Céréales : pas de précipitation pour les interventions de désherbage

Vigilance dans les sols filtrants, ou sensibles à l’excès d’eau et sur les semis mal enterrés

Les limons hydromorphes sont plus particulièrement exposés aux phytotoxicités d’herbicides. Sous le régime de pluies abondantes actuel, il est préférable de reporter le désherbage, d’attendre la levée et quelques jours de vrai ressuyage pour intervenir. En effet, les sols déjà bien engorgés ont tendance à se refermer. Dans ces conditions asphyxiantes, le développement est ralenti et la culture aura du mal à métaboliser les herbicides.

Après ressuyage complet des parcelles, même si la portance est là, il est préférable d’attendre quelques jours que les cultures se remettent de l’excès d’eau pour intervenir. De même, quel que soit le sol, on reportera l’application si des pluies supérieures à 20 mm par jour sont annoncées. Si, de surcroît, les températures chutent brutalement, l’apparition de phytotoxicité est quasi assurée dans un tel contexte.

Dans tous les cas, les risques de toxicité sont exacerbés sur des semis irréguliers avec des grains mal enterrés, ce qui peut être le cas au vu les conditions difficiles lors des implantations. Si plus de 10 % de grains sont positionnés en surface, on attendra que la culture soit à 3 feuilles pour désherber.

En limon hydromorphe, les cultures sont particulièrement exposées au risque de phytotoxicité – ne pas intervenir en prélevée dans les parcelles semées en mauvaises conditions et attendre quelques jours après ressuyage pour intervenir.

Attention aux associations de substances actives

Les substances actives des produits racinaires (prosulfocarbe, diflufénicanil, pendiméthaline, aclonifen, flufénacet…) sont appliquées, souvent en association, à des stades très jeunes sur des plantules fragiles et peu robustes. Le risque est de mélanger plusieurs de ces herbicides en un seul passage : il est conseillé de fractionner les applications – en fonction des produits, pour diminuer la charge sur la jeune culture.

Respecter les nouvelles règles concernant le prosulfocarbe

A compter du 1^er novembre 2023, les produits contenant du prosulfocarbe (Défi, Roxy 800, Arcade, Défi Major…) doivent respecter une distance de sécurité « riverains » (DSPPR : Distance de Sécurité vis-à-vis des Personnes Présentes au moment du traitement et des Résidents) de 20 mètres, réductible à 10 mètres s’ils sont appliqués avec des buses homologuées pour réduire la dérive d’au moins 90 %.

Les essais conduits par ARVALIS montrent que ce type de buses n’altère pas l’efficacité du désherbage d’automne. Les produits racinaires sont surtout sensibles à l’humidité du sol et aux résidus en surface, beaucoup plus qu’aux techniques d’application (type de buses et volume de bouillie). Pour les produits foliaires, hormis les produits de contact strict (ne concerne pas les herbicides céréales mais en revanche concerne les insecticides), les buses à injection d’air permettent également une qualité de pulvérisation satisfaisante avec des efficacités comparables à celles obtenues avec des buses à fente classiques.

Retrouvez les préconisations plus complètes au sujet du désherbage en région Ouest dans le guide régional Choisir & Décider - Désherbage des céréales à paille .