Maïs : rétrospective de la campagne 2022
Les années se suivent et ne se ressemblent pas ! Comparativement aux régions alentours, les rendements en maïs grain ont été soutenus par un important épisode pluvieux fin juin. Ils sont, au final, moyens, et surtout particulièrement hétérogènes. En fourrage, après une campagne 2021 exceptionnelle, les rendements sont décevants, et la qualité n’est, en général, pas au rendez-vous. Ces chiffres s’expliquent par une sécheresse printanière qui s’est accentuée durant l’été, ainsi que plusieurs vagues de chaleur proches durant la phase reproductive du maïs.

Après un début de cycle favorable, avec des semis en bonnes conditions et des levées rapides, les conditions chaudes et sèches se sont poursuivies jusqu’en juin, apportant des orages bienvenus avant les floraisons des maïs (12 jours d’avance). Cependant, au regard des demandes évaporatives très élevées, les cultures (mêmes irriguées) ont souffert du stress hydrique, pouvant conduire à des avortements de grains. Les vagues de chaleur (notamment en juillet) ont également pu provoquer, sur les parcelles déjà stressées (phénomène accentué dans les parcelles sans irrigation et/ou ayant reçu peu de précipitations en juin, semis tardifs, …), des accidents de fécondation (plante sans épis, ou épis mal fécondés). Les rythmes d’irrigation ont par conséquent été rapprochés sur juillet pour répondre aux exigences dans cette phase critique. Au global, l’offre thermique a permis de couvrir les besoins et a engendré des récoltes de maïs à des faibles taux d’humidité, permettant une économie non négligeable pour les exploitants dans une conjoncture difficile, avec des frais de séchage à la hausse. La majorité des ensilages s’est déroulée sur août, et les récoltes de grains ont battu leur plein à partir de la deuxième décade de septembre, avec 20-25 jours d’avance.
Quels rendements ?
En Auvergne, le rendement en maïs grain s’élève à 94 q/ha, ce qui est légèrement supérieur à la moyenne des dix dernières années. Les chiffres sont très hétérogènes en réponse aux stress climatiques : en sec comme dans les secteurs irrigués, chaque hétérogénéité de sol ou d'apport d’eau – même minime - s’est traduite par un écart de rendement. Les maïs pluviaux sont évidemment les plus impactés par le stress hydrique et présentent des rendements moyens autour de 70-75 q/ha, avec une fourchette de 40 q/ha dans les sols les plus légers à 100 q/ha dans les sols de marais de Limagne et de Forterre. Concernant les parcelles irriguées, le rendement moyen est correct, de l’ordre de 105 - 110 q/ha, avec régulièrement de très bons résultats de l’ordre de 140 q/ha, mais aussi des décrochages rapides au moindre défaut d’irrigation.
En maïs fourrage, les rendements sont en revanche décevants, avec des moyennes entre 7,5 et 8,5 t MS/ha. L’année chaude a limité la mise en place de biomasse (accentuée par le stress hydrique) et engendré des ensilages précoces, certaines parcelles ayant été récoltées au-dessus du seuil de 35 % MS.
Dans le Limousin, les rendements en grain sont de l’ordre de 55 à 60 q/ha en moyenne (maïs très majoritairement pluviaux). En maïs fourrage, les rendements sont en moyenne de 10-12 t MS/ha, ce qui est en retrait d’environ 10 % par rapport aux cinq dernières années.
Carte 1 : Cumul de degrés-jours (en base 6-30°C) sur la période du 15 avril au 15 octobre 2022
Carte 2 : Précipitations cumulées entre le 1er juin et le 1er juillet 2022
Carte 3 : Ecart du déficit de pluie – ETP (en mm) cumulé de l’année 2022 avec la médiane historique (2002-2021) sur la période du 1er juin et le 15 août
Côté irrigation
En prenant l’exemple d’un sol de Limagne, avec une réserve utile de 140 mm situé à Sardon (63), la réserve facilement utilisable est épuisée dès le mois de mai. Les maïs se retrouvent alors en stress hydrique précocement (réversible à ce stade), permettant également des enracinements corrects. Le top départ des irrigations se situe autour de mi-juin. Le secteur bénéficie ensuite de fortes pluies (plus de 80-100 mm), ce qui permet de recharger les réserves en sols profonds avant les floraisons des maïs (provoquent du drainage en sols superficiels/moyens). La période d’irrigation a pu s’arrêter tôt grâce aux pluies de mi-août (quatre à cinq tours d’eau, 120 à 150 mm apportés contre 175 mm 8 années sur 10).
Dans les contextes d’alluvions sableuses du Val d’Allier (Varennes sur Allier - 03), plus superficielles (réserves utiles de 90 mm), les plantes subissent un stress hydrique précoce en mai, avant les violentes pluies de fin juin, qui, provoquent de la lixiviation d’azote en sols superficiels et moyens (recharge de la réserve utile en sols profonds). Au final, cinq à six tours d’eau ont été nécessaires pour couvrir les besoins.
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