Agriculteurs, jardiniers : quand la gestion du mildiou devient collective

« Pour limiter la propagation, adoptez les bons réflexes ». Cette campagne en faveur des gestes barrières lors de l’épidémie de covid-19 fonctionne tout aussi bien pour lutter contre le mildiou, maladie la plus nuisible sur pomme de terre. En effet, la gestion de l’inoculum primaire, responsable des épidémies précoces, est d’autant plus efficace lorsqu’elle est coordonnée par l’ensemble des cultivateurs de pomme de terre d’un territoire… Agriculteurs comme jardiniers amateurs !

Valider et diffuser les recommandations prophylactiques

Cette approche innovante, qui veut créer des synergies entre professionnels de l’agriculture et société civile, a été imaginée par ARVALIS et ses partenaires dans le cadre du projet SYNAPTIC¹. Il a notamment permis de recenser et diffuser l’ensemble des mesures prophylactiques éprouvées pour limiter la propagation de l’inoculum primaire. Celles-ci rassemblent la destruction des repousses, l’évacuation et la gestion des déchets de la campagne précédente, ou encore la rotation, y compris dans le potager.

Une vitrine variétale pour sensibiliser

Agriculteurs et jardiniers ont par ailleurs été invités à découvrir la vitrine variétale du Lycée horticole de Lomme (59), afin de les sensibiliser à l’existence de résistance au mildiou. « Une variété de sensibilité intermédiaire peut permettre de repousser la date du premier traitement fongique et/ou de réduire la dose des premiers traitements », souligne Pierre Deroo, ingénieur R&D chez ARVALIS. L’occasion également pour les jardiniers de découvrir quelques variétés de patate douce, espèce non-hôte du mildiou, et constituant une alternative originale à la pomme de terre.

Un impact potentiel sur l’environnement très important

« Combiner ces différents leviers peut permettre de réduire les intrants fongiques de 50 à 80 % », insiste Pierre Deroo. De quoi avoir un réel impact sur le bilan environnemental de la culture, la lutte contre le mildiou représentant aujourd’hui 70 % des traitements phytosanitaires de la pomme de terre. 

Démontrer le potentiel culinaire des variétés résistantes

Quid de la qualité gustative de ces variétés ? Cette question - légitime - que se posent les cultivateurs de pomme de terre a été abordée lors d’un atelier culinaire en présence d’un duo de chefs-maraîchers. La diversité des recettes, y compris à base de patate douce, a montré que l’on pouvait choisir une variété résistante sans pour autant changer sa façon de cuisiner. Une approche originale et impactante de favoriser le développement d’une stratégie collective en faveur de l’environnement et de la qualité.  

¹ Le projet SYNAPTIC (2021-2024), piloté par ARVALIS, rassemble la Chambre d’agriculture des Hauts-de-France, JUNIA-ISA Lille, l’INRAe, et la FREDON Nord-Pas-de-Calais. Cette action est  pilotée par les Ministères de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire (MASA), de la Transition écologique et de la Cohésion des Territoires (MTECT), de la Santé et de la Prévention (MSP) et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MESR), avec l’appui financier de l’Office Français de la Biodiversité, dans le cadre de l’APR « Produits phytopharmaceutiques : de l’exposition aux impacts sur la santé humaine et les écosystèmes », grâce aux crédits issus de la redevance pour pollutions diffuses attribués au financement du plan Écophyto II+.