Récolte 2022 des céréales à paille, colza et protéagineux
Après un début d’année sec, le manque de pluie s'est poursuivi au printemps, doublé de températures anormalement élevées. Ces conditions climatiques exceptionnelles ont conduit à une disparité inédite des rendements pour la plupart des grandes cultures. La qualité de la récolte française 2022 permettra néanmoins de répondre aux attentes des marchés.
Céréales et colza ont bénéficié de bonnes conditions d’implantation et de développement à l’automne. Si le printemps exceptionnellement chaud et sec a impacté la densité des épis de céréales, surtout en sols superficiels, le fort rayonnement a favorisé la fertilité, en particulier dans les sols profonds. Le retour des pluies début juin a contribué au bon remplissage des grains dans les zones les plus tardives. Les conditions climatiques du printemps ont altéré le potentiel de rendement de la plupart des cultures mais elles ont, en contrepartie, limité la pression parasitaire. Les récoltes de céréales à paille sont en repli de 4 % par rapport à la moyenne des dix dernières années, en raison du recul des surfaces, sauf en orge, et de rendements très hétérogènes selon le type de sol. Le colza se distingue cette année par de très bons rendements, des surfaces en progression et une teneur en huile élevée. Côté qualité, la récolte 2022 permettra de répondre aux besoins des utilisateurs sur les différents segments de marché.
Blé tendre : récolte en repli mais de bonne qualité
Selon le Service de la Statistique et de la Prospective (SSP) du Ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, la production de blé tendre est estimée à 33,9 Mt (millions de tonnes), en baisse de 3 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les régions du grand quart nord-ouest affichent toutefois des rendements proches ou supérieurs à la moyenne quinquennale. De fortes disparités locales sont observées suite aux stress hydrique et thermique, et ponctuellement, suite aux épisodes de gel et de grêle. Côté qualité, les teneurs en protéines sont élevées à très élevées au sud du pays. Sur la moitié nord, elles sont généralement satisfaisantes, autour de 11 % en moyenne, mais très hétérogènes.
Les poids spécifiques sont variables, mais restent généralement aux niveaux attendus par les marchés. Ils sont élevés à très élevés dans le tiers nord de la France. Malgré les épisodes orageux intervenus au moment de la récolte, les indices de chute de Hagberg sont compatibles avec un usage en alimentation humaine dans la plupart des cas. Les teneurs en eau des blés à la récolte sont plus basses qu’à l’accoutumée sur l’ensemble du territoire, ce qui constitue un atout pour la conservation du grain.
Blé dur : rendements contrastés et qualité satisfaisante
Avec des surfaces en baisse de près de 13 % sur un an et un léger recul des rendements par rapport à la campagne précédente, la récolte de blé dur est estimée à 1,4 Mt par le SSP, avec des contrastes régionaux marqués. Cette hétérogénéité se retrouve également sur la qualité qui est globalement satisfaisante. Ainsi, les teneurs en protéines atteignent régulièrement les 14 %, à l’exception du Sud-Est. Dans l’ensemble, les poids spécifiques sont satisfaisants ; très variables dans les bassins Ouest-Océan et Sud-Ouest, ils sont corrects dans le Sud-Est à très bons dans le Centre. Par ailleurs, la moucheture est très peu présente et le mitadinage reste limité.
Orge d’hiver : une récolte qui devrait satisfaire les besoins des marchés
La production d’orge d’hiver atteindrait 8,4 Mt en 2022, en hausse de 2 % par rapport à la moyenne quinquennale. En dépit des conditions extrêmes rencontrées au printemps, les rendements seraient supérieurs à la moyenne quinquennale dans la moitié nord du pays. Au niveau qualitatif, les teneurs en protéines sont assez homogènes et en phase avec les besoins des malteurs. Les fortes températures au moment du remplissage ont eu des effets contrastés selon le type de sol sur les poids de mille grains, les poids spécifiques et les calibrages qui sont hétérogènes, de faibles à élevés. Cette année, les orges de printemps semées à l’automne présentent des rendements et une qualité supérieure aux orges d’hiver.
Orge de printemps : rendements en forte baisse mais bons calibrages
Les orges de printemps ont particulièrement souffert des conditions climatiques de mai-juin. La production s’élèverait à moins de 3 Mt, en recul de 8 % par rapport à l’an passé et de près de 16 % par rapport à la moyenne des cinq dernières années, en raison de rendements en forte baisse. Les teneurs en protéines sont variables et souvent élevées. Les calibrages sont bons à très bons.
Colza : rendements records et très bons taux d’huile sur une grande partie des surfaces
La récolte se termine dans le Nord de la France. Les rendements moyens sont bons à très bons dans la grande majorité des régions, avec des records locaux. La production, actuellement estimée à 4,3 Mt, avec une surface de 1,2 Mha et un rendement moyen national de près de 36 q/ha, pourrait être révisée à la hausse au vu des dernières coupes. La campagne culturale s’est avérée propice au développement du colza. La faible pluviométrie a toutefois engendré des stress hydriques, notamment dans le Sud-Ouest et en Poitou-Charentes. Les épisodes caniculaires sont régulièrement à l’origine de faibles poids de mille grains et de taux d’humidité particulièrement bas, souvent inférieurs à 5 ou 6 %. Le taux d’huile moyen de la récolte 2022 devrait s’établir autour de 44,5 %, au-dessus de la moyenne quinquennale (43,2 %).
Protéagineux : situation contrastée selon les régions
Avec une surface de 145 000 ha, la récolte de pois protéagineux (hors pois issus de mélanges avec des céréales), devrait s’établir autour de 430 000 tonnes, en repli par r apport à l’an passé. Les situations sont contrastées selon les régions. La faible pluviométrie de l‘année et les épisodes de chaleur lors de la floraison ont pénalisé les pois et féveroles de printemps dont les rendements sont décevants (moins de 20 q/ha en moyenne en Poitou-Charentes et Bourgogne, autour de 27 q/ha dans les Hauts-de-France). Les variétés d’hiver, davantage présentes en proportion dans l’Est et le Bassin Parisien, ont échappé partiellement au stress hydrique. Si leur rendement est faible en terres superficielles (28 q/ha en moyenne), il dépasse 40 q/ha en terres profondes. La qualité globale des pois d’hiver est correcte et leur teneur en protéines, comme celle des pois de printemps, devrait se situer entre 22 et 23 %, dans la moyenne décennale.