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Messagerie Lorraine - Fertilisation du blé : priorité à l’azote du sol

Plus que jamais, le contexte économique actuel pousse à valoriser au mieux chaque unité d’azote apportée. Une recommandation particulièrement vraie pour le premier apport : l’engrais minéral ne doit être apporté qu’en complément de l’azote déjà présent dans le sol sur des céréales en tallage dont les besoins sont faibles.

Raisonnement des apports d’azote sur blé en 2022 en Lorraine

Pour connaître la quantité d’azote présente dans le sol en sortie d’hiver, variable selon les années, le type de sol et les pratiques, des prélèvements doivent être réalisés. Les premiers résultats 2022 permettent d’ajuster les recommandations.

Il est parfois possible de faire l’impasse sur le premier apport, car il est en général mal valorisé. Les fournitures du sol peuvent être suffisantes à ce stade, et sont donc à prendre en compte dans le raisonnement. Si l’on regarde les besoins en azote d’un blé au cours de son cycle, ils sont faibles au stade tallage, de l’ordre de 50 kg d’azote et augmentent rapidement à partir du stade épi 1 cm. C’est cette dynamique d’absorption qui permet de comprendre pourquoi plus l’azote est apporté tard, mieux il est valorisé. Cette efficience de l’azote est mesurée grâce à un coefficient, le Coefficient Apparent d'Utilisation de l'azote (CAU), qui renseigne sur la proportion d’azote que la plante a absorbé par rapport à ce qui lui a été apporté. Ce CAU est en moyenne de 60 % pour le premier apport.

Figure 1 : Coefficient apparent d'utilisation (CAU) de l'azote selon le positionnement de l’apport
Evolution du CAU selon l’apport

Des reliquats sortie d’hiver dans la moyenne

Avec des conditions favorables à la minéralisation cet automne et des cumuls de pluies hivernales proches de la moyenne, les premiers résultats de reliquats sont en tendance proches de ceux observés ces dernières années, voire supérieurs.

Dans le réseau d’observation lorrain, nous pouvons distinguer les valeurs de reliquats selon les types de sol. Dans les sols profonds, ils sont de l’ordre de 50 à 60 kg d’azote sur les 60 premiers centimètres du sol. Pour les sols superficiels, naturellement plus exposés au lessivage et à la minéralisation moins intense, les reliquats ne dépassent pas 20 kg. L’apport de fumier et la présence de légumineuses dans la rotation contribuent à augmenter cette moyenne.

Cet azote présent sous une forme disponible pour les plantes se répartit dans les différents horizons du sol de façon homogène.

A noter que la pratique de prélèvement de reliquats est en hausse cette année, ce qui permettra d’ajuster plus finement le bilan !

Il n’y a pas d’inquiétude à avoir en ce qui concerne l’effet des pluies tombées entre fin janvier et début février après le prélèvement d’échantillons de sol : elles n’ont finalement qu’un impact réduit en termes de lessivage de l’azote vers des horizons trop profonds pour les racines.

S’adapter à l’année pour assurer une bonne alimentation azotée des plantes

En termes de préconisations pour le printemps, le positionnement d’un premier apport peut se faire sur la base d’un reliquat mesuré ou estimé dans la parcelle.

En situation de sol avec un reliquat supérieur à 50-60 unités (exemple = sols profonds à bonne teneur en matière organique, limons argileux, avec apports de Produits Résiduaire Organique (PRO), légumineuses dans la rotation…)

La probabilité est forte que les fournitures du sol soient actuellement supérieures à 50-60 unités dans les 60 premiers centimètres. Le blé est actuellement correctement alimenté, il n’est pas nécessaire d’envisager un apport complémentaire.

Il est judicieux de reporter ce premier apport vers le 10 mars, en anticipant une période de sec de plus en plus fréquente aux alentours du stade épi 1 cm. La préconisation évolue vers un fractionnement en deux apports égaux de l'apport principal prévu au stade épi 1 cm, en encadrant le stade de plus ou moins 10 jours (date d’apparition moyenne du stade entre le 25 et le 30 mars).

En situation de sol avec un reliquat inférieur à 50 unités (exemple = argilo-calcaire superficiels, sans apport de PRO…)

Dans les situations de sols superficiels qui ne permettent pas de stocker durablement de l’azote, ou avec peu d’apport de produit organique, il est préconisé de réaliser un premier apport de l’ordre de 40 kg N/ha à partir de début mars.

Les dangers d’apporter trop d’azote trop tôt

Un apport trop conséquent ou non justifié est souvent préjudiciable et pas seulement d’un point de vue économique : augmentation du risque de verse et de maladies (oïdium). Plus la céréale trouve de l’azote en abondance au stade jeune, plus elle favorise sa croissance foliaire et réduit sa croissance racinaire. En situation de stress hydrique notamment en fin de cycle, forcer sur l’azote au départ fait visuellement de beaux blés, mais qui rencontrent des difficultés à s’alimenter par la suite. D’autant plus que cette année, il a déjà été constaté des problèmes d’enracinement liés à la structure du sol.

Article rédigé par ARVALIS - Institut du végétal en partenariat avec le groupe régional Azote (CAL, CRAGE, Emc2, GPB, Lorca)

 

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