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Blé dur : que retenir de la campagne 2022-2023

Retrouvez le bulletin ABDD n°10 qui propose un bilan de la campagne 2022-2023, avec un focus sur les résultats des variétés de blé dur et les préconisations pour les prochains semis.

Epis mûrs de blé dur au champ

Cinq grandes périodes ont marqué la campagne 2022-2023 :

  • Une fin août / début septembre arrosée dans l’Hérault, le Gard, la Vallée du Rhône et les Alpes-de-Haute-Provence.
  • Un mois d’octobre particulièrement sec partout, qui a poussé certains agriculteurs à attendre pour semer.
  • Un retour des pluies à partir de fin octobre sur le nord Gard et sur la Vallée du Rhône (au-dessus d’Avignon) et à la Toussaint partout ailleurs. Cela a perturbé les semis encore non réalisés, en Vallée du Rhône principalement.
  • Une sécheresse intense de début janvier jusqu’à mi-mai qui a provoqué des régressions de talles très importantes, impactant partout le rendement final. Les valorisations des apports d’azote très compliquées ont poussé beaucoup d’agriculteurs à faire l’impasse sur l’apport qualité, avec comme issue des grosses problématiques de mitadin.
  • Des orages incessants de début mai jusqu’à la moisson qui ont permis le remplissage, mais également provoqué de la verse sur le nord Camargue et des problématiques fusariose sur les Alpes-de-Haute-Provence.

Il est à noter que la sécheresse qui a sévit dans la région est historique : la période d’octobre à début mai a été la plus sèche depuis ces 50 dernières années à Narbonne, Béziers, Montpellier, Nîmes et Arles. Sur ces secteurs, il n’est tombé que la moitié de la pluviométrie normale, voire moins.

Ce climat a eu un fort impact sur la physiologie des blés. Au niveau de la fertilité des épis, des problématiques sont observés partout et sont en grande partie responsables de la perte de rendement cette année. En absence de gel méiose et en présence d’un rayonnement suffisant à floraison, il semblerait que la sécheresse soit l’unique cause de ce problème de fertilité.

Les rendements sont nettement à la baisse par rapport à la moyenne, bien qu’hétérogènes.

Les points de vigilance pour la prochaine campagne

Des attaques de zabre ont encore eu lieu sur certains secteurs de la région mais avec moins d’importance que l’année dernière. Un essai mis en place en 2022 par ARVALIS réaffirme l’importance d’utiliser un traitement de semences sur des parcelles à risques avec un historique d’attaque.

Très peu de fongicides ont été réalisés en 2023 : sur beaucoup de parcelle rien n’a été fait. Sur nos essais, la pression maladie a causé une perte moyenne de 6 quintaux/ha, soit 11,6 % de perte de rendement par rapport aux cultures traitées. Une protection du feuillage, à dernière feuille étalée ou au plus tard à floraison si les conditions sont vraiment sèches et la variété tolérante, est rappelons l'indispensable ; peu importe les conditions.

Des attaques importantes de nématodes ont eu lieu, notamment dans le Gard, mais aussi dans les Alpes-de-Haute-Provence et le Vaucluse. Il n’y a aucun traitement contre ces ravageurs, mais des moyens existent pour réduire le risque l’année prochaine.

Côté pucerons, des dégâts de viroses ont été observés un peu partout en région. Il est important, d’autant plus que le semis est réalisé tôt, de faire un suivi de ses parcelles. Pour vous aider, des pièges chromatiques peuvent être disposés afin de déclencher l’observation sur la parcelle. La surveillance doit être réalisée dès le semis jusqu’à l’arrivée de températures négatives.

En cas d’utilisation de semences de ferme, il est primordial de trier correctement les semences utilisées (ne pas utiliser des lots fusariés) et de les faire traiter (au minima contre fusariose et carie).

La densité de semis doit être également augmentée par rapport à des semences certifiés (+ 30 %). Cette année, avec les problèmes de fusariose présent dans les Alpes-de-Haute-Provence, il est fortement déconseillé pour les agriculteurs de ce secteur de faire de la semence de ferme.

En 2022, il valait mieux semer plus tôt dans le sec car la météo à partir de fin octobre a tourné au vinaigre, bloquant les agriculteurs jusqu’en décembre/janvier sur certains secteurs. Certes un semis plus précoce de mi-octobre peut être moins beau qu’un semis de fin octobre, mais il sera toujours plus beau qu’un semis de décembre/janvier !

Quid des résultats d’essais variétés 2023 ?

Dans le regroupement des cinq plateformes d’essais en Méditerranée, on observe une tendance à ce que RGT Voilur et RGT Belalur soient au-dessus des autres variétés en termes de rendement sans que cela soit significatif.

Juste derrière se trouve la variété Rocaillou, nouveauté de l’année, qui montre un bon potentiel.

En termes de préconisations, la variété récente RGT Belalur est largement recommandée, et cela dans tous types de conditions. Elle peut se positionner sur les mêmes terres qu’Anvergur. La variété Canaillou est aussi à positionner partout, hormis peut-être sur des terres séchantes où elle pourrait perdre ses talles. La nouveauté Rocaillou semble intéressante, à tester sur des terres intermédiaires à profondes.

Pour en savoir plus, téléchargez le bulletin ABDD n°10
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