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Bretagne

Maïs : profiter des sols humides pour gérer les ray-grass précocement

En maïs, le désherbage antigraminées se complexifie, avec la limitation de dose de certains herbicides racinaires sur parcelles très infestées, et avec les futurs retraits. Ainsi, les interventions précoces sont devenues indispensables face à la pression ray-grass en hausse. A combiner avec des passages d’outils mécaniques.

Désherbage mécanique du maïs avec bineuse en Bretagne

Le ray-grass, habituellement inféodé aux cultures d’automne, est devenu une problématique pour le maïs sur lequel le spectre d’action des antigraminées utilisables n’est globalement pas très performant. 

La difficulté avec cette adventice réside dans sa capacité à germer sur une large période de l’année. Le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs n’est globalement pas très performant. De nouveau, les programmes de désherbage reposent sur l’utilisation de produits racinaires appliqués tôt. L’intervention précoce vis-à-vis du ray-grass qui germe potentiellement tôt au printemps est essentielle.

Après un premier passage de prélevée ou de postlevée très précoce, il faudra surveiller attentivement les relevées et se mettre en mesure de ré-intervenir dès l’émergence de très jeunes ray-grass. En effet, il existe peu de possibilités de rattrapage en postlevée foliaire et les produits disponibles reposent tous sur des modes d’action exposés à la sélection de ray-grass résistants (groupes HRAC 1 et 2 – anciennement A et B). En cas de forte pression, les solutions de désherbage mécanique seront peu efficaces.

Tableau 1 : Exemple de solutions pour lutter contre le ray-grass en programme : 2 passages : pré + postlevée précoce
Tableau 1 : Exemple de solutions pour lutter contre le ray-grass en programme : 2 passages : pré + postlevée précoce

Nb : sur variété de maïs naturellement tolérante à la cycloxydime, il est également possible d’appliquer Stratos Ultra à 2 l/ha (cycloxydime – groupe HRAC 1), associé à la même dose de Dash HC, dans la mesure où les ray-grass présents dans la parcelle ne sont pas résistants à ce mode d’action. Attention toutefois, cette solution exerce une pression de sélection supplémentaire sur une flore potentiellement déjà désherbée avec des produits de même mode d’action dans d’autres cultures de la rotation.

Dans les situations à faible pression graminée, des bonnes efficacités pour les programmes mixtes chimique/mécanique

Le recours au désherbage mécanique n’est pas réservé aux parcelles cultivées en agriculture biologique. Il est tout à fait envisageable et pertinent en agriculture conventionnelle. Les programmes de désherbage qui alternent l’application d’herbicides avec des interventions mécaniques (désherbage mixte) donnent satisfaction dans la mesure où les conditions de mise en œuvre sont favorables à l’efficacité de chacune des interventions.

Facteurs de réussite des interventions de désherbage mécanique

Pour la réussite du désherbage mécanique, on sera particulièrement attentif : 

  • A la flore présente sur la parcelle : pas de vivaces, pas ou peu de datura, pression graminée modérée.
  • Aux stades des adventices : l’optimum pour le désherbage en plein (herse étrille ou houe rotative) est de viser le stade filament blanc, voire 1 feuille, pour la herse étrille, plus agressive que la houe. Pour la bineuse, les stades d’intervention sont beaucoup moins contraignants en raison de son action de scalpage. Les outils de désherbage mécanique sont néanmoins inefficaces contre les vivaces. Dans le cadre de la gestion de ray-grass, la bineuse est l’outil le plus adapté.

Tableau 2 : Efficacité des outils mécaniques
Tableau 2 : Efficacité des outils mécaniques

  • Aux stades du maïs : quel que soit l’outil, ne pas intervenir à la levée. Pour la herse étrille et la houe rotative, l’optimum est d’intervenir en plein à l’aveugle avant la levée du maïs. Pour le binage, intervenir uniquement à partir de 2 feuilles en prenant la précaution de protéger le rang aux premiers stades (jusque 4-5 F) avec des protèges-plants. À des stades avancés (7-8 feuilles), le buttage du rang aura au contraire un effet appréciable pour étouffer les adventices peu développées sur le rang.
  • Au type de sol : le choix de l’outil à privilégier est aussi en partie dicté par le comportement du sol (la herse étrille n’est pas adaptée en limons battants par exemple).
  • A l’état du sol : pas trop motteux, ressuyé, s’émiettant facilement pour favoriser le buttage du rang dans le cas d’un binage.
  • A la météo dans la période de l’intervention : temps séchant et absence de pluie dans les 4 à 5 jours suivant l’intervention.
  • Au réglage des outils : angle d’attaque des éléments, vitesse d’avancement à calibrer en fonction du stade de la culture et du stade des mauvaises herbes les plus développées sur la parcelle de manière à trouver le bon compromis efficacité sur les mauvaises herbes / sélectivité vis-à-vis du maïs.

Le temps sec est idéal pour maximiser l’efficacité des interventions de désherbage mécanique en ayant le temps d’intervenir sur de larges surfaces. Dans le cadre de l’utilisation de ces outils, plusieurs points sont à prendre en compte : le stade de la culture, le stade de l’adventice, le sol et la météo.

Les synthèses d’essais ont montré des résultats intéressants à utiliser des programmes de désherbage mixtes tant sur l’efficacité contre les adventices que l’intérêt technico-économique. Les essais ont permis d’identifier deux stratégies.

La première utilise du matériel classique avec, soit une prélevée (ou post très précoce) en plein, soit la combinaison d’un passage de herse étrille à l’aveugle puis une post très précoce. Cette deuxième option utilisant la herse trouve pleinement son intérêt cette année. Ensuite un ou plusieurs passages de bineuse permettent de maîtriser l’interrang.

Figure 1 : Stratégie avec matériel classique
Figure 1 : Stratégie avec matériel classique

La deuxième stratégie plus technique requiert du matériel spécifique pour localiser, sur le rang, le premier traitement chimique en prélevée ou en post très précoce, avant d’enchaîner un binage puis un rattrapage chimique en plein pour maîtriser le rang.

Figure 2 : Stratégie avec matériel spécifique
Figure 2 : Stratégie avec matériel spécifique

En résumé 

Envisager les stratégies très précoces qui mettent en œuvre des valorisations racinaires avant la levée des adventices et profiter des conditions actuelles d’application favorables en termes d’humidité de sol. Quelle que soit la situation, la chimie seule ne suffira pas. Il est nécessaire d’agir en amont et en combinant tous les leviers agronomiques.

Pour les autres problématiques de désherbage : retrouvez l’ensemble des préconisations dans le guide régional Choisir et décider Maïs 2023.

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