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Blé au stade 2 nœuds : attention au risque septoriose

Le stade 2 nœuds est déjà là pour les parcelles de blé tendre les plus précoces. C’est le moment d’évaluer le risque septoriose dans ses parcelles, et de surveiller l’évolution des symptômes au champ. Cette analyse permettra d’adapter sa stratégie fongicide en fonction de la situation. Voici quelques éléments d’estimation à prendre en compte pour cette campagne.

Tache de septoriose (septoria tritici) sur feuille de blé en 2024 en Limagne

Des conditions climatiques largement favorables au développement précoce de la septoriose

Les cumuls de pluies entre le 1er octobre 2023 et le début montaison sont nettement supérieurs à la moyenne sur vingt ans pour l’ensemble de la région, avec quelques nuances entre les secteurs : +150 à +200 mm pour l’Île-de-France, +100 à +150 mm pour le Centre, environ +100 mm en Limagne et supérieur à 250 mm dans le Limousin. Coté températures, les écarts observés par rapport à la moyenne sur vingt ans (base 0°C), sont comprises entre +275°C et +350°C pour la majorité de la région, avec quelques situations supérieures à 350°C.

Quelles que soient les zones, les excès d’eau et de températures sont largement favorables au développement précoce de l’inoculum des maladies, dont celui de la septoriose, et les pluies enregistrées en mars sont propices à la contamination sur les feuilles de blé.

Carte 1 : Ecart de précipitation (mm) entre le 1er octobre 2023 et le 31 mars 2024 par rapport à la moyenne sur 20 ans : sud Île-de-France, Centre-Val de Loire, Auvergne et Limousin
Carte 1 : Ecart de précipitation (mm) entre le 1er octobre 2023 et le 31 mars 2024 par rapport à la moyenne sur 20 ans : sud Île-de-France, Centre-Val de Loire, Auvergne et Limousin

Carte 2 : Ecart des températures (°C) entre le 1er octobre 2023 et le 31 mars 2024 par rapport à la moyenne sur 20 ans : sud Île-de-France, Centre-Val de Loire, Auvergne et Limousin
Carte 2 : Ecart des températures (°C) entre le 1er octobre 2023 et le 31 mars 2024 par rapport à la moyenne sur 20 ans : sud Île-de-France, Centre-Val de Loire, Auvergne et Limousin

Observer pour décider

Si les conditions climatiques sont favorables à la septoriose, il n’est pas pour autant nécessaire de déclencher systématiquement un traitement dès le stade 2 nœuds pour plusieurs raisons :

  • A partir de ce stade, le niveau de risque septoriose dépend essentiellement de la régularité des précipitations jusqu’à la fin de la montaison. Les températures interviennent, quant à elles, sur la rapidité de sortie des symptômes, et donc le risque de recontaminations. Ce sont les conditions climatiques sur cette période qui seront déterminantes pour la nuisibilité finale.

    Précaution de l’année : la quantité d’inoculum est importante au regard des conditions climatiques récentes, la montée de la septoriose pourrait potentiellement être rapide.
  • Les variétés aujourd’hui cultivées dans la région montrent globalement un bon niveau de résistance à la fois à la septoriose et à la rouille jaune. Associées aux observations et à l’utilisation d’OAD (Outils d’Aide à la Décision), ces variétés peuvent permettre de s’affranchir d’un premier traitement. C’est le traitement à la sortie de la dernière feuille qui est primordial.

    Précaution de l’année : la résistance aux maladies s’érode inévitablement avec les années de mise en culture.  En année à forte pression, cela peut potentiellement être surexprimé. La surveillance est de mise !

Pour déterminer l’intérêt ou non d’une intervention en début de montaison, il est donc nécessaire de s’appuyer sur des observations dès le stade 2 nœuds et d’estimer le niveau de pression à l’aide des prévisions météo, des informations contenues dans les BSV, ou des OAD. Au stade 2 nœuds, c’est la feuille F2 déployée du moment qui doit être observée car elle correspond à la F4 définitive. Le but de la protection fongicide est en effet de protéger les trois dernières feuilles définitives, les plus importantes pour l’élaboration du rendement.

