Réseau désherbage du maïs : retour sur les résultats 2022
Depuis vingt ans, le réseau régional désherbage du maïs a pour objectif d’évaluer différentes stratégies de lutte contre les adventices. Voici la synthèse des résultats d’essais obtenus en 2022.

Cette année, neuf essais (dont six valides) ont été réalisés dans le réseau. Les protocoles proposés ont eu pour objectif de répondre aux nouvelles exigences réglementaires, tout en conservant des moyens de lutte efficaces et compétitifs face à des flores mixtes d’adventices. Ils ont accordé une importance aux associations de produits de prélevée, sur l’utilisation de produits sans contraintes sur les DVP (Dispositif Végétalisé Permanent) et ZNT (Zone de Non Traitement), ainsi que sur l’approche technico-économique.
Deux types d’essais ont été mis en place : une stratégie de désherbage classique et une stratégie de désherbage mixte, combinant des interventions chimiques et mécaniques.
Carte 1: Localisation des essais validés des partenaires du réseau désherbage 2022
ARVALIS – Institut du végétal : Bastien CHOPINEAU, Edouard BARANGER, Chloé MALAVAL-JUERY, Paul-Henri SOUFFRIN, Adrien TURY, Kévin BARGOUIN, Sébastien DEFFOND et Mickaël VENOT ; Chambres d’Agriculture de l’Allier : Mickaël BIMBARD, Luc FOURNIER ; Organisme de développement : Mathieu CLOUP (UCATA – 18) ; Philippe GOUTAIN (CETA du Val de Morge – 63) ; Organisme économique : Patrice BEAUNE, Mathieu LASSALE (Limagrain – 63)
Les principaux enseignements
Les essais ont été semés entre le 10 avril et le 2 mai 2022, dans des conditions chaudes et poussantes. La quasi-absence de précipitations courant avril n’a pas été favorable à l’efficacité des herbicides racinaires de prélevée en règle générale. En revanche, les produits de postlevée, positionnés dans des conditions chaudes voire sèches, ont eu une bonne efficacité sur des adventices qui étaient en train de souffrir du stress hydrique. Les applications tardives de chloroacétamides ont pu tirer leur épingle du jeu en gagnant en persistance, mais le niveau global du désherbage classique est tout juste satisfaisant. Ce printemps a également permis des passages de herse étrille ou de bineuses dans des conditions très satisfaisantes, sans pluies après intervention, ce qui a limité les repiquages d’adventices. Les stratégies 100 % mécanique ont donc assez été efficaces, et les stratégies mixtes (particulièrement avec un désherbage classique à 6-8 feuilles du maïs) confirment leur intérêt en pluriannuel.
Zoom sur la flore rencontrée
Les flores observées cette année sur le réseau étaient variées mais représentatives de la région. Pour les essais en stratégie classique, les flores se composaient d’ambroisies, de chénopodes blancs, de daturas, de morelles noires, de panics pieds de coq, de renouées persicaires, de seneçons communs et de repousses de tournesol (en souligné : adventices présents à plus de dix plantes/m² dans les essais).
Pour les essais en stratégie mixte, les flores étaient constituées d’ambroisies, de chénopodes blancs, de mourons des champs, de renouées persicaires et de sétaires glauques.
Figure 1 : Fréquence et densité des adventices présentes dans les essais 2022
Les résultats de la stratégie de désherbage classique sur flore mixte
Cette année, l’efficacité des stratégies de désherbage classique n’est pas satisfaisante (inférieure au seuil d’acceptabilité = note de 7). Les modalités de référence en un passage décrochent (entre 4 et 6 en efficacité globale). Les stratégies de double passage en postlevée (modalité 11) obtiennent les meilleurs niveaux de performances.
En pluriannuel, les stratégies de passage en prélevée, rattrapé par une postlevée, permet de plus grande régularité sur flore graminées + dicotylédones. Dans les stratégies pré + post en 2022, les meilleures efficacités sont trouvées lorsque le chloroacétamide (ici le S-métolachlore) est apportée en postlevée (modalité 8), ce qui est cohérent au regard du climat sec au moment des applications de prélevée, ce qui conduit en général à des efficacités réduites. La modalité est tout juste au-dessus de l’acceptable.
