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Poitou-Charentes

Céréales : de faibles besoins d’azote actuellement couverts par les fournitures du sol

L’azote présent dans le sol et la minéralisation qui va reprendre avec les températures plus douces sont largement suffisants pour couvrir les faibles besoins des cultures dans les prochaines semaines.

Blé tendre en Poitou-Charentes, janvier 2025

Quelles interventions pour assurer rendement et qualité ?

Avant toute intervention, il est indispensable d’attendre un bon ressuyage des sols pour ne pas dégrader leur structure. Dans un sol saturé d’eau, les plantes plus ou moins asphyxiées ne se développent pas. Leurs besoins en éléments minéraux sont très fortement réduits.

Par ailleurs, certaines structures de sol sont déjà fragilisées actuellement (par les conditions de la campagne précédente et/ou des conditions d’implantation de cet automne) : aucune intervention en passage « limite » pour des apports d’azote !

Si les parcelles sont sales, les désherbages de rattrapage devront être réalisés dès que les conditions climatiques favorables seront réunies et cela avant tout apport d’engrais. Ceux-ci favoriseraient le développement des adventices et rendraient plus difficile leur contrôle.

Aucun apport d’azote n’est nécessaire dans les deux prochaines semaines, au moins, à venir. Il n’y a aucun impératif technique à apporter de l’azote le 1er février, date possible règlementairement. Par ailleurs, l’épisode pluvieux, annoncé à partir de cette semaine avec des températures plus douces, permettra aux cultures de valoriser l’azote du sol qui couvrira amplement les besoins des cultures au moins jusqu’à mi-février, et au moins fin février pour les sols de limons.

La forme d’engrais (ammonitrate, urée, solution adjuvantée ou pas) n’entraîne pas de retard dans la valorisation de l’engrais et ne nécessite pas d’anticipation de la date d’apport. La recommandation précédente s’applique donc quelle que soit la forme prévue.

Aucune décoloration visuelle !!!

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Bande double densité en parcelle de blé tendre semée le 24 octobre en groie moyenne à Chaillé (17) - photo du 21 janvier 2025

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Bande double densité en parcelle de blé dur semée le 24 octobre en groie moyenne à Chaillé (17) - photo du 21 janvier 2025

Pourquoi ?

Les semis d’octobre ont particulièrement profité de la douceur de novembre (les cumuls de températures sont actuellement supérieurs à la médiane d’environ 50 degrés), ce qui est moins le cas des semis plus tardifs de mi-novembre (cumuls de températures actuellement proches de la médiane). Les pluies cumulées dépassent la médiane actuellement, avec des enchaînements très contrastés : mi-octobre pluvieux, novembre et décembre en tendance sec, début janvier nouvel épisode pluvieux. Selon les secteurs, les cumuls sont très variables, notamment sur janvier (carte 1). Depuis le 1er octobre, les cumuls varient de 220 mm sur le sud-ouest de la région à 440 mm sur certains postes touchés par des épisodes orageux plus abondants.

On constate deux grandes situations cette année :

1. Dans les sols ressuyant bien, la plupart des semis ont pu être réalisés entre mi-octobre et mi-novembre. Les températures très douces de novembre ont assuré de très bonnes levées et une installation rapide des cultures pour l’ensemble de ces semis, qui représentent la majorité des situations en Poitou-Charentes. Les désherbages précoces ont pu être réalisés le plus souvent dans de bonnes conditions. La plupart de ces parcelles sont aujourd’hui dans un état très satisfaisant : adventices contrôlées (mais restent toujours des situations de fortes pressions de ray-grass non contrôlées en cette sortie d’hiver – avec des relevées) et surtout peuplement et croissance très satisfaisants, voire surabondant favorisant le risque de verse notamment.

Dans ces situations, les céréales sont bien tallées mais n’ont pas encore décollé au niveau de l’épi même si on peut observer du redressement pour des variétés très précoces ou très denses. Elles ont d’ores et déjà absorbé des quantités d’azote importantes (souvent plus de 20/30 kg N/ha). Les cumuls de températures de ces situations sont légèrement supérieurs à la médiane mais cet excès de températures cumulé est surtout dû à la douceur de novembre. Le climat de janvier calme le jeu. Actuellement, ces situations peuvent attendre la troisième décade de février avant tout apport. En effet, le retour de la douceur dans les prochains jours favorise suffisamment la minéralisation pour couvrir les besoins encore modérés des céréales à cette époque de l’année. Le déclenchement et la détermination de la dose à apporter seront ajustés selon les prévisions météorologiques de la fin février.

  • La minéralisation, aussi bien de l’humus du sol que des résidus des précédents ou des matières organiques apportées, est d’un bon niveau, permettant ainsi de couvrir les besoins actuels des céréales à paille qui ne dépassent pas 20-30 kg N/ha.
Figure 1 : Exemple sur une parcelle semée le 24/10 à Chaillé (17) en groies moyennes (précédent pois - 26 q)
Figure 1 : Exemple sur une parcelle semée le 24/10 à Chaillé (17) en groies moyennes (précédent pois - 26q) : la minéralisation de l’humus compense les pertes par lixiviation qui ont pu intervenir mi-octobre et début janvier - Outil CHN d’ARVALIS
La minéralisation de l’humus compense les pertes par lixiviation qui ont pu intervenir mi-octobre et début janvier - Outil CHN d’ARVALIS
  • La lixiviation de l’azote et du soufre présents dans le sol est conséquente sans être au niveau de la campagne précédente dans les sols les plus superficiels, en lien avec la forte pluviométrie de début janvier ; mais il faut noter qu’elle est bien plus tardive que l’année dernière.
  • Le temps froid de ces derniers jours de janvier se traduit par des besoins très faibles des cultures.

2. Sur les secteurs plus arrosés, notamment dans les sols à ressuyage plus lent, ainsi que dans les marais, les semis ont été réalisés tardivement, voire certains secteurs non semés. Dans un certain nombre de cas (sols hydromorphes, secteurs très arrosés, structures de sol endommagées par les difficultés de la campagne 2024…), des ennoiements plus ou moins prononcés sont survenus avec les épisodes pluvieux de décembre. Dans ces conditions difficiles, l’enracinement restera déficient et l’absorption d’azote sera pénalisée tout au long du cycle de la culture.

Dans ces situations, un apport modéré au tallage est justifié. Les céréales sont actuellement à 2-3 feuilles. Les besoins en azote sont très faibles, on pourra accompagner leur alimentation courant février en plein tallage quand la portance des sols le permettra, avec un apport de 30 à 40 unités.

Carte 1 : Cumul de précipitations en Poitou-Charentes et Vendée entre le 1er octobre 2024 et le 18 janvier 2025
Carte 1 : Cumul de précipitations en Poitou-Charentes et Vendée entre le 1er octobre 2024 et le 18 janvier 2025
Carte 2 : Cumul de précipitations en Poitou-Charentes / Vendée entre le 1er et le 18 janvier 2025
Carte 2 : Cumul de précipitations en Poitou-Charentes / Vendée entre le 1er et le 18 janvier 2025

Message rédigé par ARVALIS  avec l’appui des techniciens des Chambres d’Agriculture de Charente-Maritime et Deux-Sèvres, OXAGRI, Coopérative de Mansle, Coopérative de Matha, Groupe Isidore, Groupe Piveteau, NEOLIS et Océalia.

Projet FERTISOL NA financé par les partenaires du projet et la région Nouvelle-Aquitaine

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