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Bretagne

Blé tendre : attention au risque maladies

En blé tendre, les parcelles sont majoritairement au stade 2 nœuds, ou très bientôt. C’est le moment de penser à sa stratégie fongicide, selon la sensibilité des variétés semées. D’autant plus que, depuis mars, les maladies foliaires ont pu se développer à la faveur des températures douces et des pluies fréquentes. Voici quelques clés de raisonnement.

Symptômes de septo sur feuille de blé
A retenir :
• L’enjeu de rentabilité du T1 sur blé tendre vis-à-vis de la septoriose est de 3 q/ha.
• L’impasse T1 reste la règle encore cette année pour les variétés tolérantes (note >= 6,5), le premier traitement pour lutter contre la septoriose peut attendre le stade de dernière feuille étalée.
• Pour des variétés tolérantes à la septoriose (note>= à 6,5), la nuisibilité moyenne en année à forte pression septoriose est en moyenne de 10 q/ha (moyenne réalisée sur les années à forte pression septoriose : 2008-201 -2023).
• Pour les variétés sensibles à moyennement sensibles à la septoriose, un T1 sera nécessaire entre 2 nœuds et DFP. En l’absence de rouille jaune, utiliser des solutions à base de soufre - phosphonates de potassium - folpel ou triazole.
• La rouille jaune est discrète pour le moment, mais la surveillance est de mise, en particulier sur variétés sensibles. Pour rappel, en sa présence, à partir du stade 2 nœuds, réaliser une intervention à base de triazole ou strobilurine.
• Le risque rouille brune est potentiellement fort cette année, du fait des températures excédentaires depuis les semis.
- A partir du stade 2 nœuds et en présence rouille brune : une intervention à base de tébuconazole ou de prothioconazole + strobilurines aura les meilleures efficacités.
- A partir du stade dernière feuille étalée : en cas de présence de rouille brune, choisir une solution efficace sur septoriose et rouille brune à base de SDHI complétées avec une triazole solo ou triazole + strobilurine, ou Qii (fenpicoxamide).

Des conditions humides en mars, mais un inoculum septoriose moins important en 2024 !

photoPour les variétés sensibles et moyennement sensibles, les feuilles basses des plantes sont déjà bien marquées par des taches de septoriose sur blé.

La météo des semaines passées a été très favorable au développement de la maladie : les pluies d’averses orageuses répétées, souvent intenses, permettent au champignon de progresser mécaniquement du bas vers le haut de la plante. Lorsqu’un nouvel étage foliaire est contaminé, la maladie incube dans les tissus foliaires sans symptômes visibles au départ. Le temps doux réduit ce temps d’incubation et accélère les cycles de contamination.

Le modèle Septo-LIS® permet d’évaluer le risque septoriose à l’échelle régionale et à la parcelle. Par comparaison, au stade 2 nœuds +7 jours sur les trois dernières années, pour une variété sensible, il montre que le niveau d’inoculum en Bretagne est moins important au printemps 2024, par rapport à 2023 et 2022 (cartes 1 à 3), pour des dates de semis « normales » ; sachant que pour les parcelles de blé sont semées plus tard comme cette année (fin novembre – décembre), le risque est moindre.

Cartes 1 à 3 : Comparaison des niveaux de risque entre années à stade équivalent et non pas à date calendaire évalués avec le modèle Septo-LIS® – Précocités et dates de semis normales départementales                                      

Au-delà de la présence moins forte de l’inoculum en 2024, ce sont les conditions météorologiques après le stade 2 nœuds qui vont dicter la pression de l’année.

Au-delà du risque régional, voici le niveau de risque septoriose pour quelques situations représentatives de Bretagne :

  • Un risque fort témoigne de la nécessite d’intervenir avec un T1 si cela n’a pas encore été fait.
  • Pour les parcelles avec une variété moyennement sensible semée fin novembre, un T1 sera nécessaire mais pas pour le moment. Celui-ci sera positionner proche de dernière feuille pointante (DFP), avant d’être repris par un T2.

Tableau 1 : Niveau de risque septoriose sur plusieurs stations bretonnes, avec une variété peu sensible (Chevignon) et moyennement sensible (Rgt Sacramento), selon la date de semis

Tableau 1 : Niveau de risque septoriose sur plusieurs stations bretonnes, avec une variété peu sensible (Chevignon) et moyennement sensible (Rgt Sacramento), selon la date de semis

Pour les variétés sensibles ou moyennement sensibles qui doivent bénéficier d’un traitement entre les stades 2 nœuds et DFP :

  •  Les triazoles sont associés à un produit de contact pour renforcer leur efficacité sur septoriose. Le soufre - folpel ou phosphonate de potassium étant des fongicides multisites, ils présentent un risque de résistance limité.
  • Un T1 100 % biocontrôle est également possible à base de soufre et de phosphonate de potassium.

