Graminées en maïs : des conditions humides favorables au désherbage précoce
Le désherbage des graminées devient de plus en plus problématique en maïs

Depuis plusieurs années, la pression graminées augmente dans les parcelles de maïs de la région. Les échecs de désherbage ou des insatisfactions ne peuvent être imputés qu’aux seules conditions d’application plus ou moins favorables des campagnes passées.
Des analyses ont confirmé des cas de résistance sur des sétaires prélevées dans la région au nicosulfuron. Sans généraliser les situations de résistance de certaines graminées estivales au nicosulfuron, l’efficacité des programmes herbicides peut être mise à mal dans certains secteurs. De plus, le ray-grass, habituellement inféodé aux cultures d’automne, devient aussi une problématique en maïs où le spectre d’action des antigraminées utilisables n’est globalement pas très performant. Le désherbage antigraminées se complexifie avec la limitation de dose de certains herbicides racinaires en parcelle très infestée et avec les futurs retraits.
En cas de sétaires résistantes
Pour prévenir ce phénomène, il est essentiel d’alterner les modes d’action, c’est-à-dire utiliser dans le programme herbicide des produits appartenant à des groupes HRAC différents. Quand cette résistance est installée, le nicosulfuron n’aura plus d’action suffisante sur la population de graminées résistantes. Il faudra donc :
- Exclure tout recours aux inhibiteurs de l’ALS. Autre que le nicosulfuron, d‘autres inhibiteurs de l’ALS comme du thiencarbazone-méthyl/TCM (ex : Monsoon Active, Adengo Extra) montrent une certaine efficacité. Mais vigilance ! Cela peut être une solution de court terme : la cible étant la même, leur utilisation trop systématique et répétée exerce la même pression de sélection. C’est pourquoi il est fortement conseillé de a minima l’associer à changer complétement de mode d'action.
- S’appuyer sur un programme de désherbage en renforçant le premier passage avec des produits d’action racinaire. Si à l’issue de ce premier passage, la flore graminée n’est pas totalement maîtrisée (relevées tardives, mauvaise efficacité...), les solutions de rattrapage sont peu nombreuses, celles qui associent un produit racinaire à un produit foliaire sont les plus robustes.
Tableaux 1a et 1b : Exemples de solutions qui ont fait leur preuve dans les essais ARVALIS en situation de graminées estivales résistantes
En prélevée (ou en post très précoce)
1SPe1 - Pour protéger les eaux souterraines, ne pas appliquer ce produit ou tout autre produit contenant de l'isoxaflutole ou du cyprosulfamide plus d'une fois tous les deux ans.
NB : pour gagner en efficacité, il faut encore davantage d’actionner les leviers agronomiques du désherbage en amont de la culture pour éviter de se trouver dans ces situations d’impasse.
En rattrapage en postlevée sur des relevées de graminées très jeunes résistantes
PSD : Panic Sétaire Digitaire
Remarque : ces programmes reposent fortement sur l’utilisation de chloroacétamides en prélevée. L’ANSES a engagé une procédure de retrait des autorisations de mise sur le marché pour les produits contenant du S-métolachlore (comme Camix, Dual Gold…) utilisables encore les printemps 2023 et 2024. Le DMTA-p (Dakota-P, Isard…) et la péthoxamide (Juan) seront les seuls chlores alors disponibles.
Le rattrapage avec des binages successifs sur des graminées jeunes trouve aussi sa place, lorsque les conditions météo s’y prêtent.
Envisager les stratégies très précoces qui mettent en œuvre des valorisations racinaires avant la levée des adventices et profiter des conditions actuelles d’application favorables en termes d’humidité de sol. En situation de résistance, le nicosulfuron doit être proscrit. Quelle que soit la situation, de résistance ou pas, la chimie seule ne suffira pas. Il est nécessaire d’agir en amont et en combinant tous les leviers agronomiques.
Dans les situations avec ray-grass
La difficulté avec cette graminée réside dans sa capacité à germer sur une large période de l’année. Le spectre d’action des antigraminées utilisables sur maïs n’est globalement pas très performant. De nouveau, les programmes de désherbage reposent sur l’utilisation de produits racinaires appliqués tôt. L’intervention précoce vis-à-vis du ray-grass qui germe potentiellement tôt au printemps est essentielle.
Après un premier passage de prélevée ou de postlevée très précoce, il faudra surveiller attentivement les relevées et se mettre en mesure de ré-intervenir dès l’émergence de très jeunes ray-grass. En effet, il existe peu de possibilités de rattrapage en postlevée foliaire et les produits disponibles reposent tous sur des modes d’action exposés à la sélection de ray-grass résistants (groupes HRAC 1 et 2 – anciennement A et B).
Le binage est globalement peu efficace sur cette graminée.
Tableau 3 : Exemple de solutions pour lutter contre le ray-grass en programme en deux passages, prélevée + postlevée précoce
NB : sur variété de maïs naturellement tolérante à la cycloxydime, il est également possible d’appliquer Stratos Ultra à 2 l/ha (cycloxydime – groupe HRAC 1), associé à la même dose de Dash HC, dans la mesure où les ray-grass présents dans la parcelle ne sont pas résistants à ce mode d’action. Attention toutefois, cette solution exerce une pression de sélection supplémentaire sur une flore potentiellement déjà désherbée avec des produits de même mode d’action dans d’autres cultures de la rotation.
Pour les autres problématiques de désherbage : retrouvez l’ensemble des préconisations dans le guide régional Choisir et décider - Maïs 2023.
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