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Champagne-Ardenne

Blé tendre : diagnostiquer la présence de mosaïques par des analyses en laboratoire

Dans certaines parcelles de blé tendre, sont observées des zones avec des symptômes aux nuances de couleur jaunâtre, de manière éparpillée. Les analyses de plantes contaminées indiquent qu’il s’agit de mosaïque des céréales (VMC).

Des feuilles de blé attaquées par la mosaïque des céréales (VMC) au printemps 2023 en Champagne-Ardenne.

VMC : facteurs de contamination, de développement et symptômes

Sur céréales, différents types de virus de mosaïques peuvent être diagnostiqués : ce sont des maladies virales transmises aux plantes par le biais d’un micro-organisme du sol, Polymyxa graminis. Celui-ci joue le rôle de vecteur, en colonisant le système racinaire des plantes durant des périodes de douceur automnales et hivernales. Ces conditions sont particulièrement propices à la réalisation de plusieurs cycles de contamination et à la diffusion du virus. Ensuite, l’alternance avec les périodes de froid (ou gel) hivernales vont engendrer le transfert du virus du système racinaire vers les feuilles. Les conditions observées cet automne et cet hiver ont donc été favorables au développement de mosaïques.

La mosaïque des céréales (VMC, ou SBCMV en anglais) est le virus de mosaïques que l’on rencontre principalement dans notre région sur blé tendre d’hiver (hors craie). Et plus spécialement dans les limons battants et limons hydromorphes.

Les symptômes, à l’échelle parcellaire, présentent deux principales caractéristiques : de grandes plages touchées sur plusieurs dizaines de mètres carrés (différents des petits foyers type jaunisse nanisante de l’orge (JNO)/pieds chétifs), s’étirant dans le sens du travail du sol, avec sur feuilles, une alternance de taches suivant un gradient allant du vert à un jaune plus clair (photos 1a, 1b et 1c).

Photos 1a, 1b  et 1c: Symptômes de mosaïque à l’échelle parcellaire
Photos 1a, 1b  et 1c : Symptômes de mosaïque à l’échelle parcellaire

Dès mi-tallage, il est donc possible d’observer des zones en bandes ou en ronds dans la parcelle, pour lesquelles les plantes sont chétives et présentent une croissance et un tallage réduits, en plus du jaunissement des feuilles. La période d’apparition des symptômes se situe également à début montaison : des tirets chlorotiques répartis irrégulièrement sur les feuilles sont observables sous forme de mosaïques et parallèles aux nervures (photos 2a et 2b), contrairement aux symptômes observés lors de carences. Ces symptômes peuvent éventuellement s’estomper durant la montaison, jusqu’à épiaison : cependant, leur évolution va principalement dépendre des conditions météorologiques et des stress engendrés en fin de cycle.

Photos 2a et 2b : Symptômes de mosaïque observés sur les feuilles
Photos 2a et 2b : Symptômes de mosaïque observés sur les feuilles

Une particularité du VMC est un nanisme important lors de l’épiaison pour les plantes infectées. La réalisation d’une analyse en laboratoire s’avère cependant primordiale, car il n’est malheureusement pas possible de distinguer les virus de mosaïques à partir d’une simple observation à l’œil nu.

Comment bien faire un prélèvement pour analyse ?

Selon le laboratoire d’analyse, les consignes de prélèvement peuvent varier. Certains ont uniquement besoin d’une dizaine de feuilles symptomatiques et jeunes, tandis que d’autres demandent de prélever une plante entière (avec racines) et de la terre à proximité du point de prélèvement.

Progression de la maladie à l’échelle de plusieurs parcelles

Seul un vecteur, Polymyxa graminis en l’occurrence, est responsable de la diffusion du virus. Présent dans le sol, il ne peut être transmis que par un transfert de terre, d’une parcelle à une autre. C’est aussi pour cette raison que les taches semblent aller dans le sens du travail du sol. Les modes de transmission, identifiés jusqu’alors, sont les outils utilisés au champ, l’eau ou le vent. Ainsi, il est fortement recommandé de nettoyer correctement les outils de travail du sol avant de se rendre dans une parcelle saine, lorsque l’on a la connaissance d’avoir travaillé une parcelle contaminée au préalable. D’autant plus qu’il n’y a actuellement aucun moyen de lutte contre Polymyxa graminis. Une fois infestée, la parcelle l’est quasi définitivement. Cependant, des solutions existent pour lutter contre le virus.

Nuisibilité de la maladie et moyens de lutte

Sur blé tendre, les dégâts dus au virus de la mosaïque des céréales peuvent être importants, selon la diffusion au sein de la parcelle, le type de sol et le climat de l’année. Une relation a été établie entre le nanisme des plantes et le rendement : plus le nanisme est important et plus le rendement en grains va diminuer. Au niveau des références dans les essais, 40 % de nanisme sur une variété aura pour conséquence de diviser ce rendement par deux environ.

Sur une parcelle touchée, il sera donc judicieux d’évaluer l’étendue des dégâts et d’ajuster l’investissement en intrants (apports d’azote et de fongicides) sur la culture, compte tenu du niveau de pertes déjà établi. Le moyen de lutte existant à l’heure actuelle est l’utilisation de variétés résistantes aux mosaïques ou « complexe mosaïques », critère spécifié dans les fiches variétales (regroupant à la fois le VMC, et également le VSFB, virus de la mosaïque des stries en fuseau du blé). Cela limite la multiplication du virus au champ, rendue possible lors de l’utilisation successive de variétés sensibles et par la propagation du vecteur par les outils de travail du sol. La proportion de variétés de blé tendre résistantes au VMC, inscrites au catalogue variétal, est d’environ 20 %.

La date de semis peut également être un levier, à efficacité cependant moins marquée que le levier variétal. La précocité de semis va allonger la fenêtre automnale durant laquelle les conditions favorables à la diffusion du virus peuvent se présenter. Ainsi, des parcelles semées plus tardivement peuvent présenter moins de symptômes du virus.

La rotation permet également de diminuer le stock du vecteur dans le sol : l’implantation de blé sur blé favorisera donc la présence du Polymyxa graminis. Associée à l’utilisation de variétés sensibles au virus, cela aura pour effet de favoriser la multiplication de celui-ci.

Les autres virus de mosaïques rencontrés sur blé tendre ou d’autres céréales

Comme cité précédemment, le virus de la mosaïque des stries en fuseau (VSFB, ou WSSMV en anglais) est également présent sur blé tendre : les dégâts observés sont souvent plus faibles que ceux causés par le VMC, d’autant plus que la majorité des variétés y sont résistantes.

Sur orge d’hiver, peut être observé le virus de la mosaïque jaune de l’orge (VMJO, ou BaYMV en anglais), suivant deux pathotypes : le pathotype Y1, pour lequel toutes les variétés inscrites sont résistantes, et le pathotype Y2, pour lequel seulement certaines le sont (KWS Oxygene, KWS Splendis ou encore LG Zenika). Sur orge de printemps, il n’y a actuellement pas de variété résistante à ces pathotypes Y1 et Y2. Si l’orge est semée au printemps, les conditions propices à la contamination par le virus et à l’expression des symptômes ne sont souvent pas réunies. Cependant, si le semis est réalisé à la fin de l’automne, les conditions de contamination et de multiplication des virus le sont davantage.  Autre virus rencontré sur orge : la mosaïque modérée (VMMO, ou BaMMV en anglais). BaYMV et le BaMMV semblent être les principaux virus de mosaïque qui concerne cette espèce, même si le VMC peut être parfois signalé.

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