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Nord France

Maïs grain : prévoir de récolter pour préserver la qualité sanitaire

Les épis de maïs ont bien profité des températures élevées de septembre et début octobre pour atteindre la maturité et sécher, permettant de réduire les futurs coûts éventuels liés à la ventilation. Cependant, les prévisions indiquent un rafraîchissement et le retour des pluies : il est recommandé de sortir la moissonneuse-batteuse avant, afin de limiter les risques sanitaires, notamment le développement des mycotoxines.

Récolte de maïs grain en 2023 en Hauts de France

Compte tenu des conditions climatiques de l’été 2023, on s’intéresse au champignon Fusarium graminearum qui est susceptible de produire des mycotoxines quand il colonise les épis de maïs grain. Plus l’intensité des symptômes est forte, plus le niveau de contamination en déoxynivalénol (DON) est élevé. Notons que le niveau de DON dans le grain est règlementé en nutrition humaine, et fait également l’objet d’une recommandation en nutrition animale.

Le climat est le premier facteur de risque de contamination

Le climat frais de mars a limité le développement précoce du champignon cette année sur le Nord de la France. Le champignon s’est développé et propagé plus tard au printemps et s’est dispersé durant la phase de floraison des maïs.

A partir de la floraison, le risque de contamination augmente avec l’humidité ambiante. Le maïs grain est particulièrement sensible à la fusariose de l’épi au stade « floraison femelle » : F. graminearum pénètre dans les épis via les soies. Compte tenu des précipitations régulières et abondantes (carte 1), dans les jours/semaines suivant la floraison, les conditions sont favorables pour le développement du champignon sur les épis.

Carte 1 : Cumul des précipitations du 15 juillet au 5 août 2023
Carte 1 : Cumul des précipitations du 15 juillet au 5 août 2023

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Le risque climatique est donc bien présent cette année sur le nord de la France. Le risque réel dépend ensuite de la variété, l’état sanitaire de la parcelle et enfin de la date de récolte.

Attention au cumul des facteurs aggravant le risque !

Les insectes foreurs augmentent le risque de contamination en DON car les dommages qu’ils causent sur les épis créent des voies d’entrée pour le champignon, favorisant ainsi sa propagation. Les parcelles les plus touchées sont par conséquent les plus à risque. Le risque augmente en cas de variété sensible. L’enjeu variétal doit être pris en compte pour les classes agronomiques de risque DON (figure 1) les plus élevées : C, D et E. Les synthèses des notations effectuées dans le réseau d’évaluation des variétés de maïs en post-inscription d’ARVALIS et partenaires sur leurs comportements vis-à-vis de F. graminearum sont actualisées lorsque le nombre de données permet d’effectuer une classification fiable. Ces notations, issues de calculs pluriannuels, sont disponibles sur le site Varmaïs pour les variétés disponibles sur le marché français.

Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON dans les parcelles de maïs grain à la récolte
Figure 1 : Grille d’évaluation du risque d’accumulation de DON dans les parcelles de maïs grain à la récolte

A correspond à la classe de risque le plus faible ; et E, celle du risque le plus fort (Roucou et al 2022 & Perspectives Agricoles, septembre 2022).

La gestion des résidus est considérée comme insuffisante, avec précédent maïs et non labour ou pour tout autre précédent en cas de non-labour ni broyage des résidus. La date de récolte est considérée comme tardive à partir du 1er novembre. La présence de foreur (pyrales) est à estimer en fonction de la présence de dégâts/larve dans la tige et/ou sur l’épi.

Pour 2023, dans notre région, la lecture de la grille nous oriente vers les deux dernières colonnes de droite, avec un risque climatique élevé qui induit un classement des parcelles en C, D ou E. L’observation des symptômes dans les parcelles et la météo prévisionnelle doivent conditionner le démarrage des récoltes.

Décider de récolter : avant les prochaines pluies !

Lorsque des symptômes de fusariose de l’épi sont installés, la récolte doit être entreprise au plus tôt pour limiter la progression de F. graminearum et la production de DON. Une stratégie préventive au champ consiste à cibler les parcelles dont la teneur en DON risque de dépasser le seuil réglementaire, afin d'adapter l’ordre des récoltes.

Le jour de la récolte, il est important d’adapter la vitesse des chantiers et d’optimiser les réglages des machines de façon à garantir l’intégrité du grain sans nuire aux débits de chantier.

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