La rouille jaune reste discrète pour le moment

Dans les parcelles, la rouille jaune reste discrète à ce jour. Quelques variétés présentent des symptômes :  Celebrity, Campesino, Grimm, RGT Sacramento. Cependant, l’évaluation du risque par le modèle CRUSTY indique un risque plus fort que l’année dernière. La surveillance est de mise dans les parcelles avec les conditions météorologiques favorables au développement de la maladie dans les prochains jours (arrêt des pluies, élévation des températures). En présence de rouille jaune à partir du stade 2 nœuds, réaliser une intervention à base de triazole ou strobilurine.

Des conditions favorables à la rouille brune

Les premières pustules de rouille brune sur blé ont été observées ces derniers jours dans la région. Comme pour beaucoup de maladies, les conditions de températures sont déterminantes sur le développement des rouilles. Pour la rouille brune, la période hivernale est en quelque sorte une période d’amplification du risque d’épidémie au printemps : pendant l’hiver, l’inoculum se reconstitue après une période estivale qui décime généralement les populations. Pour survivre pendant l’été, le champignon doit trouver refuge sur les repousses de blé avant de contaminer à nouveau les semis d’automne.

La campagne en cours est marquée par un excédentaire thermique depuis le 1er novembre entre +5 à +12 % par rapport à la médiane, ce qui est un facteur favorable au développement de la rouille brune. Il est donc important d’observer les parcelles dans les semaines à venir.

En cas de présence de rouille brune, quels sont les moyens de lutte ?

La protection vis-à-vis de la rouille commence à partir du stade 2 nœuds ; avant, elle n’est pas nécessaire.

A partir du stade 2 nœuds, une intervention à base de tébuconazole ou de prothioconazole + strobilurines aura les meilleures efficacités à ce stade.

A partir du stade dernière feuille étalée , il est impératif de choisir une solution qui aura une bonne efficacité vis-à-vis de la septoriose et de la rouille brune. Pour ce faire, plusieurs combinaisons sont possibles, des associations à base de SDHI complétées avec une triazole solo ou triazole + strobilurine, ou Qii (fenpicoxamide).

Tableau 2 : Quelques exemples de solutions sur blé tendre efficaces sur septoriose + rouille brune au stade dernière feuille étalée pour une nuisibilité moyenne de 15-20 q/ha

Tableau 2 : Quelques exemples de solutions sur blé tendre efficaces sur septoriose + rouille brune au stade dernière feuille étalée pour une nuisibilité moyenne de 15-20 q/ha
Pour en savoir plus 
• Consulter le guide régional Choisir et Décider – Blé tendre Intervention de printemps.
• Evaluer, en complément, le risque parcellaire à l’aide du « Baromètre Maladies du blé tendre », proposé en accès libre. Cet outil permet également de caractériser le risque de l’année à la parcelle pour le cortège des maladies du blé tendre.

Vigilance à ne pas confondre des maladies avec des taches physiologiques ou virales

Les amplitudes thermiques avec des matins frais et après-midi chauds et ensoleillés, comme ce qui a pu être rencontré fin mars sur certains secteurs, peut amener à faire apparaître des taches physiologiques. Ces taches sont une réaction de la plante à un stress oxydatif mais sans impact sur le rendement. Toutefois, elles peuvent être confondues avec de la septoriose.

La répartition des taches physiologiques est plus intense sur le haut que le bas de la plante. Ce qui est l’inverse pour la septoriose ; de plus, les symptômes sont homogènes sur l’ensemble de la parcelle.

Des premiers foyers de JNO (jaunisse nanisante de l’orge) peuvent également être rencontrés sur blé, avec un jaunissement par le bout des feuilles. A distinguer des taches physiologiques qui sont réparties de manière homogène sur la parcelle.

Bien distinguer ces différents symptômes virales ou physiologiques des symptômes de maladies foliaires. En cas de doute, mettre les feuilles dans une bouteille fermée avec un peu d’eau et attendre quelques jours à température ambiante pour observer l’évolution des symptômes : en cas d’évolution et de présence de pycnides ou pustules, la présence de septoriose ou rouille jaune peut-être confirmée.

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A gauche et au milieu : taches physiologiques, avec haut des feuilles le plus marqué et de manière homogène sur la parcelle sans présence de pycnides ou pustules. ​​​​​ A droite : symptômes de JNO en foyers, quelques plantes avec un jaunissement de la pointe des feuilles vers progressivement la base.

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