Comment valoriser les engrais de ferme avant un maïs ?
Utilisés à bon escient, les effluents d’élevage ou engrais de ferme sont très bien valorisés par le maïs. Ils permettent une économie importante sur le poste achat d’engrais. Si les conditions de portance des sols sont favorables, il est déjà temps de réaliser l’épandage des fumiers. Les lisiers et fumiers de volailles peuvent attendre, au plus près du semis et devront impérativement être enfouis sitôt épandus.
La bonne valorisation de l’azote dépend du type de produit et du mode d'épandage
Epandre les fumiers de bovins 1,5 à 2 mois avant les semis de maïs
Dans les fumiers, l’azote est majoritairement présent sous forme organique et une partie seulement (de l’ordre de 30 % pour un fumier de bovins) sera disponible pour la culture de maïs qui suivra l’épandage. L’azote sous forme organique nécessite une phase de transformation avant d’être assimilé, sous forme nitrate, par les racines du maïs. Le temps nécessaire à ce processus est fonction de la composition du fumier (rapport C/N). C’est pour cette raison qu’il est recommandé d’épandre les fumiers 1,5 à 2 mois avant le semis, voire avant quand il s’agit d’un fumier frais et pailleux (C/N élevé).
Un épandage trop tardif risque d’induire des effets dépressifs sur la culture, liés à la décomposition des pailles et à l’organisation de l’azote. Cette dernière ne sera pas terminée au stade 8-10 feuilles, début de l’absorption importante de l’azote par le maïs.
Si les sols ne sont pas suffisamment ressuyés avant cette date, il est toujours préférable d’attendre, au risque de provoquer des tassements très préjudiciables à l’enracinement de la culture.
Incorporer les lisiers et fumiers de volailles dans les 2-3 heures qui suivent l’épandage
Dans les lisiers et les fumiers de volailles, l’azote est majoritairement présent sous forme ammoniacale. Cette forme est rapidement disponible pour la culture, mais elle est aussi très sensible à la volatilisation dans l’atmosphère. Ainsi, en conditions de sol sec, de temps venteux et ensoleillé, les pertes par volatilisation peuvent aller jusqu’à 50 %. Un enfouissement entre 5 et 10 cm de profondeur, si possible dans les 2-3 heures après épandage, permet de limiter les pertes de 60 à 100 % et de réaliser des économies d’engrais substantielles.
Pour une efficacité optimale, ces produits doivent être épandus au plus proche du semis. Un lisier apporté au stade 6-8 feuilles, incorporé par un binage ou injecté dans l’inter-rang, sera également très bien valorisé.
Tenir compte des autres éléments apportés par les engrais organiques
Phosphore et potassium des Pro : même efficacité qu’un engrais minéral
Par rapport au phosphore minéral, l’efficacité du phosphore d’un engrais de ferme est comprise entre 70 et 95 % l’année de l’apport, selon les produits. Après un an de présence dans le sol, le phosphore a le même effet sur l’enrichissement du sol que les engrais phosphatés solubles dans l’eau.
Quant au potassium contenu dans les engrais de ferme, il a exactement la même efficacité que celui contenu dans les engrais minéraux.
Tableau 1 : Valeurs moyennes des besoins totaux en azote (plante entière) et des exportations en phosphore et potassium du maïs fourrage
Les teneurs seuils (proposées par la méthode COMIFER) permettant de calculer les doses de phosphore et de potassium ont été réévaluées récemment. A noter que le maïs fourrage est une culture moyennement exigeante en P2O5 et K2O, tandis que le maïs grain est faiblement exigeante en P2O5 et moyennement exigeante en K2O.
Lire aussi : Connaître les teneurs seuils en phosphore et potassium selon son sol
Des économies de soufre et d’amendement basiques
Tous les engrais de ferme contiennent aussi des oligoéléments, tel que le soufre, nécessaires dans les rotations avec céréales, colza ou prairies, et des bases calciques qui contribuent à limiter l’acidification naturelle des sols. Ainsi, les épandages d’effluents d’élevage permettent de réduire significativement les apports d’amendements basiques. Sur les parcelles recevant régulièrement des fumiers ou des lisiers, un apport de 100 à 150 kg CaO/ha/an suffit pour compenser l’acidification naturelle, au lieu de 200 à 300 kg CaO/ha/an habituellement nécessaires.
Un suivi régulier du pHeau est conseillé, au moins tous les 5 ans.
Points clés pour une valorisation maximale des engrais de ferme
- Epandre les fumiers de bovins 1,5 à 2 mois avant les semis de maïs.
- Incorporer les lisiers et fumiers de volailles dans les 2-3 heures qui suivent l’épandage.
- Faire analyser régulièrement ses fumiers et lisiers pour ajuster les quantités apportées.
- Tenir compte de tous les éléments apportés (NPK et soufre, magnésium, oligo-éléments, bases calciques) dans la stratégie de fertilisation et de chaulage de la rotation.
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