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Rhône-Alpes

Maïs : les chrysomèles souvent en cause dans la verse observée après irrigation

Alors que des parcelles de maïs ont reçu des apports d’eau en début de semaine, des cas de verse se sont déclarés juste après. Il s’agit souvent d’un signe lié des dégâts de chrysomèles sur les racines. Quelles sont les conséquences possibles et que faire ?

Parcelle de maïs avec verse liée à la présence de chrysomèle, en juin 2025 en Rhône-Alpes (septoriose)

Des maïs fragilisés par la chrysomèle

Un orage ou une irrigation peuvent agir comme un révélateur, en entraînant une verse impressionnante des maïs. Toutefois, celle-ci est en réalité causée par des dégâts aux racines des plants qui limitent leur ancrage. La chrysomèle est souvent la responsable sur les parcelles cultivées en maïs depuis plusieurs années.

Verse de maïs de 4e année après une irrigation à Leyrieu (38) le 17/06/25 (photo Pierre Chavallard)
Verse de maïs de 4e année après une irrigation à Leyrieu (38) le 17/06/25 (© Pierre Chavallard)

Lorsque l’on prélève des maïs à la bêche et que l’on observe le système racinaire, il est possible de remarquer que les racines coronaires sont détruites, mangées par les larves de chrysomèle. A cette période, celles-ci peuvent encore être bien visibles. Comparer le système racinaire avec celui de plantes saines non versées peut permettre de mieux repérer les dégâts.

Maïs touché par la chrysomèle, sans lavage. Les racines coronaires sont manquantes (rouge), la plante émet de nouvelles coronaires (jaune) que des larves commencent à consommer également. Les larves peuvent être visibles en grattant le sol au pied des plantes – Leyrieu (38) 19/06/25  (© Ophélie Boulanger)
Maïs touché par la chrysomèle, sans lavage. Les racines coronaires sont manquantes (rouge), la plante émet de nouvelles coronaires (jaune) que des larves commencent à consommer également. Les larves peuvent être visibles en grattant le sol au pied des plantes – Leyrieu (38), 19/06/25 (© Ophélie Boulanger)
Après lavage, les dégâts sont encore plus visibles, ici deux couronnes racinaires sont complètement détruites, puis une nouvelle couronne de coronaires a été réémise par la plante - Alsace / mi-juillet 2024 (© Ophélie Boulanger)
Après lavage, les dégâts sont encore plus visibles, ici deux couronnes racinaires sont complètement détruites, puis une nouvelle couronne de coronaires a été réémise par la plante - Alsace / mi-juillet 2024 (© Ophélie Boulanger)
Maïs sans dégâts de chrysomèle : les racines sont bien développées (les racines coronaires ont été coupées pour observer les couronnes racinaires inférieures) - Alsace / juillet 2024 (© Ophélie Boulanger)
Maïs sans dégâts de chrysomèle : les racines sont bien développées (les racines coronaires ont été coupées pour observer les couronnes racinaires inférieures) - Alsace / juillet 2024 (© Ophélie Boulanger)

Quelle évolution de ces parcelles versées ?

Même si la verse est impressionnante, les maïs se redressent, plus ou moins rapidement, parfois de façon spectaculaire. Ils conservent cependant un bas de tige courbé et caractéristique en « col de cygne » et restent fragilisés. Un nouvel épisode de verse est possible en cas d’orage ou de vent violent.

Redressement rapide en deux jours des zones versées après irrigation : le bas de tige reste courbé, en « col de cygne » - Leyrieu (38), 19/06/25,  (© Pierre Chavallard)
Redressement rapide en deux jours des zones versées après irrigation : le bas de tige reste courbé, en « col de cygne » - Leyrieu (38), 19/06/25 (© Pierre Chavallard)

Lorsque l’irrigation a déclenché la verse, il peut être tentant de d’interrompre le tour d’eau, par peur d’amplifier les dégâts. Au contraire, il est très important dans les situations qui le nécessitent, d’apporter l’eau nécessaire à la plante. Une bonne alimentation hydrique est le principal facteur permettant au maïs de produire rapidement de nouvelles racines pour s’ancrer et s’alimenter.

