Comment adapter le désherbage des céréales dans les conditions 2023 ?
Les fortes précipitations perturbent les semis et le désherbage des céréales. Si une prélevée n’a pas été réalisée avant que la météo et les conditions de portance se dégradent, une postlevée « tardive » au-delà de 3 feuilles de la céréale perd en efficacité, d’autant plus que certaines matières actives efficaces ne sont plus utilisables après ce stade. Le point sur les adaptations possibles après 3 feuilles du blé.
De manière générale, face à une infestation de ray-grass notamment, les applications en prélevée sont plus efficaces qu’en postlevée précoce (à 1-2 feuilles de la céréale) : pour les mêmes produits et doses, 10 points d’efficacité séparent les 2 positionnements en moyenne dans nos essais.
De la même façon, plus une application de postlevée est décalée dans le temps (surtout après 2-3 F de la céréale), plus elle perd en efficacité du fait de graminées adventices qui se développent. Il est donc important de pouvoir passer le plus tôt possible en postlevée.
Les solutions possibles après le stade 3 feuilles des céréales
En cas d’impossibilité de passage avant 3 feuilles de la céréale, plusieurs matières actives ne sont plus utilisables après ce stade. C’est le cas du Prosulfocarbe (Défi, Roxy 800, Daiko…), Fosburi, Voltage, Battle Delta.
Le tableau 1 recense les herbicides racinaires utilisables au-delà de 3 feuilles des céréales.
Tableau 1 : Herbicides racinaires utilisables au-delà de 3 feuilles de la culture
BBCH 21 (début tallage) / BBCH 25 (mi tallage)/ BBCH 29 (fin tallage)
Il est également possible d’utiliser des antigraminées foliaires classiques (Célio, Fenova Super, etc.) en mélange par exemple avec un produit racinaire. Le niveau d’efficacité sera toutefois très dépendant du statut de résistance des populations de graminées.
L’autre solution passe par l’utilisation d’antigraminées sulfonylurées (Othello, Kalenkoa, Abak, Levto WG…). Les résultats peuvent être très bons, mais ils sont également dépendants du statut de résistance des populations. Un second inconvénient avec cette stratégie tient à la réglementation qui interdit la possibilité de refaire un inhibiteur de l’ALS plus tard en saison.
Quid en présence de ray-grass ?
Pour les parcelles avec une problématique ray-grass, l’enjeu du désherbage concerne pour le moment celles qui n’ont pas reçu de prélevée. Il faut intervenir en postlevée dès que possible. Si la postlevée intervient après 3 feuilles de la céréale, adapter les produits utilisés à la réglementation. Sans être exhaustif, voici quelques exemples de programmes avec des produits à action racinaire utilisables après 3 feuilles :
- Trooper 2,5 l + DFF solo 0,2
- Chlortoluron 1800 g (+DFF)
- Pontos 1 l
- Pontos 0,75 l + chlortoluron 1500 g
- Quirinus 1 l
- Merkur 3 l
Dans tous les cas, il faut s’attendre à une perte d’efficacité avec ces applications tardives. Pour les semis précoces (avant le 20-25 octobre) et sans labour, c’est la triple peine pour gérer les ray-grass.
Pour les semis plus tardifs, à partir du 5-10 novembre, l’effet date de semis permettra de réduire le niveau d’infestation initiale. Le labour sera également plus utilisé pour améliorer les conditions de semis, avec une efficacité indéniable sur les graminées.
Et contre le pâturin et les dicotylédones ?
Pour les parcelles avec une problématique pâturins, les solutions d’automne sont de manière générale très efficaces. Une postlevée à plus de 3 feuilles de la céréale reste efficace avec par exemple du chlortoluron. Les solutions antigraminées foliaires et racinaires à base de sulfonylurées apportent également de bons résultats.
Pour les problématiques dicotylédones, certains produits antigraminées ont un spectre antidicotylédones (voir page 15 du pdf) quand d’autres produits ont une action spécifique antidicotylédones (voir pages 24 et 25 du pdf).
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