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JNO : quels leviers de protection contre cette infection virale ?

La jaunisse nanisante de l’orge (JNO) est une maladie virale des céréales à paille, transmise par les pucerons. Description de la maladie et des moyens de protection présents et à venir en vidéo.

La JNO est une maladie virale transmise par les pucerons. Ceux-ci viennent sur les jeunes plantules à l’automne pour se nourrir de la sève élaborée. Ce faisant, ils peuvent inoculer des virus de la JNO. Quand la plante est contaminée, l’infection démarre. Le virus se multiplie dans le phloème, gênant voire obstruant la circulation de la sève. S’ensuivent des symptômes plus ou moins importants : décoloration des feuilles avec jaunissement ou rougissement, nanisme (tant des parties aériennes que souterraines), voire disparition de la plante entière (photos 1 et 2).

À gauche une plante normale. Plantes de plus en plus infectées en allant vers la droite
Photo 1 : À gauche une plante normale. Plantes de plus en plus infectées en allant vers la droite, crédit : ARVALIS.

À gauche une parcelle d’orge d’hiver fortement affectée par la JNO, à droite une parcelle indemne
Photo 2 : À gauche une parcelle d’orge d’hiver fortement affectée par la JNO, à droite une parcelle indemne, crédit : ARVALIS.

Une sensibilité à la JNO qui dépend des espèces de céréales

Toutes les céréales à paille ne présentent pas la même sensibilité à la JNO. Ainsi, l’orge d’hiver, qu’elle soit à six rangs (escourgeon) ou à deux rangs, est nettement plus sensible que le blé tendre d’hiver... d’où le nom de jaunisse nanisante « de l’orge ». En cas d’attaque importante, les symptômes vont jusqu’à la disparition des plantes pour l’orge, ce qui n’est pas observé en blé tendre.

La date de semis, levier principal

Quand les symptômes sont constatés en sortie d’hiver, il est trop tard pour agir. La protection est à raisonner bien avant, en commençant par des mesures préventives. Le levier date de semis est important même si son taux de réussite n’atteint pas 100 % !

L’activité des pucerons est favorisée par le beau temps et la chaleur. Les semis précoces sont ainsi plus fortement infestés par ces insectes : les populations sont plus importanteset leur durée de présence sur les plantes – jusqu’au premier vrai gel – est accrue. Tout cela augmente le risque de JNO.

Il est donc particulièrement recommandé de ne pas anticiper les semis dans les régions, comme l’ouest de la France, où les automnes sont doux et propices au développement des pucerons. ARVALIS fournit des préconisations régionales de dates de semis : ne pas les respecter, c’est se priver d’un levier important contre la JNO.

Le choix variétal, un levier robuste en orge fourragère

Autre levier préventif disponible sur orge : le choix variétal. Il existe déjà au catalogue de nombreuses variétés tolérantes à la JNO en orge fourragère six rangs, et quelques-unes en deux rangs. Concernant le débouché brassicole, aucune ne figure sur la liste des variétés préférées mais la demande est forte : cela devrait évoluer.

Pour le blé tendre d’hiver, s’il n’y a pour l’instant pas de variété résistante au catalogue français, il en est autrement au Royaume-Uni et en Australie par exemple : de quoi laisser envisager de belles perspectives à moyen terme.

La lutte génétique est un sujet travaillé depuis longtemps chez ARVALIS. La caractérisation des variétés, notamment sur leur sensibilité à la JNO, a pour objectif de mieux préconiser des variétés selon la région et la date de semis.

Protection insecticide : ne pas intervenir préventivement avec des produits de contact !

Après les moyens préventifs de protection, le dernier rempart contre la JNO concerne la maîtrise directe des pucerons. Il existe des produits efficaces et performants pour contrôler les infestations. À base de pyréthrinoïdes, ils agissent tous par « contact », et n’ont pas d’action préventive. Une intervention avant les infestations est donc inefficace. Ces produits sont à appliquer en présence de pucerons sur les plantes.
ARVALIS a établi les recommandations suivantes pour intervenir :
• soit lorsque 10 % des plantes sont infestées par les pucerons,
• soit lorsque des pucerons sont observés sur moins de 10 % des plantes mais pendant au moins 10 jours consécutifs.

Par ailleurs, s’appuyer sur une seule famille d’insecticide, celle des pyréthrinoïdes, peut accroitre le risque d’apparition de résistances. ARVALIS expérimente d’autres produits, conventionnels ou de biocontrôle. Ces travaux consistent non seulement à évaluer leur efficacité, mais aussi à définir les conditions optimales d’application car leurs modes d’action diffèrent.

Connaître son ennemi

Les moyens de protection, préventifs ou directs, ont fait l’objet de nombreuses expérimentations démontrant leur intérêt. Mais des questions plus fondamentales restent actuellement sans réponse comme la connaissance exacte des différentes espèces virales présentes sur notre territoire, et leurs rôles spécifiques dans les dégâts observés. Leur identification et leur quantification dans les plantes ainsi que dans les pucerons vecteurs est nécessaire dans l’évaluation de nouveaux moyens de lutte (génétique, plantes de services…). ARVALIS souhaite poursuivre ses travaux en collaboration avec l’Inrae pour mieux caractériser et quantifier les virus, puis développer des outils d’analyse pour améliorer la protection contre cette maladie à fort impact économique.

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