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Poitou-Charentes

Céréales à paille : pourquoi les feuilles jaunissent et des épis sont blancs ?

Actuellement, des parcelles de céréales sont touchées par des symptômes de jaunissement sur les feuilles et de blanchissement des épis.  Plusieurs facteurs - stress hydrique, maladies…-, combinés ou non, peuvent en être à l’origine.

Jaunissement d’une parcelle de blé tendre en juin 2023 en Poitou-Charentes

Cette année, les céréales ont été bien alimentées en eau et en azote jusqu’au 10/20 mai, permettant la mise en place de potentiels importants (fertilité des épis et biomasses floraison élevées). Mais la climatologie des quinze-vingt derniers jours (faibles précipitations, températures élevées et vent important se traduisant par de très fortes évapotranspiration) provoquent des stress hydriques, notamment en sols superficiels.

Ceux-ci peuvent être amplifiés par des dégâts de maladies des racines ou des tiges, masqués jusqu’alors par les bonnes conditions de nutrition. Leurs conséquences seront variables selon la nature de la maladie et l’ampleur du problème. Quelques clés d’observation peuvent permettre d’analyser la situation et de comprendre de quoi il s’agit.

Des feuilles qui jaunissent

Elément déclencheur le plus fréquent cette année : une cause climatique 

Les conditions climatiques de ces derniers jours, avec notamment de très faibles précipitations sur les deux tiers nord de la région (carte 1), associées à des biomasses importantes, sollicitent fortement les réserves en eau du sol, impliquant un stress hydrique de plus en plus important. Le cumul des évapotranspirations (ETP) depuis le 15 mai 2023, atteint des valeurs comparables à l’année 2022, 30 mm au-dessus de la médiane sur 20 ans (figure 1).

Carte 1 : Somme de pluie entre le 15 mai et le 3 juin 2023
Carte 1 : Somme de pluie entre le 15 mai et le 3 juin 2023

Remarque : des orages très ponctuels (fin mai à tout début juin) peuvent ne pas être pris en compte sur cette carte.

Figure 1 : Evolution des cumuls des ETP par année – Station de Niort Souche (79)
Figure 1 : Evolution des cumuls des ETP par année – Station de Niort Souche (79)

Figure 2 : Cumuls des ETP et des pluies du 15 mai au 3 juin 2023 – Station de Niort Souche
Figure 2 : Cumuls des ETP et des pluies du 15 mai au 3 juin 2023 – Station de Niort Souche

Les prévisions météo des prochains jours s’orientent sur une poursuite de ces conditions stressantes, avec des ETP comprises entre 5,2 et 5,6 mm pour les cinq prochains jours. Les orages locaux et récents ont pu atténuer cette tendance. Ces conditions accélèrent la sénescence des plantes et perturbent le remplissage des grains, notamment en sols superficiels.…

Figure 3 : Bilan hydrique issu du modèle Irré-Lis®, avec la variété RGT Cesario, semée au 20 octobre 2022, secteur Aunis, en groie moyenne (RU = 115 mm) dans laquelle la plante est entrée en stress hydrique mi-mai (croisement de la courbe bleu du déficit en eau du sol, avec la courbe rouge représentant la limite du réservoir facilement utilisable (RFU))
Figure 3 : Bilan hydrique issu du modèle IrréLis®, avec la variété RGT Cesario, semée au 20 octobre 2022, secteur Aunis, en groie moyenne (RU = 115 mm) dans laquelle la plante est entrée en stress hydrique au mi-mai

Figure 4 : Bilan hydrique issu du modèle Irré-Lis®, avec la variété RGT Cesario, semée au 20 octobre 2022, secteur Aunis, en groie superficielle (RU = 77 mm) dans laquelle la plante est entrée en stress hydrique fin avril (28/04) et a atteint le plancher de la réserve utile (RU) au stade grain laiteux
Figure 4 : Bilan hydrique issu du modèle IrréLis®, avec la variété RGT Cesario, semée au 20 octobre 2022, secteur Aunis, en groie superficielle (RU = 77 mm) dans laquelle la plante est entrée en stress hydrique au fin avril (28/04) et a atteint le plancher de la RU au stade grain laiteux

Ponctuellement, des causes biotiques responsables de jaunissement

  • photoJaunisse nanisante de l'orge (JNO) : pour cette campagne, les conditions automnales très douces et persistantes ont été particulièrement favorables à la multiplication des pucerons (pour exemple, 100 % de plantes habitées sur les essais JNO semés précocement au Magneraud (17)). Les dégâts dépendent de la taille des foyers et de l’intensité de la maladie. A l’exception des semis précoces mal protégés, les attaques sont le plus souvent limitées à des foyers fréquents mais de petite taille et de faible intensité. Les dégâts devraient rester limités.

Des épis blancs isolés ou en foyers de taille variable

Elément déclencheur le plus fréquent : la cause biotique 

  • photoPiétin échaudage : la douceur de l’automne 2022 a été favorable à la contamination des jeunes plantes. Le plus souvent dans les zones atteintes, le nombre d’épis est plus réduit, montrant que la maladie s’est installée dès l’hiver mais est restée discrète grâce à la bonne alimentation hydrique. Les conditions stressantes des derniers jours peuvent révéler les dégâts. Toute la plante est atteinte. A ce stade, une nécrose noire s’étend des racines au plateau de tallage et à la base des tiges. Elle est facilement identifiable en arrachant les plantes dont les épis blanchissent.

    Conséquence : les pertes de rendement liées au piétin échaudage peuvent atteindre 30 % dans les cas les plus graves. Toutes les espèces ne présentent pas la même sensibilité : blé dur > blé tendre > orge > triticale > seigle.

D’autre facteurs biotiques moins courants cette année peuvent expliquer ces symptômes

  • Le piétin-verse identifiable par une tache elliptique entre le plateau de tallage et le 1er nœud. Le stroma résiste assez bien au passage du doigt sur la tige. Dans ce cas, seuls un ou deux épis par plante blanchissent (bouquets d’épis blancs dans la parcelle).
  • Le rhizoctone se distingue par un aspect marbré des gaines, qui évolue en déchirure avec des tissus dilacérés, effilochés. Le mycélium présent sur les taches s’enlève facilement en frottant avec un doigt humide. Cependant, si un ou plusieurs points noirs subsistent au sein de la nécrose, il s'agit de piétin-verse, ces structures noires prises dans la tige étant les stromas du champignon. Comme pour le piétin-verse, seule les tiges touchées blanchissent.
  • Les fusarioses du plateau de tallage et/ou de la tige provoquent le blanchiment de tout ou partie de la plante selon le niveau de leurs attaques. Elles provoquent des nécroses brun/rougeâtre sur le plateau de tallage. Elles sont peu fréquentes. Dans les cas les plus sévères, elles provoquent aussi l’échaudage des épis.

Ponctuellement, une cause climatique

Il peut d’agit d’impacts de grêlons sur les tiges qui altèrent l’alimentation des épis ; en général, des symptômes sont visible sur feuilles.

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