Articles et actus techniques
Poitou-Charentes

Risques graminées et ravageurs en céréales : un décalage des semis possible jusqu’à mi-novembre

Décaler sa date de semis sur les parcelles à risques graminées et ravageurs aériens (pucerons et cicadelles) si le sol le permet, c’est un levier gagnant sur tous les plans ! Il s’agit en effet d’une pratique adaptée à notre contexte régional, sauf aux sols argileux et hydromorphes, en raisonnant le choix variétal.

semis de blé tendre en 2023 en Poitou-Charentes

En céréales à paille, un décalage de la date de semis permet de limiter les levées des graminées automnales dans la culture. Cette technique est d’autant plus intéressante à exploiter que le changement climatique, en accélérant les cycles de cultures, permet de ne pas dégrader le potentiel de rendement en semant un peu plus tard que les dates habituellement considérées comme optimales. Les semis précoces sont généralement plus exposés aux infestations de pucerons et cicadelles qui transmettent des virus en piquant les jeunes plantes à l’automne, même si en cas d’automne particulièrement doux, des semis tardifs peuvent subir des infestations.

Des résultats d’essais probants en blé tendre

Durant trois ans, en groies moyennes de l’Aunis, ARVALIS a testé trois dates de semis de blé tendre : un semis à date recommandée (25-30 octobre pour la variété testée (Ténor)) ; un, décalé de vingt jours environ, soit vers le 15 novembre ; un dernier, retardé d’une vingtaine de jours supplémentaires, soit le 5-10 décembre.

Sur ces trois campagnes, très différentes les unes des autres sur le plan climatique, dans ce type de sol, le semis décalé n’a, non seulement pas perdu de rendement, mais, au contraire, en moyenne, le rendement est amélioré d’environ 4 q/ha, même si cet écart est non significatif ! Un décalage supplémentaire début décembre est en revanche très pénalisant malgré le recours à une variété très précoce pour compenser le retard (figure 1).

Figure 1 : Résultats de trois années d’essais blé tendre en groies moyennes d’Aunis

Figure 1 : Résultats de trois années d’essais blé tendre en groies moyennes d’Aunis

Moins d’adventices dans les parcelles

Dans le même temps, le décalage de la date de semis permet de réduire la densité de levée des adventices, et notamment des vulpins. Cette diminution facilite la gestion du désherbage chimique et se traduit par une amélioration du résultat du désherbage en fin de campagne.

L’efficacité de cette technique est d’autant plus importante qu’elle est couplée à un ou plusieurs faux-semis.

Figure 2 : Impact de la date de semis sur la densité de levées de graminées (vulpins principalement) Résultats de 4 années d’essais blé tendre en groies moyennes d’Aunis

Figure 2 : Impact de la date de semis sur la densité de levées de graminées (vulpins principalement) Résultats de 4 années d’essais blé tendre en groies moyennes d’Aunis

Choisir les bonnes variétés

Chaque variété a une période de semis optimale qui lui permet d’éviter ou de limiter les risques de gel pendant la montaison et les risques d’échaudage et de stress hydrique pendant le remplissage. Cette période dépend du rythme de développement de la variété (précocité à montaison et précocité à maturité) ainsi que du climat de la région.

Cette technique de décalage est d’autant plus adaptée que le potentiel de rendement des variétés précoces s’améliore ces dernières années : les variétés précoces à épiaison (note de précocité 7 à 7,5) sont très bien représentées dans le top 5 du regroupement pluriannuel des variétés de blé tendre de la région.

Le choix des périodes d’implantation peut ainsi être adapté à la fois au type de sol mais en optant pour la bonne variété.

Ces stratégies de décalage de la date de semis, sont transposables aux orges d’hiver et aux blés durs (cf. préconisation choix de variétés et dates de semis).

A retenir 
En groies, des semis repoussés du 20-25 octobre au 10-15 novembre n’engendrent pas ou peu de pertes de potentiels dans le contexte climatique actuel : le décalage est même gagnant sur les trois campagnes d’expérimentation conduites dans l’Aunis. Ce décalage permet de réduire sensiblement la pression de la plupart des adventices et plus particulièrement des vulpins, facilitant ainsi la lutte chimique. Le plus souvent sur ces dates tardives, la protection contre les pucerons pourra être considérablement allégée, voire suspendue.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.