Articles et actus techniques
Hauts-de-France

Pucerons et cicadelles : observer vos parcelles de céréales pour décider d’une intervention

Malgré un retour de la fraîcheur en cette troisième semaine d’octobre, soleil et chaleur ont marqué le début de l’automne 2023, favorisant l’activité des pucerons et cicadelles. Il est nécessaire de surveiller ces ravageurs vecteurs de virus dès la levée des céréales, notamment en semis précoces, via un tour de plaine régulier et le piégeage.

Piège englué avec pucerons et cicadelles observé en octobre 2023 en Hauts de France

Pucerons et cicadelles, des vecteurs de virus

Les pucerons et les cicadelles n’impactent pas directement le potentiel des céréales à paille d’hiver par leurs prélèvements de sève. Ils sont nuisibles en raison des virus qu’ils peuvent porter et transmettre aux plantes lors des piqûres alimentaires : la Jaunisse Nanisante de l’Orge (JNO) est transmise par les pucerons d’automne (principalement Rhopalosiphum padi, mais d’autres espèces comme Sitobion avenae, Rhopalosipuhm maïdis en sont également capables), tandis que le virus des pieds chétifs est transmis par les cicadelles de l’espèce Psammotettix alienus.

Les céréales d’hiver sont particulièrement sensibles aux virus durant la période qui va de la levée jusqu’au tallage.

Par ailleurs, tous les pucerons ne sont pas systématiquement porteurs de virus, mais il est difficile de pouvoir déterminer avec certitude si les populations sont porteuses ou non. La problématique est la même pour les cicadelles : l’analyse de risque repose sur l’observation directe des pucerons et cicadelles sur plantes.

pucerons

Une activité accrue par temps doux et ensoleillé

Les conditions climatiques depuis début octobre sont très favorables aux vols et à la multiplication des pucerons ainsi qu’au déplacement des cicadelles.

Figure 1 : Offre climatique à Saint-Quentin (02)
Figure 1 : Offre climatique à Saint-Quentin (02)

Pour les prochains jours, des températures plus fraîches et des précipitations sont annoncées et ralentiront sûrement l’activité des ravageurs et le déplacement des ailés MAIS les pucerons seront toujours vivants et seront de nouveau actifs à la faveur de conditions qui leur seront plus favorables.

A noter : plus les semis sont précoces, plus la probabilité que les stades sensibles des cultures coïncident avec des vols importants de ravageurs est élevée.

L’observation : la clé de la gestion de ces ravageurs

Les pucerons sont facilement visibles sur les feuilles des jeunes plantes en conditions ensoleillées. Les observations doivent être réalisées sur des séries de dix plantes (plusieurs lignes de semis), au cours des heures les plus chaudes de la journée et sur les zones de la parcelle les plus à risque (proches des haies ou de réservoirs potentiels tels que des bandes enherbées, les jachères, le maïs…).

On doit programmer une intervention quand :

  • 10 % de plantes sont porteuses d’au moins un puceron.
  • En complément, la présence de pucerons, même inférieure à 10 % de plantes porteuses, pendant plusieurs jours consécutifs peut justifier une intervention. Par le passé, des dégâts ont pu être observés dans cette situation.

Les cicadelles sont plus difficiles à observer car très mobiles. Par ailleurs, seule l’espèce Psammotettix alienus est susceptible d’être vectrice du virus des pieds chétifs. Il est plus facile de la reconnaître en utilisant des plaques engluées jaunes (nuisibilité quand une trentaine d’individus sont capturés en une semaine). Néanmoins, le fait de marcher dans la parcelle et de les voir sauter devant soi constitue un bon indicateur (observer cinq cicadelles dans cinq endroits différents de la parcelle peut justifier une intervention). Les larves dépourvues d’ailes sont également vectrices de virus et elles sont encore plus mobiles que les adultes.

 cicadelle
Cicadelle adulte observée sur plante.

Vous n’êtes pas seuls à observer ! Surveillez les publications du bulletin de santé du végétal les messages et observations des organismes économiques et de développement.

Comment intervenir suite aux observations ?

Pour rappel, il n’existe à ce jour aucune lutte directe possible contre les virus. Par conséquence, la lutte repose sur un insecticide pour traiter les vecteurs (pucerons, cicadelles).

Parmi les solutions utilisables, il n’y a que des pyréthrinoïdes. Ce sont des produits de contact, sans action préventive. Dans notre région, dans la plupart des situations, pour gérer les pucerons, une seule application insecticide, bien positionnée, est suffisante : rien ne sert de traiter trop tôt, avant le risque ! En revanche, les cicadelles sont très mobiles et la lutte a souvent une efficacité partielle. Il est donc nécessaire de poursuivre les observations et renouveler, si besoin, l’application de l’insecticide.

Bon à savoir
Pour maximiser l’efficacité des pyréthrinoïdes, il est conseillé d’utiliser un volume d’eau suffisant dépendant du type de buse utilisé :
- minimum 100 l avec des buses à fente classique ou basse pression.
- 130 à 150 l si les pyréthrinoïdes venaient à être mélangés avec des solutions herbicides nécessitant l’utilisation de buses à injection d’air (même si cette association n’est pas optimale).

Attention, le recours systématique à une voire plusieurs applications, sans prise en compte du risque réel et dans des conditions d’efficacité non optimales, est de nature à engendrer plus rapidement l’apparition de résistances.

Sur les orges d’hiver tolérantes à la JNO, une intervention insecticide n’est pas recommandée, même si la plante héberge des pucerons (sauf si présence de cicadelles à l’automne provoquant la maladie des pieds chétifs).

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.