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Bretagne

Maïs : les floraisons ont déjà commencé

Dans les secteurs les plus précoces de l’est de la région, les premiers semis de maïs conduits fin avril ont débuté la floraison femelle la deuxième semaine de juillet. L’ensemble des parcelles devrait avoir atteint ce stade d’ici début août. Un premier point de repère essentiel pour prévoir la date de récolte. Le point sur l’état des cultures.

Floraison femelle du maïs en Bretagne

La floraison femelle correspond à la moitié de la parcelle avec les soies du futur épi sorties. Ce stade marque le premier point de repère pour établir une prévision du stade de récolte, notamment du maïs fourrage au stade optimum de 32 % de matière sèche. Selon la précocité et le climat, il faut compter 500 à 700 degrés-jours base 6-30°C depuis la floraison femelle pour arriver à ce stade.

Lorsque l’on parle de la floraison des maïs, on parle bien de la floraison femelle, c’est-à-dire la sortie des soies. À ne pas confondre avec l’ouverture des fleurs des panicules qui correspond à la floraison mâle. D’habitude, celle-ci précède la floraison femelle de 2-3 jours : c’est le phénomène de protandrie. Mais, dans certains cas, c’est l’inverse : on parle de protogynie. L’impact sur la fécondation est alors mineur si le pollen est émis dans les quelques jours suivants, mais il faut être vigilant à bien identifier la sortie des soies et ne pas attendre la sortie de la panicule (visible depuis l’extérieur de la parcelle).

Floraison femelle avec sortie des soies
Floraison femelle avec sortie des soies

À titre indicatif, voici quelques prévisions sur les dates de floraison femelle de plusieurs cas-types sur un sol de limon issu des modèles phénologiques ARVALIS pour orienter la période d’observation :

  • Dans le 35 et Est 56, avec une précocité classique S1-précoce : les semis de fin avril arrivent à floraison autour 10-20 juillet et les semis du 20 mai, autour du 26-31 juillet.
  • Dans le 29, 22 et ouest 56, avec une précocité S0-très précoce : les semis de fin avril arrivent à floraison autour 20-25 juillet et les semis du 20 mai, autour du 1er au 10 août.

Tableau 1 : Prévisions de la date des floraisons femelles

Pour information, l’équivalence groupe de précocité – indice FAO :
- S0-Très précoce : 150-240 indice FAO
- S1-Précoce : 240-280 indice FAO
- S2-demi-précoce : 280-310 indice FAO

Un retard de semis rattrapé en partie par les excès thermiques de fin mai-juin

Depuis plusieurs années, les semis des maïs ont lieu habituellement fin avril-début mai. Une fois de plus, chaque campagne amène son lot de surprises, avec, en 2023, une concentration plutôt autour du 20-25 mai. Néanmoins, malgré ce retard de près d’un mois, les chaleurs de fin mai et juin ont permis de le rattraper en partie.

Prenons le cas d’un maïs à Ploërmel (56), semé habituellement fin avril avec, en médiane sur vingt ans, une floraison le 25 juillet. Un semis du 20 mai fleurit habituellement en médiane le 7 août, mais en 2023, la floraison est prévue autour du 30 juillet, soit 5 jours plus tard que la médiane d’un semis fin avril (25 juillet).

En résumé 

Les excès thermiques ont permis de précocifier la floraison du maïs et réduire l’écart à 5-7 jours de retard entre un semis 20 mai 2023 et la médiane sur 20 ans d’un semis fin avril (au lieu de 15 jours de médiane à médiane).

Les semis du 20 mai vont être récoltés de manière prévisionnelle du 10 septembre (Est Bretagne en S1) à début octobre (Centre Bretagne en S0). Cette première estimation sera affinée courant août.

Figure 1 : Ecart (en jours) entre le stade 2023 (point vert) et la médiane (date médiane en blanc au milieu de la boîte à moustache) pour différents stades - cas d’une variété S1 semé au 20 mai à Ploërmel (8 jours en avance par rapport à la médiane 7 août à floraison).
figure 1

Peu de stress thermique à floraison et un état hydrique des maïs hétérogènes selon les secteurs

Contrairement à l’an dernier, les premiers maïs en floraison ne sont pas impactés par des stress thermiques (T°C max > 30-36°C). Pour les floraisons de fin juillet, il va falloir attendre que les prévisions météo s’affinent : pour le moment, les températures se maintiennent au bénéfice du bon déroulement des fécondations.

Du côté des besoins en eau, facteur limitant principal de la culture, les pluies et orages ont été plus bénéfiques à certaines et moins à d’autres.

Figure 2 : Carte des sommes de pluie entre le 1er juin et le 15 juillet 2023
Figure 2 : Carte des sommes de pluie entre le 1er  juin et le 15 juillet 2023

Attention, la carte s’établit en fonction des données de 48 stations bretonnes et ne permet pas de mettre en évidence les secteurs de quelques km² avec des précipitations plus abondandes (averses orageuses) que les villes voisines.

À l’échelle de la région, les précipitations sont inférieures à la médiane dans presque toutes les zones. Les sommes de précipitations ont été plus limitantes, notamment dans le sud-est de la Bretagne, comme c’est le cas à Ploërmel.

Figure 3 : Carte de la proportion de remplissage du réservoir utilisable (RU) pour un cas type d’un maïs précoce (S1) semé au 20 mai sur un sol de type limon sur schiste tendre (RU de 124 mm et réservoir facilement utilisable (RFU) de 83 mm) - établie au 14 juillet 2023 - modèle CHN (prise en compte du stade et des besoins de la culture, températures, type de sol, pluie, évapotranspiration (ETP)…)
figure 3

Lorsque l’ETP est inférieure à 33 % (valeur de la réserve facilement utilisable (RFU)), la culture commence à cumuler du déficit hydrique.

Dans le cas de Ploërmel, depuis le 20 mai, la réserve en eau du sol est très proche de la RFU. En 2022, l'averse orageuse du 22 juin, avec 50 mm d’eau, avait permis de ramener l’état hydrique à la fin juin dans la médiane, ce qui n’est pas le cas de 2023. La RFU a été atteint, marquant le début des déficits hydriques, le 3 juillet 2023 contre le 10 juillet en 2022 et le 18 juillet en médiane sur 20 ans.

Néanmoins, les ETP actuelles sont moins fortes qu’en 2022 à la même période. De plus, juillet 2022 était marqué par de forts stress thermiques, avec 2 jours avec des températures supérieures à 35°C et 8 jours avec des températures supérieures à 25°C, contre, en 2023, seulement 1 jour avec des températures supérieures à 30°C et 4 jours avec des températures supérieures à 25°C. Des pluies continuent également de tomber régulièrement (ralentissant depuis plusieurs semaines les chantiers de récolte de céréales), avec 23 à 36 mm dans le sud-est de la Bretagne depuis le 1er juillet (à Ploërmel, 25 mm depuis le 1er juillet 2023, contre 0 mm en 2022). Ces éléments limitent l’état de stress des maïs dans ces zones moins pourvues en eau que le reste du territoire.

En dehors de ce secteur, au 14 juillet, l’état de remplissage des sols (cas type limon schiste tendre de 124 mm de RU) est au-dessus du RFU (33 %), ce qui maintient un état hydrique correct pour le moment.

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