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Bretagne

Maïs : ce qu’il faut savoir pour réussir les semis

Les chantiers de semis de maïs vont bientôt commencer. L’occasion de revenir sur quelques éléments de raisonnement pour optimiser les implantations : densité, date, engrais starter et réglage du semoir.

Pour les cultures de printemps, l’implantation est une étape cruciale pour optimiser leur potentiel. Cela est d’autant plus vrai pour le maïs dépourvu de capacité de tallage pour compenser d’éventuels problèmes en début de cycle.

Le choix de la densité de semis est guidé par la précocité variétale, et celui de la date de semis, par l’état thermique du sol.  Dans certaines conditions difficiles avec un démarrage lent (sol froid…), le starter trouve son intérêt. Aussi, le réglage du semoir n’est pas à négliger pour optimiser la qualité d’implantation. L’objectif étant d’obtenir une levée rapide pour limiter la période de sensibilité aux ravageurs du sol (taupins…) et aériens (corvidés, géomyze).

Le choix de la densité est d’abord une question de précocité variétale

Le choix de la densité de semis vise à optimiser la capacité de la culture à capter le rayonnement lumineux pour son activité photosynthétique et son rendement. Le nombre de feuilles par plante est donc déterminant et dépendant de la précocité variétale. En effet, les variétés tardives possèdent davantage de feuilles par plante (environ 19 pour des demi-tardives) alors que des variétés précoces en possèdent moins (environ 15). Ainsi, plus la variété est précoce, plus il est nécessaire de compenser ce manque de feuilles par une augmentation de plantes à l’hectare.

En Bretagne, les précocités vont de S0-très précoces (centre-ouest) à S2-demi précoce (sud-est). En maïs grain, les densités peuvent être diminuées de 5 000 plantes/ha. La densité au semis est à majorer de 5 à 10 % par rapport aux chiffres annoncés dans le tableau 1, pour prendre en compte les pertes à la levée.

Tableau 1 : Densité de plantes par hectare à la récolte en maïs fourrage selon la précocité variétale
Tableau 1 : Densité de plante hectare à la récolte en maïs fourrage selon la précocité variétale

Sur des parcelles superficielles à faible réservoir en eau et sans irrigation, prendre comme référence de densité la colonne « potentiel limitant ». Au contraire, pour des sols profonds, ou avec irrigation ou secteur pluvieux, utiliser la densité de la colonne « conditions favorables ».

L’ajustement de la densité de semis en fonction du potentiel risque de stress hydrique ne doit pas dépasser 5 000 plantes/ha. En effet, les essais conduits en Bretagne sur maïs fourrage ont montré un gain de rendement lorsque l’on augmente la densité de semis. En année très sèche, ce gain est nul, mais pas négatif. En année intermédiaire à pluvieuse, le gain est positif. Ainsi, une diminution forte de la densité par rapport aux recommandations en année intermédiaire à pluvieuse conduit à une perte nette de rendement.

Figure 1 : Réponse de la densité de semis sur le rendement en fonction du niveau de stress hydrique du maïs fourrage – Essais ARVALIS avec une variété S1 en Bretagne de 2014 à 2017
Figure 2 : Réponse de la densité de semis sur le rendement en fonction du niveau de stress hydrique du maïs fourrage – Essais ARVALIS avec une variété S1 en Bretagne de 2014 à 2017

Aujourd’hui, il est impossible de prévoir la météo de l’été 2023 et le niveau de stress que vont subir les cultures durant l’été. Une réduction trop importante de la densité de semis par rapport aux recommandations conduirait à une perte nette de rendement (malgré l’économie de semences).

Choix de l’écartement : pas de contre-indication si la densité est respectée

Sur la question de l’écartement, les essais des années 80, puis les nouvelles acquisitions en maïs fourrage en Bretagne en 2014-2015, montrent que l’on peut réduire l’écartement de 75-80 cm à 50-60 cm sans impact sur le rendement. La seule condition est de conserver la densité de semis recommandée. 

Dans tous les cas, il faut veiller à obtenir une levée homogène avec une profondeur de semis à 3-5 cm homogène sur la parcelle.

La date de semis : conditionnée par les températures le jour du semis et après

L’objectif est de semer à une date permettant d’avoir un sol suffisamment réchauffé le jour du semis et les jours suivants. L’intérêt étant d’obtenir une levée rapide avec une bonne vigueur de départ, permettant de limiter la durée de sensibilité aux ravageurs et maladies du sol (taupins, pythium…) et aux ravageurs aériens (géomyze…).