Effectivement, l’efficacité du S-métolachlore appliqué dans le sec est très faible : son ajout sur des bases dmta-p (Isard ou Dakota) en prélevée n’a pas apporté de gain d’efficacité. L’apport de la mésotrione avec Camix a permis d’améliorer l’efficacité du programme (modalité 9) par rapport à du S-métolachlore seul, mais celle-ci reste limitée avec une note légèrement inférieure au seuil de satisfaction. Les autres modalités sont équivalentes et ne permettent pas une efficacité suffisante lors de cette dernière campagne.
Figure 2 : Efficacité globale des modalités de désherbage classique – réseau Centre / Ile-de-France / Auvergne - 2022
Figure 3 : Récapitulatif des différentes stratégies classiques 2022 : efficacité - coût/ha – Indice de fréquence de traitement (IFT) - Grammage S-métolachlore (S-MOC)
Le coût à l’hectare intègre le prix des produits phytosanitaires (références 2022), le tracteur, le matériel ainsi que la main-d’œuvre (source : barème d’entraide de la région Centre-Val de Loire 2021-2022).
Au regard de la faible efficacité des programmes dans le contexte 2022, l’optimum technique est a fortiori aussi l’optimum technico-économique. En contexte sec, la modalité 8 une efficacité satisfaisante (> 7), pour un coût déjà assez conséquent (entre 100 et 105 euros/ha). C’est également une des modalités les plus stables. Ainsi, selon le contexte de l’année, pour les parcelles à flore mixte (en l’absence de ray-grass), il peut être intéressant de retarder l’application d’un chloroacétamide (notamment le S-métolachlore qui est peu efficace dans le sec) en postlevée. Isard est quant à lui, un peu moins sensible aux applications dans le sec. Ces applications tardives ne doivent se faire qu’à condition d’être en faible pression ray-grass notamment, ces adventices ayant tendance à lever tôt dans la culture.
La modalité 11 en double passage postlevée du maïs reste une stratégie qui peut apporter une bonne efficacité, à condition d’être assez réactif et d’avoir des conditions climatiques assez favorables. Le prix de cette modalité est plus important, mais avec une post-précoce à plus large spectre.
Les résultats des stratégies de désherbage mixte
Cette année, l’expérimentation porte sur deux modules : les traitements en localisé ainsi que les combinaisons de désherbage mixte avec passage de herse étrille en prélevée ou post-précoce.
Figure 4 : Efficacité globale des modalités de désherbage mixte – réseau Centre / Ile-de-France / Auvergne - 2022
Module herse étrille
Dans le contexte de l’année, les stratégies mécaniques s’en sortent bien. Les stratégies double binage sont tout juste correctes (notes de 6,6), mais parmi les meilleures années en pluriannuel. En ajoutant un passage de herse étrille en prélevée « à l’aveugle » ou en postlevée, les efficacités dépassent alors le seuil de satisfaction, hormis dans un essai, avec une forte population de sétaires (modalité 10).
La stratégie herse étrille puis binage, rattrapée par un désherbage de postlevée à large spectre (mélange ternaire type Elumis + Peak) avant la couverture de l’inter-rang par le maïs, assure plus de régularité. Il est possible d’inverser l’ordre du binage et du passage chimique de postlevée en fonction du contexte météo (modalités équivalentes cette année). Attention à l’efficacité du dernier binage à 8-10 feuilles : en conditions d’humidité du sol trop élevée, il est possible de faire relever des adventices, sans pouvoir réintervenir derrière.
Economiquement, ces modalités de désherbage mixte (11 et 12) sont intéressantes (un peu moins de 95 euros de l’hectare) et permettent de réduire fortement l’IFT, en gardant un spectre d’efficacité assez large en l’absence de fortes populations de graminées.
Module désherbage localisé
A produit équivalent, les stratégies de prélevée en localisé sur le rang, rattrapées par deux binages, sont similaires au traitement en plein cette année. Cela peut s’expliquer par des applications de prélevée peu efficaces, contrairement aux binages en général sur les essais. La substitution d’un des deux binages par un traitement de postlevée avec Elumis + Peak ne permet pas d’augmenter sensiblement la note d’efficacité du programme. Ainsi, au niveau des indicateurs économiques et d’IFT, la modalité 6 - voire la 7 - offre un bon compromis.
Figure 5 : Récapitulatif des différentes stratégies mixtes 2022 : efficacité - Coût/ha - IFT - Grammage S-métolachlore
Le coût à l’hectare intègre le prix des produits phytosanitaires (références 2022), le tracteur, le matériel ainsi que la main-d’œuvre (source : barème d’entraide de la région Centre-Val de Loire 2021-2022).
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