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Centre / Île-de-France

Implantation de céréales : bien vérifier la qualité de ses semences

Les chantiers de semis des céréales ont déjà démarré dans la région. Attention si vous utilisez des semences de ferme, il y a quelques précautions à prendre. Cela va impacter le calcul de la densité de semis.

Semis de blé tendre en 2023 en région Centre

Semences de ferme : les précautions à prendre

Utiliser des lots indemnes d’adventices et d’ergot

Certaines graines adventices se retrouvent dans les lots récoltés, en particulier le ray-grass. Il est donc important de s’assurer de ne pas resemer ces adventices.

Il en est de même avec l’ergot. Des sclérotes noirs peuvent s’observer. Si aucun tri n’est possible, le mieux est de ne pas utiliser ce lot en semences. Le tri est le seul moyen de gestion à cette étape. Aucun traitement de semences n’est efficace.

Tester votre faculté germinative au plus près de votre semis 

La faculté germinative (FG) d’un lot de semences est définie comme le nombre de plantules normales levées pour 100 grains (certains grains peuvent ne pas germer ou ne pas dépasser le stade germe). Cette mesure doit se faire au plus près du semis. En effet, elle est indispensable pour établir avec précision la densité de grains à semer par m².

Voici la méthode de contrôle de la FG (aussi utilisée par les professionnels dans les stations de semences) :

  • Prélèvement de 200 ou 400 graines (échantillonnage adapté au lot à tester).
  • Semis des graines dans du sable ou sur du papier buvard humide, et mise au froid (4-5°C) pendant 72 h, pour lever toute éventuelle dormance résiduelle.
  • Mise à température ambiante (20°C), puis comptage après une semaine. Attention à bien comptabiliser uniquement les plantules normales.

La densité de semis recommandée devra donc prendre en compte les corrections liées aux défauts de FG de la façon suivante :

formule

Choisir la bonne densité de semis

La densité optimale ne dépend pas de la variété

Les densités de semis doivent être adaptées à la date de semis, au type de sol et à l’état du lit de semences. Une trop forte densité engendre des dépenses supplémentaires en semences mais également en protection contre la verse et les maladies.

La maîtrise des intrants commence par la dose de semis

Contrairement à certaines idées reçues, les peuplements objectifs de sortie hiver sont identiques, quelle que soit la variété. Une variété à faible tallage épis n’a pas à être semée plus drue. Par contre, les types de sol et l’état du lit de semences induisent des taux de pertes et des coefficients de tallage différents dont il faudra tenir compte pour le calcul de la dose de semis.

Des pertes à prendre en compte à deux époques

Entre le semis et la levée

Le taux de pertes moyen est de 15 %. Il peut cependant être plus faible (moins de 10 %) en limons et en cas de levée rapide (sol encore réchauffé), ou plus élevé selon les conditions suivantes :

  • en conditions sèches, surtout sur des terrains argileux et des sols motteux ou caillouteux,
  • en conditions « plastiques », surtout en limons battants et en cas de risque d’excès d’eau à la levée,
  • sur les sables,
  • en cas de semis direct sur sol non labouré,
  • de façon générale, en semis tardif, après le 20 novembre (taux moyen de 30 %),
  • en cas de semis dense : autoconcurrence entre plantes.

Entre la levée et la sortie hiver

Le taux de pertes moyen est de 10 % mais peut être plus élevé (de l’ordre de 20 %) :

  • en sables ou terres argileuses,
  • en cas de semis profond (> 3,5 cm).
  • en cas de désherbage d’automne « risqué » en termes de sélectivité.

Les densités préconisées

Les densités de semis préconisées ci-dessous intègrent déjà une certaine marge de sécurité.

Rappelons qu’il vaut mieux différer un semis, en attendant des conditions d’implantation plus favorables, qu’insister pour maintenir la date de semis prévue et mal implanter la culture.

Tableau 1 : Densités de semis pour quelques types de sols (en grain/m²)
Tableau 1 : Densités de semis pour quelques types de sols (en grain/m²)

Le cas des hybrides

Les hybrides présentent des caractéristiques intéressantes, notamment en termes de rendement. Si leur optimum de densité de semis pour maximiser le rendement est le même que celui des lignées, ils nécessitent d’être semés plus clairs en raison des prix plus élevés des semences. En termes de marge, les années où le prix de vente de la collecte est élevé sont favorables aux hybrides, mais les densités de semis élevées leur sont défavorables.

Une approche technico-économique pour bénéficier de l’avantage des hybrides dans certaines situations se justifie donc. Il est nécessaire de faire son choix en fonction de la densité minimale acceptable dans la parcelle, le prix de la semence, et le gain de rendement atteignable par rapport à une lignée et le prix de vente de la récolte.

En précédent maïs, les conditions de semis ne sont pas toujours optimales pour semer à faibles densités. Il est donc difficile de mettre en œuvre la réduction de densité appliquée aux hybrides dans ces conditions.

Comment calculer la dose ?

Une fois que l’objectif de nombre de grains/m² est déterminé, il est à corriger en fonction de la faculté germinative.

La FG est en général de plus de 95 % en semences certifiées (norme commerciale 85 %) mais peut chuter en semences de ferme.

Il reste alors à convertir les grains/m² en kg/ha en tenant compte du poids de mille grains (PMG) variable entre variétés mais aussi d’une année à l’autre. Attention, une différence de 3 g dans la détermination de ce paramètre se traduit par une différence moyenne de 10 kg de semences/hectare. En semences de ferme, il est recommandé d’être particulièrement vigilants sur le PMG puisque beaucoup de petits grains peuvent être mélangés à de gros grains.

Lorsque la fin de cycle de la campagne précédente a induit des défauts de remplissage et/ou la présence de fusarioses sur épis et donc sur grains, la part de petits grains peut être très importante. Dans ce cas, le triage intensif des semences de ferme est l’étape incontournable pour assurer des lots de qualité satisfaisante et de bons taux de germination (> 85 %). Il permet de remonter les poids spécifiques et d’éliminer les petits grains fusariés incapables de produire une plantule viable. Les traitements de semences fongicides sont également primordiaux afin de limiter les risques importants de fontes au semis.

Pour calculer la dose en kg/ha : PMG x nb grains/m²/100.

Utilisez l’outil accessible en ligne « calcul de la densité de semis optimale »

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