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Orges : la mosaïque est de retour

Alors que la mosaïque restait discrète depuis quelques années, la voilà qui revient de façon plutôt marquée sur les orges d'hiver mais aussi les orges de printemps semées à l'automne. Les symptômes peuvent être observés sur l'intégralité des parcelles, avec des impacts possibles sur les rendements et la qualité.

Mosaïque sur Orge en 2022 en Centre, Ile de France, Poitou-Charentes

Les plantes au sein des zones touchées sont tassées, chétives et plusieurs étages foliaires présentent des symptômes de jaunissement, allant jusqu’à la nécrose.

Un peu de biologie

La mosaïque est transmise par un champignon du sol, Polymyxa graminis, inféodé à la parcelle et qui contamine les racines de l’orge à l’automne. Ensuite, les symptômes s’expriment seulement pendant l’hiver de mi-janvier à mi-mars.

Il existe deux types de mosaïque de l’orge :

  • Le virus de la mosaïque modérée de l’orge (BaMMV), le moins virulent, qui est apparu dans les années 1980-90. Il est moins présent car les variétés d’aujourd’hui sont résistantes à ce virus.
  • Le virus de la mosaïque jaune de l’orge (BaYMV), dont deux pathotypes existent aujourd’hui (BaYMV-1 et BaYMV-2), qui est majoritairement présent depuis les années 1990-2000.

Les variétés présentes sur le marché peuvent être résistantes ou sensibles à l’un ou l’autre, ou les deux pathotypes. Par exemple, Etincel est résistante à BaMMV et à BaYMV-1 mais pas à BaYMV-2.

La propagation du virus se fait par son vecteur, mais aussi les outils de travail du sol et l’utilisation de variétés sensibles, permettant la multiplication de P. graminis. Le seul moyen de lutte est donc d’implanter des variétés résistantes à la mosaïque.

Pour éviter la propagation aux autres parcelles de l’exploitation, il est important de bien nettoyer les outils de travail du sol lorsque l’on passe d’une parcelle infestée à une parcelle saine.

Des facteurs climatiques favorables pour cette campagne

Les mosaïques sont favorisées par un enchaînement climatique spécifique :

  • Un automne doux permettant au vecteur (micro-organismes du sol) de coloniser le système racinaire et de s’y multiplier. Plus cette période propice aux multiplications est longue, plus la charge virale sera importante : ce qui est le cas cette année, avec un mois de décembre particulièrement chaud (+2 à 3 °C au-dessus des normales)
  • Une période de froid hivernal significative. L’hiver 2021-2022 n’a pas été forcément très froid mais deux épisodes de gel, le premier, mi-janvier puis le second, début mars, ont permis l’expression de la mosaïque.
  • Côté pluviométrie, le début d’année est très sec et les quelques pluies ont tout juste permis de valoriser les apports d’azote quand ils étaient positionnés juste avant. Ces derniers jours / semaines ne présentaient pas des conditions poussantes et la mosaïque « a pris le dessus ».

Quels sont les symptômes ?

Les symptômes de la mosaïque de l'orge sont visibles de loin. Une parcelle infectée est parsemée de taches plus claires qui s’étirent dans le sens du travail du sol.

De plus près, les symptômes sont visibles sur les jeunes feuilles. Cela consiste en une marbrure plus claire du limbe de la feuille (sorte de tiret). On parle de tirets chlorotiques : ils sont répartis irrégulièrement et sont parallèles aux nervures des feuilles. Sur les feuilles plus anciennes, les taches se décolorent de plus en plus, ce qui donne cet aspect jaune au loin. Un nanisme de la culture est aussi observé. Le système racinaire est souvent également réduit.

Ces symptômes peuvent évoluer et s’estomper au cours de la montaison. Malheureusement, cette évolution n’est pas prédictible et dépend des conditions et stress rencontrés en fin de cycle. Dans certaines situations cette année, les symptômes vont jusqu’à la nécrose des feuilles.

La confirmation du diagnostic se fait par analyse virologique au laboratoire
La confirmation du diagnostic se fait par analyse virologique au laboratoire (bien demander recherche de la mosaïque jaune de l’orge (BaYMV).

Et en terme de nuisibilité ?

Côté rendement

La nuisibilité de la mosaïque sur orge d’hiver est très variable et une moyenne n’est pas représentative de ce qui peut se passer dans les parcelles cette année.

Cependant, une gamme de pertes de rendement peut être donnée : entre 0 et 30 q/ha en majorité (figure 1). Attention, les données de 2016 sont nettement impactées par les conditions de fin de cycle calamiteuses observées cette année-là.

Figure 1 : Résultats du CASDAR MOSA-HORDEUM sur la mosaïque de l’orge – Pertes de rendement en quintaux par hectare entre des zones saines et des zones contaminées dans des parcelles entre 2013 et 2016
Pertes de rendement en quintaux par hectare entre des zones saines et des zones contaminées dans des parcelles entre 2013 et 2016

Côté qualité brassicole

Pour les orges brassicoles, au-delà des pertes de rendement, se pose la question de la perte de qualité.

Sur ce volet, des analyses ont été menées dans le projet CASDAR MOSA-HORDEUM (figure 2).

Côté agriculteurs, l’impact se traduit par une perte de calibrage à la récolte et donc, des réfactions potentielles. Côté malteurs, la principale composante atteinte est le pourcentage d’extrait de malt. La teneur en protéines augmente légèrement sans impacter le cahier des charges.

Figure 2 : Impacts de la mosaïques sur la qualité
Impacts de la mosaïques sur la qualité

Quelles stratégies envisager ?

Lorsque la mosaïque est installée dans une parcelle, elle y reste !

Dans le cas des orges d’hiver

La majorité des orges d’hiver actuelles sont dites résistantes au virus de la mosaïque de type modérée (BaMMV) et à celui de la mosaïque jaune de l’orge (BaYMV) de type Y1. Or, ce virus Y1 a évolué avec l’arrivée d’un nouveau variant de type Y2. C’est pour cela que l’on retrouve des symptômes de mosaïques aujourd’hui sur des parcelles d‘orge d’hiver, résistantes à BaMMV et BaYMV de type Y1 mais sensibles à BaYMMV de type Y2.

Pour envisager le retour d’une orge d’hiver sur une parcelle contaminée, seules quelques variétés sont aujourd’hui tolérantes au virus de type Y2 : Sensation, LG Zenika ou encore Mascott. Mais aucune n’est brassicole pour le moment.

Dans le cas des orges de printemps en semis d’automne

Toutes les orges de printemps sont sensibles aux complexes de la mosaïque (tous virus confondus). Si elles sont semées à l’automne, elles seront donc également fortement exposées.

Dans ce cas, il sera difficile de revenir avec ce type de culture sur la parcelle sans prendre un risque important lié aux conditions climatiques de la campagne.

Dans le cas des orges de printemps en semis de printemps

Ces orges sont toutes sensibles, mais en semis de printemps, la phase d’incubation/multiplication qui se déroule à l’automne puis la phase d’expression des symptômes en tout début d’année sont esquivées. C’est pour cela que l’on ne retrouvera pas de symptômes sur ce type d'ogres, même pour les semis précoces de janvier.

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