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Céréales en stress hydrique : envisager d’irriguer dans les sols superficiels et moyens

Après un mois d’avril chaud et sec, les stades des céréales ont bien avancé, avec des blés déjà au stade épiaison.  Bien que les pluies orageuses aient permis de réalimenter certaines parcelles, il reste des situations où les réserves facilement utilisables sont presque atteintes. Faut-il irriguer dans ce cas ? Quelques éléments de réponse pour déclencher le tour d’eau au bon moment.

irrigation avec un canon d'une parcelle de blé, juste avant épiaison, dans le Limousin

Une avancée rapide des stades, cumulée à une vidange du réservoir utilisable

Les blés sont actuellement entre les stades dernière feuille étalée et épiaison suivant les dates de semis et la précocité des variétés, qui ont progressé très vite à la faveur du temps chaud et ensoleillé des dernières semaines. Il s’agit d’une période où la sensibilité de la céréale au manque d’eau est à son apogée, et ce, jusqu’au stade floraison, en impactant la fertilité des épis, puis le PMG (poids de mille grains) si le stress se poursuit. A ce stade et avec nos températures, les céréales à paille consomment environ 3,5 mm et 4 mm par jour.

Les orges de printemps se situent quant à elles aux stades dernière feuille étalée à gonflement pour les semis de février, et en pleine montaison pour les semis de mars.

En parallèle, les conditions depuis début mars ont dégradé les bilans hydriques avec de fortes ETP (évapotranspiration), sans pluies significatives depuis le 20-25 mars (contexte proche de 2020, figure 1) – à nuancer selon les pluies de début mai, avec des orages très localisés sur les secteurs nord Loiret, sud Eure-et-Loir et Auvergne (hors bocage bourbonnais) (figure 2). De plus, les implantations parfois compliquées dans les parcelles limoneuses ou hydromorphes à l’automne ont pu engendrer des enracinements réduits, impactant l’accès au réservoir facilement utilisable et rendant les cultures plus sensibles au stress hydrique cette année (en moyenne : 5-9 q/ha pour 30 mm selon les sécheresses et les espèces).

Figure 1 : Evolution du remplissage du réservoir utilisable d’un limon argileux (120 mm) à Orléans (45) et comparaison à l’historique
Figure 1 : Evolution du remplissage du réservoir utilisable d’un limon argileux (120 mm) à Orléans (45) et comparaison à l’historique
Figure 2 : Carte des pluies (mm) du 2 au 4 mai 2025
Figure 2 : Carte des pluies (mm) du 2 au 4 mai 2025
source des données : Météo France

La réserve facilement utilisable est franchie en sols superficiels et moyens

D’après les simulations Irré-LIS®, confirmées sur certains sites par des suivis avec des tensiomètres, la réserve facilement utilisable (RFU) est atteinte dans les sols superficiels et moyens de la région (< 120 mm de réserve utile (RU)). Si les conditions actuelles sont plutôt défavorables à l’irrigation (vent !), un premier tour d’eau peut être prévu sur blé en l’absence de pluies ce week-end. Pour les sols plus profonds, il convient d’attendre des prévisions météo futures pour arbitrer. Dans tous les cas, les céréales restent sensibles au stress hydrique jusqu’à grain pâteux, une irrigation post-floraison des blés (au début du remplissage) peut être très bien rentabilisée.

Précaution tout de même sur l’irrigation autour de la floraison des blés pouvant favoriser l’expression des fusarioses : préférer un passage juste avant épiaison pour couvrir les besoins, passage proscrit en blé dur à ce stade.

Figure 3 : Bilan hydrique pour la variété Complice, semis du 15 octobre, argilo-calcaire moyen (RU = 105 mm ; RFU = 70 mm) à Bourges (18)
Figure 3 : Bilan hydrique pour la variété Complice, semis du 15 octobre, argilo-calcaire moyen (RU =105 mm ; RFU = 70 mm) à Bourges (18)
Figure 4 : Bilan hydrique pour la variété Anvergur (blé dur), semis du 10 novembre, limon argileux (RU =115 mm ; RFU = 75 mm) à Ouzouer-le-Marché (41)
Figure 4 : Bilan hydrique pour la variété Anvergur (blé dur), semis du 10 novembre, limon argileux (RU =115 mm ; RFU = 75 mm) à Ouzouer-le-Marché (41)
Figure 5 : Bilan hydrique pour la variété Chevignon, semis du 30 octobre, argilo-calcaire (RU = 130 mm ; RFU = 80 mm) à Sardon (63)
Figure 5 : Bilan hydrique pour la variété Chevignon, semis du 30 octobre, argilo-calcaire (RU =130 mm ; RFU = 80 mm) à Sardon (63)

Pour les orges de printemps, les situations les plus précoces arrivent à gonflement, et atteindront le bas de RFU début de semaine prochaine, justifiant un premier tour d’eau. Les semis de mars entrent en début de sensibilité.

Figure 6 : Bilan hydrique pour la variété RGT Planet (orge de printemps), semis du 20 février, argilo-calcaire profond de Beauce (RU = 105 mm ; RFU = 70 mm) à Pithiviers (45)
Figure 6 : bilan hydrique pour la variété Rgt Planet (orge de printemps), semis du 20 février, argilo-calcaire profond de Beauce (RU =105mm ; RFU = 70 mm) à Pithiviers (45)

Pour résumer

Sur sols profonds (RU > 120 mm)

Les cultures ne sont pas encore en stress, hormis en Auvergne à attendre la semaine 20, et en fonction des stades et des pluies potentielles du week-end, décider d’un tour d’eau ou report en post-floraison.

Sur sols superficiels et moyens

Les cultures sont rentrées en stress, un tour d’eau de 20 à 30 mm peut être positionné en l’absence de pluies dès que les conditions deviennent favorables (moins de vent), en priorisant :

1 - Les sols les plus superficiels

2 - A stade équivalent

  • les blés durs (attention au stade floraison),
  • puis les blés améliorants par rapport aux blés tendres (prix de vente moins élevé, ce qui rend un tour d’eau rentable uniquement si le coût de l’eau est inférieur à 30 centimes du mètre-cube, et plus grande capacité de compensation).

3 - Se tenir prêt à irriguer les orges de printemps à partir du stade 2-3 nœuds : les orges compensent moins et sont plus dépendantes de la composante « nombre d’épis/ m² ».

En fonction des pluies prévues autour du 10-15 mai : décaler le tour d’eau en conséquence (rappel, les céréales consomment 3,5 à 4 mm/j), voire report en post-floraison.

Enfin, si le dernier apport d’azote ou une intervention fongicide est prévue, les réaliser avant le tour d’eau (au plus tôt 24 h après le passage fongicide).

Pour calculer les valeurs du réservoir utilisable et facilement utilisable d’un sol, utiliser l’OAD « Mon RU », disponible en ligne Mon Réservoir Utilisable - Estimez la capacité de rétention en eau de votre sol.

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