La recommandation est de semer sur un sol avec une température d’au moins 10°C. Mesurer la température du sol le matin à 10 h ou le soir à 20 h pour avoir une bonne représentation de la température journalière moyenne.

À 6°C de manière continue, il faut six semaines pour que la plante lève. À 10°C, c’est seulement une semaine et quelques jours à 15°C. La qualité du lit de semences avec un bon contact terre-graine ainsi que l’humidité dans les premiers centimètres sont des éléments importants à ne pas oublier. Pour 2023, les récentes pluies permettent de maintenir un sol frais favorable à la germination.

En médiane, pour l’Ille-et-Vilaine et le Morbihan, un semis à partir de fin avril permet d’obtenir une levée en moins de 12 jours. Tandis qu’il faut attendre début mai pour le Finistère et mi-mai pour le Centre Bretagne.

Tableau 2 : Durée de levée médiane des vingt dernières années selon la date de semis et la localisation géographique (modèle phénologique ARVALIS)
Tableau 2 : Durée de levée médiane des vingt dernières années selon la date de semis et la localisation géographique (modèle phénologique ARVALIS)

A ce jour, les semis peuvent débuter fin avril sans soucis. Vigilance cependant sur les secteurs de centre Bretagne, avec des semis de fin avril davantage sensibles à une levée plus lente. Un engrais starter peut être utile dans ces conditions pour gagner en vigueur.

Engrais starter : un intérêt sur les démarrages difficiles

Dans des conditions de semis sur un sol qui n’est pas suffisamment réchauffé (semis précoces, sol frais qui peinent à se réchauffer, type de sol plus difficile à réchauffer…), l’apport d’un engrais starter à plus de probabilité d’amener un gain de vigueur et de précocité à floraison et à la récolte. Le starter rend disponible le phosphore apporté (élément peu mobile dans le sol) au plus près des racines.

Tableau 3 : Cas où une localisation du phosphore (ex. : starter) est recommandée ou non
Tableau 3 : Cas où une localisation du phosphore (ex. : starter) est recommandée ou non

L’engrais starter classique, type 18-46, est distribué par le système de fertiliseur du semoir. On cherche à placer l’engrais suffisamment près de la graine pour que les premières racines y trouvent facilement le phosphore, mais pas trop près pour éviter l’absorption trop importante d’azote sous forme ammoniacale (risque d’intoxication de la plantule). En pratique, on vise 5 cm sur le côté et 5 cm en dessous de la ligne de semis.

Essais maïs 2022 à Ploërmel (56) : effet du starter (référence) sur la vigueur et précocité à 6-8 feuilles
Essais maïs 2022 à Ploërmel (56) : effet du starter (référence) sur la vigueur et précocité à 6-8 feuilles

Sans équipement de fertiliseur localisé, le micro-granulé starter peut être utilisé. Celui-ci répartit l’engrais par le distributeur de micro-granulés insecticide. Dans ce cas, l’engrais est localisé dans la raie de semis, à côté de la semence. Toutefois, la dose de phosphore apporté est moins importante et l’effet obtenu est intermédiaire entre le starter classique et l’absence de starter.

Biostimulants : aujourd’hui pas d’intérêt démontré

Il existe de nombreux biostimulants (traitement de semences ou produits foliaires), avec des compositions et des allégations différentes. En général, les allégations ne sont pas liées à un gain de rendement, mais à une amélioration de la croissance, de la nutrition, du développement racinaire, voire un gain sur la précocité. Des résultats d’essais menés sur trois ans (2019-2021) ne montrent pas de différence significative des biostimulants avec le témoin non traité.

Visionnez le webinaire diffusé en décembre 2021 et encore valable à ce jour : 

Réglage du semoir : vidéo tutoriel pour reprendre les points de contrôle

Le réglage des éléments du semoir est indispensable pour assurer la qualité du semis. La vidéo ci-dessous reprend les différents points de contrôle :

En résumé 

Les densités de semis doivent être définies selon la précocité variétale (de 90 000 pour les variétés tardives S2 à 115 000 pour les variétés très précoces S0). Le démarrage des semis peut débuter dès lors que la température du sol est à 10°C le jour du semis (mesure faite à 10 h ou 20 h le soir) et les jours suivants. En cas de risque de levée lente, un engrais starter trouve son intérêt.

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