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Ouest Occitanie

Céréales : attention aux maladies présentes sur et/ou dans les semences

Cette année, la fin de cycle des céréales à paille fut difficile sur le plan climatique. Depuis avril et jusqu’aux récoltes, des abats d’eau et orages localisés ont conduit à des dégradations des qualités technologique et sanitaire des grains : baisse des poids spécifiques, des TCH (Temps de Chute de Hagberg), présence de fusarioses, ainsi que quelques cas de germination sur pied. La faculté germinative peut également être altérée. Aussi, les semences ou le sol peuvent être contaminés par certaines maladies, entraînant des pertes de rendements, et parfois, obligeant à re-semer. Passage en revue des moyens de lutte à mettre en œuvre pour limiter les risques.

trémie de semoir remplie de semences fermières de blé tendre

Piétin échaudage

Le piétin échaudage a été observée cette année de manière importante en 2e paille sur les blés et sur les orges. Pour rappel, cette maladie tellurique est causée par un champignon provoquant une dessication généralisée des plantes, par foyers, en conditions séchantes de fin de végétation. On l’identifie également par la présence de manchons noires sur les racines. 

Comment lutter ?

L’une des mesures les plus efficaces à ce jour consiste à stopper le cycle de développement du champignon présent dans le sol par la mise en place de cultures non-hôtes mais également par une bonne gestion des adventices graminées. On favorisera les cultures de protéagineux ou oléagineux au détriment de cultures amplificatrices du champignon tels que le maïs ou encore les prairies de graminées. 

pietin échaudage
Foyers de plantes atteintes par la maladie du piétin échaudage, Gers 2023 
Source : ARVALIS

En cas d’implantation de céréales, plusieurs leviers permettent de lutter contre cette maladie.

  • Tout d’abord, la gestion des pailles du précèdent. L’exportation de ces dernières sera à favoriser et dans le cas où elles sont restituées, il sera préférable de les broyer finement avec une répartition homogène sur la parcelle.
  • Ensuite, le choix de l’espèce implantée. On classera le seigle et le triticale dans les espèces les moins sensibles, puis l’orge et enfin les blé dur et blé tendre.
  • Le décalage de la date de semis peut également diminuer la durée de contamination et de croissance du champignon.
  • Eviter le chaulage, si possible, avant l’implantation de la culture, cela impacterait la flore antagoniste du piétin. Autrement, si le pH de la parcelle est trop bas (pHeau < 5,8), il sera préférable d’éviter la culture d’orge.
  • Le traitement des semences reste également un levier non négligeable au vue des pertes de rendement que peut engendrer cette maladie. A ce jour, le traitement Latitude XL (Certis) semble être le plus intéressant, avec un gain moyen significatif de 13 q/ha.

Par ailleurs, aucune tolérance variétale n’a été mis en évidence. Le levier génétique ne peut donc pas être mobilisé pour lutter contre le piétin échaudage.

Fusarioses

La présence des champignons Fusarium graminearum et Microdochium spp. dans les semences, peut entraîner des manques à la levée et des fontes de semis préjudiciables au peuplement et au rendement.

Comment lutter ?

  • Un triage rigoureux des graines doit être réalisé en amont des semis, en particulier sur blé dur, particulièrement sensible à ces maladies.
  • Sur céréales à paille, des traitements de semences fongicides de référence contre les fusarioses des semences, permettent un gain de 40 à 60 plantes/m² et de 8 q/ha en moyenne par rapport à la même semence non traitée.

Charbon nu

Certains cas de charbon nu ont été observés au printemps dans le Gers et la Haute-Garonne. C’est une maladie sans grande gravité sur le rendement, ni sur la toxicité des lots récoltés. La transmission par la semence est la seule voie d’infection.

Comment lutter ?

Le recours à un traitement de semences efficace est fortement recommandé lorsque l’infection est avérée (via une analyse sanitaire) ou suspectée (semences provenant d’un champ - ou situé à proximité d’un champ - ayant porté des épis charbonnés).

​​​​​​​Charbon nu de l’orge
Charbon nu de l’orge, Gers 2023
- Source : ARVALIS

Ergot

Si l’ergot ne porte pas préjudice aux rendements de la culture, il présente un fort risque sanitaire par le biais de sa production d’alcaloïdes. La règlementation sur la présence de sclérotes dans les lots de céréales destinées à l’alimentation humaine ou animale a été réévaluée au 1er janvier 2022 :

  • Alimentation humaine : 0,2 g/kg (équivalent 3 sclérotes/kg).
  • Alimentation animale : 1 g/kg (équivalent 14 sclérotes/kg).
  • Lots de semences : 3 sclérotes ou fragment de sclérote/500g de semences certifiées // 1 sclérote ou fragment de sclérote dans les semences de base.

Schéma 1 : Potentiel de contamination des sclérotes d’ergot
Schéma 1 : Potentiel de contamination des sclérotes d’ergot

Comment lutter ?

  • Il est recommandés en cas de présence de sclérotes de trier minutieusement les lots contaminés.
  • Les sclérotes ont la particularité de ne pas pouvoir germer à plus de 4 cm de profondeur et de se détruire après deux ans passé dans le sol. Un labour profond, suivi de deux années de travail superficiel, pourra ainsi éviter la remontée des sclérotes.
  • Diversifier sa rotation est également un bon moyen de lutte, surtout lorsque le sol n’est pas travaillé. Puisque l’ergot contamine les graminées, il faudra éviter pendant au moins deux ans d’implanter des céréales à paille sur la parcelle, et opter pour des cultures non-hôtes (maïs, luzerne, oléo-protéagineux…).
  • La destruction des graminées adventices, et le fauchage des bordures de parcelle vont également limiter l’importance de l’inoculum secondaire.

ergot
Ergot sur blé dur, Gers 2023
- Source : ARVALIS

Carie

La carie présente à la fois de lourdes conséquences sur le plan économique (lot non commercialisable) et épidémiologique par la dissémination des spores qu’elle produit.

Elle est le plus souvent transmise par la semence par la présence de spores en surface, dans le sillon ou sur la brosse (grains « boutés »). Elle se retrouve aussi dans le sol où les spores peuvent s’y conserver pendant environ cinq ans ou plus en conditions sèches.

Comment lutter ?

  • Après une infestation de carie sur une parcelle, un labour est indispensable puis du travail superficiel l’année suivante.
  • Eviter d’implanter des blés et des épeautres les cinq années suivantes.
  • La seule lutte chimique possible passe par le traitement de semences. Son efficacité est proche de 100 % pour les meilleures solutions.
  • Attention à l’utilisation de graines de ferme. Une analyse du lot de semences est conseillée et indispensable lorsque des cas de carie ont été signalés dans un environnement proche.

Grains cariés
Grains cariés à différents stades de maturité
- Source : ARVALIS​​​​​​​

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