Articles et actus techniques
Pays de la Loire

Maïs : une pression vers gris particulièrement élevée

Les semis de maïs sont particulièrement tardifs cette année du fait des pluies conséquentes de mars-avril qui ont retardé le ressuyage des sols : en sols de limons, la majorité s’est réalisée seulement à partir de début mai, dans des conditions de ressuyage parfois tout juste suffisantes. Les semis sont aussi échelonnés en raison des re-semis nécessaires suite aux attaques récurrentes d’oiseaux (corvidés ou pigeons) ou de sangliers sur maïs et tournesol (fréquents re-semis de maïs derrière tournesol détruits par les pigeons notamment).

Plus spécifiquement cette année, de forts dégâts de vers gris ont également nécessité de re-semer des parcelles. Pour lutter efficacement contre ce ravageur terricole, il est primordial d’agir très rapidement dès l’observation des premiers dégâts dans les parcelles.

Ver gris à côté d’une tige de maïs en juin 2023 en Pays de la Loire

Noctuelles terricoles :  quelques éléments de biologie expliquant les attaques de l’année

Deux espèces peuvent sévir sur culture de maïs : Agrotis segetum (sédentaire) et Agrotis ipsilon (migratrice). Les Pays de la Loire seraient davantage concernés par l’espèce migratrice, bien qu’une attaque par l’espèce sédentaire ne puisse être à exclure.

Dès l’émergence des papillons au printemps, les femelles pondent dans les parcelles, à la surface du sol : les trois premiers stades larvaires vont s’attaquer aux feuilles des plantes tandis que les stades 4, 5 et 6 sont terricoles et attaquent les plantes à la base du collet, entraînant une destruction des plantules. Leur activité est essentiellement nocturne. La culture est exposée aux dégâts de la levée au stade 10 feuilles.

La femelle recherchant des conditions d’humidité de sol permettant la survie des œufs, les parcelles fraîchement travaillées - réunissant des conditions d’humidité en surface plus attractives - sont plus particulièrement à risque. Ainsi, dans les conditions sèches et venteuses de cette année, les attaques ont tendance à se concentrer dans les parcelles fraîchement semées au moment des vols.

Pourquoi plus d’attaques cette année ?

Les niveaux d’attaque particulièrement marqués peuvent s’expliquer en premier lieu par les dates de semis tardives. Majoritairement groupées sur la première décade de mai, elles ont dû être concomitantes avec les vols de papillons. Les jeunes larves se retrouvent ainsi sur des parcelles présentant des plantes jeunes, donc plus exposées qu’en année normale, où la plupart des maïs sont semis en avril et plus avancés en stade à l’arrivée des papillons.

Les conditions climatiques sèches et venteuses attirent les femelles vers les parcelles présentant des conditions d’humidité favorables au développement des œufs, ce qui concentre les pontes dans certaines parcelles, lesquelles subissent actuellement de très lourds dommages.  

Reconnaître le ravageur et ses dégâts  

Les premiers symptômes d’une attaque de vers gris peuvent facilement passer inaperçus :

  • Petits trous à l’emporte-pièce sur les premières feuilles de la plantule de maïs, qui sont répartis de façon symétrique par rapport à la nervure centrale ;
  • Plantes sectionnées et/ou présence d’un large trou de plusieurs millimètres à la base du collet ;
  • Flétrissement puis dessèchement de la plante (de 4-6 feuilles jusqu’à 10 feuilles). 

La présence de larves dans les parcelles permettra de confirmer le diagnostic : la chenille est reconnaissable aux quatre points noirs disposés en trapèze sur chacun de ses segments. Elle est également caractérisée par son réflexe d’enroulement dès qu’on la touche.

Enroulement caractéristique d’une larve de vers gris lorsqu’on la touche.  Le trou à la base du collet est nettement plus large que celui causé par un taupin
Enroulement caractéristique d’une larve de vers gris lorsqu’on la touche. Le trou à la base du collet est nettement plus large que celui causé par un taupin.

Les trois premiers stades du vers gris consomment les feuilles de maïs encore enroulées. Les trous sont disposés de manière symétrique sur les feuilles, à l’emporte-pièce.
Les trois premiers stades du vers gris consomment les feuilles de maïs encore enroulées. Les trous sont disposés de manière symétrique sur les feuilles, à l’emporte-pièce.

Intervenir dès l’observation des premiers dégâts 

Les attaques de vers gris peuvent engendrer des dégâts considérables dans les parcelles si elles ne sont pas stoppées à leur début. En effet, les dégâts progressent de manière extrêmement rapide sur les parcelles.

L’intervention précoce se justifie également par la nécessité de toucher les larves tant qu’elles sont encore présentes sur les feuilles. Passé ce stade, les larves deviennent terricoles. Elles poursuivront leur développement à l’abri dans les plantes, réduisant sensiblement l’efficacité du traitement.  

Sur culture installée, les solutions envisageables se limitent à l’application d’une pyréthrinoïde autorisée pour cet usage, idéalement avec un volume de bouillie important et de préférence le soir, les larves ayant une activité majoritairement nocturne. Il est également possible de localiser l’application sur le rang pour en maximiser l’efficacité.  

Les traitements à base de microgranulés insecticides appliqués au diffuseur dans la raie de semis pour prévenir les attaques de taupins offrent également une protection satisfaisante pour contrer les attaques précoces de vers gris. Celle-ci est néanmoins limitée dans le temps à environ trois / quatre semaines.  

Pour en savoir plus, consultez la fiche accident vers gris.

Message rédigé par ARVALIS en concertation avec la CAPL, la CAVAC, la Chambre d’agriculture des Pays de la Loire, les Ets Hautbois, la coopérative d’Herbauges.

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Mot de passe oublié

Un email vous sera envoyé pour réinitialiser votre mot de passe.