Blé tendre : attention au risque maladies

Une densité record de tiges cette année

La médiane des parcelles de blé se trouve au stade 2/3 nœuds. Certaines parcelles approchent déjà le stade dernière feuille pointante. Les conditions climatiques douces de l’hiver/automne ont mené à une apparition du stade épi 1 cm légèrement plus précoce que la médiane, notamment pour les parcelles semées tôt, avec entre 10 et 15 jours d’avance. Ces mêmes conditions ont également mené à des densités de tiges records en sortie d’hiver, qui n’ont que très peu régressé étant donné le bon état de nutrition hydrique et azotée des céréales (il est commun de trouver des parcelles à plus de 1000 tiges/m² cette année).

Ces densités atypiques, le maintien des inoculums avec l’hiver doux et les pluies fréquentes depuis le début de la phase de montaison sont autant de facteurs qui favorisent le développement des maladies.

Rouille jaune : avec la fraîcheur, la vigilance reste de mise

Le premier critère qui détermine le risque rouille jaune reste la sensibilité variétale, mais le climat rencontré explique également le risque. En effet, l’alternance humidité/températures fraîches (l’optimum de développement du champignon se trouve autour de 7/12°C) est favorable au développement de la maladie. Campesino (4*), Mutic (5*) ou encore Celebrity (6*) sont à surveiller en priorité au vu de leurs sensibilités.

Retrouvez la sensibilité de chaque variété en consultant les fiches variétés.

Bien que le risque d’apparition de la rouille jaune soit bien plus faible que l’année de référence haute de 2014 ou celle de l’année passée, quelques symptômes sont actuellement signalés, principalement sur variétés sensibles (semis précoces). A noter que dans les situations où une strobilurine et/ou une triazole ont déjà été utilisées en T1, le risque d’apparition de foyers de rouille jaune est réduit, ces familles étant efficaces sur cette maladie à incubation longue (30 à 60 jours d’incubation).  Le tébuconazole reste la triazole la plus efficace sur rouilles.

Pustules de rouille jaune sur Amboise, récolte 2022, Marne

*note de sensibilité variétale à la rouille jaune

Septoriose : son retour après quelques années de détente

On se souvient d’une présence de septoriose assez marquée sur les feuilles sénescentes lors de cette sortie d’hiver. Il s’agit de l’inoculum primaire, en quantité importante cette année d’après le modèle Septo-LIS^®.

Le retour des précipitations depuis début mars a été favorable au développement de cet inoculum sur les feuilles du blé. C’est cependant à partir du stade 2 nœuds (F2 définitive pointante) que la surveillance est de mise. L’objectif est de limiter le développement de la septoriose sur les dernières feuilles pour ne pas pénaliser le rendement.

Certaines des parcelles les plus précoces et implantées avec une variété sensible ont déjà fait l’objet d’un déclenchement de T1 selon Septo-LIS^®. Les parcelles plus tardives ou implantées avec des variétés résistantes sont pour le moment moins exposées : le risque sera à réévaluer dans les prochains jours et l’impasse T1 sera à raisonner en fonction de l’évolution de la météo et des symptômes sur la F4 définitive. Pour rappel, le traitement pivot est le traitement à dernière feuille étalée.

Aschochy-quoi ? Aschochyta !

De nombreux questionnements existent cette année concernant des taches ovoïdes sur blé, à fond blanchâtre et qui parfois arborent des « points noirs », souvent en faible densité. Le doute existe souvent avec de la septoriose, mais vos yeux aguerris ne s’y trompent pas. Il peut s’agir d’un champignon secondaire : Aschochyta.

Celui-ci génère des nécroses blanches, parfois très grandes et sans forme prédéfinie, entourées d’un halo foncé plus ou moins marqué. Au sein des nécroses, on retrouve parfois des pycnides, mais qui paraissent en plus faible densité que sur la septoriose. Ce champignon se rencontre uniquement en conditions fraîches et humides. L’année est donc très propice. Néanmoins, sa nuisibilité faible ne nécessite pas d’intervention spécifique.

Feuille de LG Audace prélevée le 17 avril 2023 (Marne)

Seule une analyse des spores à la loupe binoculaire après incubation des taches en chambre humide permet de valider le diagnostic d’Aschochyta.

En cas de doute, n’hésitez pas à nous contacter et nous faire parvenir des photographies.