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Champagne-Ardenne

Blé tendre : surveiller la rouille jaune qui s'invite cette année 

Les premiers cas de rouille jaune sont signalés dans la région. En parallèle, la campagne est caractérisée par une précocité record. Quelles précautions prendre ?

foyer de rouille jaune

Le retour de conditions très humides dès le mois d’octobre, associées à un hiver doux, a favorisé le maintien de l’inoculum de rouille jaune. Puis les températures douces de la première quinzaine d’avril ont été favorables à la germination et à la dissémination des spores.

D’après le modèle CrustYello, pour les variétés sensibles et moyennement sensibles (note rouille jaune inférieure ou égale à 6), le risque d’apparition de la rouille jaune est actuellement au niveau « alerte », niveau qui précède le risque « élevé » sur l’échelle d’évaluation. A ce niveau, l’observation régulière de ses parcelles reste le meilleur moyen pour juger de l’apparition et de l’évolution de la maladie.

Carte 1 : Risque d’apparition de la rouille jaune estimé par le modèle CrustYello d’ARVALIS sur une variété de blé tendre sensible (note = 5) au 15 avril 2024

Carte 1 : Risque d’apparition de la rouille jaune estimé par le modèle CrustYello d’ARVALIS sur une variété de blé tendre sensible (note = 5) au 15 avril 2024

Pour rappel, la rouille jaune est difficile à décelée en début d’attaque : il faut rentrer dans les parcelles. La maladie apparaît principalement en foyers, les spores jaunes alignées le long des nervures étant très caractéristiques.

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Valoriser la résistance variétale et surveiller très régulièrement les parcelles

Il est important de rappeler le mécanisme de mise en place de la résistance des variétés de blé à la rouille jaune : jusque début montaison, tous les gènes de résistance ne sont pas encore actifs. Ce n’est qu’à partir du stade 1-2 nœuds et durant la montaison que certains gènes de résistance deviennent efficaces. La plupart de ces gènes sont actifs au stade dernière feuille étalée, on parle alors de résistance adulte. Ainsi, il est tout à fait possible de voir quelques pustules de rouille jaune sur des variétés résistantes au stade épi 1 cm sans impact sur le rendement final, du fait d’une mise en place progressive de la résistance.

Actuellement, la sole régionale est implantée à 60 % avec des variétés résistantes à la rouille jaune (note supérieure ou égale à 7), contre 50 % en 2014 par exemple.

Figure 1 : Répartition du panel des variétés de blé tendre cultivées en Champagne-Ardenne selon leur sensibilité à la rouille jaune
Figure 1 : Répartition du panel des variétés de blé tendre cultivées en Champagne-Ardenne selon leur sensibilité à la rouille jaune

(source : enquête répartition variétale 2023 ARVALIS)

Tableau 1 : Notes de résistance à la rouille jaune des principales variétés de blé tendre cultivées en Champagne-Ardenne

Tableau 1 : Notes de résistance à la rouille jaune des principales variétés de blé tendre cultivées en Champagne-Ardenne

Un suivi est réalisé chaque année avec analyses de souches par l’INRAE BIOGER, pour identifier a postériori les variétés contournées au niveau de leur résistance. Ces contournements annuels concernent très peu de variétés.

Quand déclencher un traitement ?

En fonction du stade de la culture et des observations réalisées, il convient de suivre les seuils ci-dessous pour déclencher une intervention.

Pour les variétés sensibles et moyennement sensibles (note < 7) :

  • Au stade 1-2 nœuds : traiter dès l’apparition des pustules dans la parcelle.
  • Au stade épi 1 cm : traiter si présence de foyers actifs. Un foyer actif correspond peu ou prou à 1 m² avec pustules pulvérulentes.

Pour les variétés résistantes (note ≥ 7) :

  • Ne pas intervenir avant le stade 2 nœuds.
  • A partir du stade 2 nœuds : traiter dès l’apparition de pustules dans la parcelle.

Si un traitement s’avère nécessaire, les strobilurines (ex. : Amistar à base d’azoxystrobine) et les triazoles (ex. : Balmora à base de tébuconazole) ont une efficacité très satisfaisante. Ces produits étant systémiques, il est nécessaire lors de l’application de viser une bonne hygrométrie pour une absorption rapide et des températures « poussantes » (8-20°C), donc éviter les applications trop tôt le matin en cas de gelées.

Les essais ont montré qu’une enveloppe de 15 à 20 €/ha était suffisante pour ralentir la progression de la maladie en début de cycle, avec un relais si nécessaire (persistance d’environ 15/20 jours).

Il faut également avoir en tête qu’un traitement à base de triazole qui s’avérerait inutile sur rouille jaune peut exercer une pression sélective sur les souches de septoriose. Ainsi, en cas de traitement indispensable, il faudra veiller à ne pas réutiliser une seconde fois la même matière active dans le programme fongicide.

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