Pour plus d’informations, consulter les BSV chaque semaine :
• Centre
• Île-de-France
• Auvergne
• Limousin

Figure 1 : Identification de la septoriose et seuils de traitement

Figure 1 : Identification de la septoriose et seuils de traitement

Source : ARVALIS

En cas de doute, consultez les fiches accidents d’ARVALIS.

Prioriser les observations en fonction de la sensibilité des variétés

L’anticipation du risque commence par connaître la sensibilité de ses variétés à la septoriose. Les notes de résistance variétale sont actualisées chaque année. Ces grilles sont consultables dans les guides régionaux Choisir et Décider - Blé tendre - Variétés et interventions d’automne.

Figure 2 : Résistance des variétés de blé tendre à la septoriose (Septoria tritici)

Figure 2 : Résistance des variétés de blé tendre à la septoriose (Septoria tritici)

Les variétés assez résistantes et peu sensibles à la septoriose le sont rarement au stade plantule. En effet, la résistance s’acquiert au cours de la montaison : c’est pour cette raison qu’à ce stade nous pouvons observer des symptômes sur une variété peu sensible. C’est également pour cette raison que les seuils d’interventions (décrits plus haut) sont différents entre une variété sensible et une variété peu sensible. La résistance variétale à la septoriose s’évalue surtout sur F1 et F2 définitives (éventuellement F3). La vigilance est de mise !

Aujourd’hui, que disent les OAD ?

Les observations, réalisées dans le cadre du Bulletin de Santé du Végétal (BSV), indiquent que la pression en septoriose est en forte augmentation. La maladie s’installe sur les étages supérieurs et le risque prévu par les modèles (OAD) est en hausse. Des simulations réalisées avec une variété moyennement sensible (note septoriose de 6) indiquent un risque fort pour les premiers semis de début octobre, moyen pour les semis du 15-20 octobre et faible pour les semis de novembre.

Globalement, on note un risque fort pour les variétés sensibles ou moyennement sensibles et un risque faible pour les variétés peu sensibles à résistantes. La prise en compte de la date de semis sera primordiale pour évaluer le risque de sa parcelle.

Utilisez le baromètre maladies du blé tendre, outil en accès libre, afin d’avoir un aperçu du risque « maladies » pour quelques variétés cultivées dans nos régions. Les modèles ARVALIS sont également accessibles via d’autres outils. L’objectif des OAD est de déclencher ou non une protection précoce. 

Quelle stratégie de protection au stade 2 nœuds ?

L’impasse à 2 nœuds devient la règle pour les variétés assez résistantes à peu sensibles à la septoriose (note ≥ 6,5) et en l’absence de rouille jaune. Pour les autres variétés, c’est le pilotage par un OAD ainsi que les observations qui décideront d’une intervention ou non courant montaison selon la date d’apparition de la septoriose.

Figure 3 : Clés de décision en fonction des situations

Figure 3 : Clés de décision en fonction des situations

Source : ARVALIS

Quels produits choisir pour une protection précoce ?

Chaque année, des essais sont conduits par ARVALIS pour évaluer l’efficacités des fongicides.

Figure 4 : Propositions de programmes en T1 pour une variété moyennement sensible ou très sensible à la septoriose

Figure 4 : Propositions de programmes en T1 pour une variété moyennement sensible ou très sensible à la septoriose

Les produits cités dans nos programmes ne sont pas exclusifs et les combinaisons proposées non exhaustives.

La gestion responsable des fongicides doit passer par l’alternance des modes d’action, et intervenir uniquement si c’est nécessaire.

Consultez tous nos programmes dans les guides régionaux Choisir et Décider – Traitements et interventions de printemps des céréales.

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