En dehors de secteurs localisés touchés par des orages et ayant parfois reçu des cumuls importants, la pluviométrie a été assez limitée depuis le 10 mai. Les réserves utiles des sols en plaine de Lyon et plaine de l’Ain étaient souvent très entamées et les maïs commençaient à souffrir du stress hydrique, limitant leur capacité de compensation racinaire. Le premier tour d’eau reçu va être bénéfique en ce sens.

Evolution des attaques et incidence sur le rendement

Le stade larvaire de la chrysomèle s’achèvera bientôt avec l’émergence des adultes. Si les adultes peuvent être très visibles et facilement reconnaissables dans les parcelles, ils ne causent pas de dégâts sur maïs hybrides. Ils se nourrissent sur les feuilles puis les soies fraîches sans causer de problèmes de fécondation.

Les dégâts racinaires peuvent encore s’amplifier pendant environ une à deux semaines en lien avec l’alimentation des larves, avant que celles-ci ne forment leur nymphe (ou chrysalide) et que les adultes émergent. Pendant cette période, il y a une compétition entre la consommation de racines par les larves et la capacité du maïs à en produire de nouvelles. Par la suite, les nouvelles racines émises ne seront pas consommées.

Figure 1 : Cycle de la chrysomèle
Figure 1 : Cycle de la chrysomèle
Ce sont les larves qui causent les dégâts racinaires en mai-juin avant l'émergence des adultes à partir de fin juin.

L’impact sur le rendement est très difficile à prédire et dépendra des conditions de l’été, surtout en termes d’alimentation hydrique. En cas d’été très chaud et sec et d’irrigation limitante, l’impact sera beaucoup plus important que si l’été est arrosé et/ou l’irrigation non limitante. Dans des essais menés en Alsace en 2023 et 2024, l’impact sur le rendement de la chrysomèle était de 10 à 15 %, dans des conditions favorables (été sans gros excès de chaleur et avec irrigation). En conditions défavorables, l’impact peut être beaucoup plus conséquent, comme observé dans le Grésivaudan et en Combe de Savoie en 2022.

A retenir

> En cas de verse : regarder les racines des maïs, la chrysomèle est généralement à l’origine de dégâts importants.
> Poursuivre l’irrigation des maïs tout au long du cycle, même si cela provoque de la verse. Une bonne alimentation hydrique constitue le meilleur soutien possible à la croissance racinaire des maïs et à leur compensation.
> Il n’y a pas d’autre lutte ou méthode curative à mettre en place, car les dégâts sur racines ont déjà été causés.
> La chrysomèle ne se développe que dans les parcelles où du maïs est cultivé pendant plusieurs années de suite. Si de la verse est observée sur une parcelle avec un précédent autre que le maïs, la cause est à rechercher ailleurs (rhizoctone par exemple).
> Les adultes, même si très visibles, ne causent pas de dégâts importants. Leur suivi via le réseau de piégeage mis en place dans la région a pour but d’estimer un niveau de risque pour les maïs de l’année prochaine.

Si l’on se tourne vers la campagne prochaine :
- Ne surtout pas réimplanter de maïs en 2026 dans une parcelle ayant versé en 2025.
- Limiter le plus possible à trois années les successions de maïs, en coupant ensuite par un soja ou un blé par exemple, qui permettent de ramener la population de larves à 0 pour le maïs suivant.
- Appliquer un produit larvicide au semis des maïs avec un précédent maïs, même si l’efficacité n’est jamais totale. Force 1.5 G a montré la meilleure efficacité sur larves dans les essais, réduisant de près de 70 % le nombre d’adultes émergeant de la parcelle. Il n’est utilisable qu’un an sur trois : le réserver à la dernière année de maïs avant la rotation. Belem et Force 20 CS permettaient une régulation de l’ordre de 30 %, et peuvent apporter une protection sur des maïs de deuxième année. Il est inutile de lutter contre la chrysomèle au semis d’un maïs avec un précédent autre que maïs (soja, blé), car il n’y a pas de larve dans le sol. Selon les cas, une lutte contre un autre ravageur peut être nécessaire (taupin…).

Pour en savoir plus sur la chrysomèle et les résultats d’essais, consultez le guide régional « Choisir et Décider Maïs – région Est 2025 » (page 131).

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