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HAUTS-DE-FRANCE

Blé tendre exposé au sec : adapter la fertilisation azotée à la situation de ses parcelles

Les stades du blé tendre s’échelonnent principalement entre dernière feuille pointante/gonflement, avec des prévisions de l’épiaison pour mi-mai/fin mai. Les apports azotés réalisés avant le 5-7 avril ont bénéficié de cumuls de pluie suffisants, mais depuis, les conditions sèches s’installent… Quelle suite donner à la fertilisation ?

Faut-il apporter de l’azote sur blé début mai 2022 en Hauts-de-France ?

Les apports d’azote réalisés fin mars et jusqu’au 7 avril, autour du stade épi 1 cm, ont été relativement bien valorisés malgré un temps assez frais. Sur cette période, les cumuls de pluies ont été supérieurs à 15 mm dans les 15 jours suivant l’apport.

Figure 1 : Cumuls de pluie du 7 avril au 2 mai 2022
Cumuls de pluie du 7 avril au 2 mai 2022

Depuis le 7 avril, la situation se complique avec une quasi-absence de pluie sur la région.

Tableau 1 : Niveau de pluie survenue dans les 15 jours après un apport d’azote
Niveau de pluie survenue dans les 15 jours après un apport d’azote

Un potentiel des blés encore satisfaisant, mais le déficit hydrique se creuse et inquiète

Au 6 mai, les céréales présentent un bon développement végétatif, mais le déficit pluviométrique commence à se faire sentir dans les terres les plus superficielles, et aussi en sols plus profonds.

Figure 2 : Niveaux des réserves des sols estimés (sols et variétés adaptés localement) – Simulations au 3 mai 2022
Niveaux des réserves des sols estimés (sols et variétés adaptés localement) – Simulations au 3 mai 2022

Rappelons qu’un blé est capable d’endurer des carences temporaires en azote pendant la montaison sans gros dégâts jusqu’au stade dernière feuille étalée (DFE)/fin gonflement ; au-delà, des pénalités sur le rendement sont à craindre.

Après épiaison, la culture continue d’absorber de l’azote en conditions favorables, mais le rendement ne progresse pas autant que lorsque l’apport est réalisé à montaison (l’azote joue alors essentiellement sur la teneur en protéines).

A la floraison, les composantes de rendement (nombre d’épis et nombre de grains) sont fixées ; passé ce stade, un apport ne permettra pas de rattraper le potentiel de rendement perdu sous l’effet d’une carence.

L’inconnue reste évidemment la date de retour des pluies et son intensité.

Possibilité de prévoir un apport d’azote minimum, même par temps sec

A ce stade, les potentiels sont encore bons sur la région, les biomasses encore satisfaisantes, mais les niveaux d’azote absorbés tout juste corrects. Les besoins de la plante sont importants, et dans bon nombre de situations, les outils de pilotage indiquent la nécessité de réaliser un apport azoté.

Pour les situations les plus avancées (à DFE – gonflement), possibilité d’effectuer un « petit apport » dans le sec :

  • Malgré le sec, en cas de déclenchement d’outil de pilotage, il est recommandé d’intervenir en priorité sur les blés les plus avancés, en effectuant un « petit apport » (de l’ordre de 30 unités) entre DFE et gonflement afin de permettre à la plante de poursuivre son développement, en privilégiant les formes les moins sensibles (solides).
  • En cas de déclenchement élevé (> 70 unités), il est inutile d’appliquer la totalité de la dose, il est plutôt conseillé de fractionner : une première partie apportée rapidement, et le solde apporté entre gonflement et début épiaison (en fonction des conditions climatiques à venir).

Pour les situations moins avancées (3 nœuds - dernière feuille pointante), il y a moins d’urgence : il est encore temps d’attendre une dizaine de jours (jusqu’à fin gonflement autour du 15-20 mai) pour décider de mettre l’intégralité de l’apport conseillé, y compris en petites terres et ce, grâce aux profils des variétés cultivées aujourd’hui. L’idéal étant évidemment de pouvoir bénéficier de conditions pluvieuses pour une valorisation optimale de l’azote.

Privilégier les formes solides, moins sensibles aux conditions climatiques

A noter que certaines formes d’azote sont moins sensibles à la volatilisation en conditions sèches, comme l’ammonitrate. La solution azotée y étant plus sensible, privilégier alors les apports tôt le matin ou en soirée qui bénéficieront d’une humidité au sol plus importante.

Et les engrais foliaires ?

Quant aux engrais foliaires, rappelons que si le manque de pluie pénalise l’absorption des engrais au sol, il impacte aussi souvent l’absorption foliaire (stress hydrique, faible hygrométrie…). Ils ne sont pas mieux valorisés que l’ammonitrate, et présentent un même niveau d’efficacité (1 kg d’azote foliaire = 1 kg d’azote d’un apport au sol sous forme d’ammonitrate), et nécessitent les mêmes conditions de pluviométrie. L’eau est un facteur plus limitant que l’azote dans le sec, ce qui rend l’emploi de ces produits très limité.

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