales établies dans les années 90 (20-25 octobre). Seule réserve : le type de sol de la parcelle ne doit pas présenter de risques trop importants de non-accessibilité en cas de pluies au-delà du début novembre.
Figure 2 : Impact du décalage de la date de semis sur le rendement – essais ARVALIS Le Magneraud (17), 2020-2022, terres de groies, flore vulpins)
Combien de jours disponibles pour semer dans de bonnes conditions ?
Nous avons simulé avec le modèle JDispo d’ARVALIS le nombre de jours disponibles par décade pour semer sur trois cas-types régionaux (tableau 1). L’outil fonctionne à partir de contexte pédoclimatique (type de sol/capacité de ressuyage et relevés en fréquentiel 20 ans de station météo), de caractéristique du matériel (exigence par rapport à l’humidité du sol en profondeur).
A Niort, en groie moyenne, dans 80 % des cas, 7 jours sont disponibles pour semer entre le 20 et le 31 octobre, autour de 2 jours pour la première décade de novembre, et 4 pour la deuxième décade de novembre.
A Lusignan, en terre rouge, dans 80 % des cas, 5 jours de semis sont possibles entre le 20 et le 31 octobre et de 0 à quelques jours par décade en novembre. En médiane (1 année sur 2), ces valeurs sur le mois de novembre sont portées à 5 jours par décade (données non présentées dans le tableau 1).
A noter que ces résultats ont été simulés sans un travail du sol préalable, ce qui permet d’augmenter les possibilités.
Tableau 1 : Nombre de jours disponible pour semer du blé par décade en décile 2 (80 % des cas) sans travail du sol au préalable
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