Visite d'essai Cultures fourragères d'été - Ferme Expérimentale des Bordes (36)
JEU LES BOIS (36)
Visite d'essai sur les cultures fourragères d'été
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Sorgho fourrager Monocoupe : ce qu’il faut retenir
Le choix variétal d’un sorgho fourrager monocoupe sera primordiale pour sa conduite au champ et son intégration dans le système d’alimentation. Chaque année, les résultats des variétés inscrite au catalogue français sont publiés dans la synthèse « Choisir et décider » en accès libre sur le site d’ARVALIS. Le premier critère de sélection sera la valeur énergétique (UFL) des différentes variétés, qu’il faudra mettre en adéquation avec les besoins nutritionnels des animaux. Ensuite, selon le type de fourrage recherché pour les rations, vous pourrez choisir entre :
- Un sorgho à panicule fertile avec de bonne teneur en amidon pour un fourrage se rapprochant d’un maïs,
- Un sorgho à panicule fertile avec peu d’amidon, mais plus de sucres solubles, ou mâle stérile ou photopériodique sensible pour une diversification des sources d’énergie dans la ration.
Cependant, il convient de noter que les variétés photopériodiques sensibles atteignent très rarement une teneur en matière sèche supérieure à 25% à la récolte si elles sont cultivées seules, ce qui entraîne un risque de pertes de jus au silo. Selon sa zone géographique, il faudra également veiller à choisir une variété plus ou moins facile à élever en teneur en matière sèche à la récolte. La sensibilité à la verse sera également un critère de choix pour les parcelles exposées aux intempéries.
Pour exprimer pleinement les potentiels de cette culture il faudra un semis de qualité et un démarrage rapide, ce qui facilitera la gestion des adventices parfois compliquée avec des levées hétérogènes. Il est recommandé de semer dans un sol bien réchauffé (12°C), soit 7 à 21 jours après les semis de maïs selon l’année et la région. La récolte du sorgho fourrager monocoupe se fera 15 à 30 jours plus tard que celle du maïs, permettant au sorgho de profiter de l’arrière-saison pour accumuler davantage de biomasse. Dans les contextes pédoclimatiques limités, le sorgho fourrager monocoupe peut rivaliser avec le maïs fourrage, voire le surpasser.
Cultures fourragères estivales multicoupes
Les sorghos multicoupes, millet perlé, moha ou encore teff grass sont autant de cultures fourragères d’été sur lesquelles les interrogations vont bon train afin d’adapter nos systèmes fourragers au contexte de changement climatique. Implanter deuxième quinzaine de mai - pas trop tôt pour intervenir sur un sol suffisamment réchauffé, ni trop tard pour mettre toutes les chances de notre côté pour réussir la levée - ce type de culture doit faire partie intégrante du système fourrager d’une exploitation. Insérées entre deux prairies, lorsque celle-ci est en fin de vie et doit être renouvelée, ces cultures permettent de casser le cycle prairie sur prairie. Après un méteil récolté en fourrager fin avril – début mai, ces cultures fourragères montrent aussi leur intérêt sur des parcelles qui vont cumuler une quinzaine de tonnes de matière sèche sur l’année sans irrigation.
Avec un mode de fixation du dioxyde de carbone permettant un meilleur rendement photosynthétique en présence de plus de luminosité et de températures élevées que les graminées dites en C3, ces graminées dites en C4 sont normalement plus adaptées au contexte estival. En effet, dans un réseau d’essais, l’absence de différence significative entre le rendement obtenu en 2021 et celui de 2022 pour la même variété confirme cette adaptation puisque l’année 2022 était une année record avec un forte sécheresse estivale comparativement à l’été 2021 où nous avons cumulé beaucoup de précipitations.
D’un point de vue qualité, comme pour les graminées prairiales que l’on connait, la valeur alimentaire décroit avec l’avancée des stades. Aller chercher ces espèces au stade épi à 10 cm du plateau de tallage (correspondant à des sorghos d’environ 60cm de haut) pourrait convenir à des animaux à forts besoins avec environ 15% de MAT et 0.9 UFL/kgMS. Pour un compromis qualité – quantité, il faudra plutôt viser le stade dernière feuille étalée, mais dans ce cas, ce fourrage sera à réserver à des animaux avec des besoins plus modérés. Pour palier cette diminution de valeur alimentaire et notamment de valeur protéique, la question de l’association avec une légumineuses aurait tout sont sens ci cette dernière parvenait à s’exprimer auprès de ces graminées de grand gabarit. Avec une faible contribution au rendement dans les essais menés, l’hypothèse de l’amélioration de la valeur protéique n’a pas été validée.
Valorisation des cultures fourragères estivales au pâturage : programme Esti’VAL
Depuis 2023 le programme Esti’VAL a pour but d’acquérir des références quant à la valorisation des cultures fourragères estivales au pâturage. Ce programme est piloté par la Ferme Expérimentale des Bordes, financé par la région Centre Val de Loire et est composé de plusieurs partenaires dont ARVALIS, INRAE, le CIIRPO, des Chambres d’Agriculture et des lycées agricole. L’objectif est ici de comparer différentes cultures en évaluant les rendements et leur évolution au cours du cycle de la plante mais également d’évaluer le comportement des animaux face à différents stades de ces cultures en estimant leur ingestion et mesurant leurs croissances.
Les premiers résultats des plateformes 2023 sont ainsi présentés. Ce qu’il ressort de cette première année d’essai c’est que les sorghos permettent les meilleures croissances des animaux et les temps de pâturage les plus long (90 jours). La valorisation de ceux-ci est optimale tant qu’ils ne dépassent pas les 1.5 m de hauteur. Au-delà, un gaspillage important de la biomasse apparaît avec notamment les tiges qui ne sont pas ingérées (plus de 50 % de la biomasse). Le moha est une espèce assez facilement valorisable par les animaux. Le temps d’habituation de ceux-ci est plus long que dans le sorgho mais le gaspillage assez faible. Les repousse du moha peuvent être très fluctuantes selon l’année. En 2023, il a été possible de réaliser deux cycles de pâturage mais pas trois comme pour les sorghos. La valeurs MAT des mohas est assez intéressante autour de 15 % sans trop de variation au cours du cycle. Le teff grass, plante originaire d’Ethiopie, se valorise très bien avec un raisonnement identique à celui d’une prairie hormis le temps de repos entre deux pâturages. Pour valoriser au mieux cette espèces il est préférable de revenir tous les 15 à 20 jours sur les paddocks pour éviter l’épiaison. La phase la plus délicate pour cette espèce est l’implantation. Les graines sont tellement petites (0.4 g pour mille grains) qu’il est nécessaire d’avoir un travail du sol très fin avant l’implantation et de poser les graines sur le sol. C’est dans les sols sableux ou limoneux que cette espèce convient le mieux. A noter qu’il existe un risque d’arrachage de pieds au pâturage du fait de l’enracinement assez peu profond du teff grass.